lundi 8 juillet 2013
It is a Revolution, not a coup !
"C'est une révolution, pas un coup d'État".
C'est ce que scandent mes amis égyptiens, depuis le 30 juin, et ce, sans cesse.
Difficile à croire pour des yeux d'Occidentaux. Après tout, l'armée a bel et bien renversé Morsi et ses Frères Musulmans, contre toutes attentes.
Est-ce que je vais en Égypte en Septembre ?
Je continue de dire "On verra".
Je garde la tête froide et je laisse aller la Révolution. Après tout, l'Égypte a le droit de s'indigner.
Alors, est-ce une révolution ?
Quand 33 millions de gens sortent dans les rues et refusent de bouger pour réclamer le départ d'un président qui n'est pas à la hauteur, c'est effectivement une révolution.
Une révolution, ce n'est pas calme. Il n'y a qu'ici, au Québec, où l'on a fait la révolution tranquille, comme vous le savez.
Après une longue dictature, une tentative d'endoctrinement de la droite ultra-conservatrice, beaucoup de pauvreté qui s'est prolongée dans le temps, et un manque flagrant de ressources pour nourrir le peuple, on peut difficilement continuer d'être patient.
Morsi, au lieu de s'occuper de redonner de la sécurité au peuple égyptien, au lieu de chercher des moyens de redonner espoir à ses citoyens, au lieu de s'occuper de redonner à l'Égypte du lustre et du coffre, a préféré s'occuper de modifier la constitution à l'avantage de son parti. Il a décidé de détourner la révolution de 2011 à ses propres fins.
Là, des groupes malveillants s'affrontent sous tous les prétextes, laissant croire à une guerre civile en devenir. On est encore loin de la guerre civile, mais il faut tout envisager. L'armée est accusée. Les Frères Musulmans sont accusés. Les Anti-Morsi sont accusés. Personne ne sait vraiment qui sont les véritables fauteurs de troubles. C'était prévisible. Dans une révolution, il y a du chaos.
Dans une révolution, il y a des moments difficiles.
Il y a des gens "pro" et des gens "contre".
Il y a du sang, des larmes.
Des gagnants et des perdants.
Oui, ainsi va la vie.
Mais dans une révolution, il y a aussi de grandes joies. Il y a de l'immensité.
Maintenant, réfléchissons un peu... Est-ce que l'Égypte aurait pu utiliser des moyens plus démocratiques pour se débarrasser de Morsi ? Peut-être. Mais la mobilisation pacifique du 30 juin a montré beaucoup d'espoir pour le peuple. De l'espoir, et de l'implication. Car oui, le 30 juin, c'était pacifique. Le tout a dégénéré hier, le 7 juillet.
Il est long et ardu de bâtir une véritable démocratie, par ailleurs. Pour qu'une démocratie existe, des partis de l'opposition doivent exister. L'Égypte commence à peine à s'organiser. En 2012, lors des élections, Les Frères Musulmans restaient à ce jour la seule organisation bien rodée en Égypte. Sous Mubarak, ils œuvraient dans l'endoctrinement et les investissements communautaires. Puis, Mubarak n'étant plus là, le chemin était libre pour le chemin politique. Ils n'étaient pas le choix du cœur. Ils ont été le choix de la raison... Le choix par défaut.
Maintenant, les Égyptiens veulent plus. Ils veulent s'en sortir. Ils veulent aspirer à un avenir. Ils veulent qu'on parle d'eux internationalement dans les mêmes termes que l'on utilise pour vanter la Turquie, émergente et plus moderne.
Les Égyptiens ont faim d'avancement, de reconnaissance, de modernisme.
Ils veulent de l'emploi.
Ils veulent avoir la possibilité d'obtenir un visa pour visiter l'Australie, la France, le Canada, ce qui n'est pas chose facile ces jours-ci.
Ils veulent l'égalité des sexes.
Les femmes sont sorties dans la rue, comme les hommes. Les petites femmes voilées se sont mêlées à à celles non-voilées. Les Chrétiennes aux Musulmanes. Elles scandaient :"Go out, Morsi!", en chœur.
Leurs voix n'étaient qu'une seule. Une seule voix forte et fière.
Et dire que les Occidentaux pensent souvent que les femmes voilées sont soumises et idiotes.
Qu'elles suivent le mari ou le fiancé. Qu'elles n'ont pas d'opinion, pas d'idéaux.
C'est tout faux.
Un être humain est un être humain, peu importe son sexe, sa culture, ses choix religieux.
Et les femmes, dans cette révolution, font avancer les choses. Elles donnent une force et une humanité au mot "révolution". Elles permettent de la couleur là où le gris devrait prédominer.
Mon amie Hend était sur Place Tahrir avec ses amis et amies.
Elle m'a permis d'utiliser ses photos pour vous montrer le sourire de la révolution.
Je vous les partage, car vous ne verrez pas ces images à la télé. Non... À la télé, on ne montre que les tueries. Le sang. Les armes et les cris.
On ne montre que des images qui donnent la chair de poule.
On a toujours l'impression que la troisième guerre mondiale est commencée, quand on zyeute les nouvelles.
Alors voici de l'espoir brut, rien que pour vous.
" It is a Revolution, not a coup", qu'ils disent.
Merci Hend pour tes photos tellement évocatrices de votre joie.
Je ne vous souhaite pas de guerre civile. Je vous souhaite d'avancer.
C'est votre tour et votre chance.
:)
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire