Dans une semaine, à cette heure, je serai à Montréal, dans mon petit hôtel d'aéroport, fébrile, prête à partir.
Je le mérite. J'ai décidé que je le méritais.
Aujourd'hui, je veux vous parler de mes états d'âme. Avis à eux qui ne s'y intéressent pas. Vous pouvez quitter cette page dès maintenant et mon violon n'affectera ni votre sommeil ni votre fin de semaine qui poindra sous peu à l'horizon.
Alors voilà. Comment vous raconter combien je me fous de ne pas plaire à tout le monde. Non, personne ne m'a attaqué cette semaine. Je vous en parle parce que ça m'est venu à l'esprit, là, comme ça. Parce que je sais qu'on ne fait jamais l'unanimité.
2014 a été rough and tough pour moi. Je ne m'en cache pas. Du stress pour des raisons personnelles dont je ne parlerai pas ici, un changement d'emploi qui dans d'autres circonstances se serait passé de façon plus fluide, mais qui tombait à un bien drôle de moment dans ma vie, un été rocambolesque dans mon entourage immédiat, bien d'autres tracas, dont un doute lié à un possible cancer du sein, qui s'est avéré complètement faux après coup (Dieu merci!)
2015 commence aussi difficilement. Je suis en grosse crise de sinusite depuis le 21 décembre. Je le sais, parce que mes symptômes ne sont jamais légers lorsque je suis en crise. Depuis le début de l'année, je passe de migraine en migraine, de conjonctivite en conjonctivite, mon nez est gavé de cortisone. Le Sinus Rince est mon plus cher ami. Et en plus, ce qui n'aide pas, ma maison est en chantier et il y a de la poussière de gypse partout. On a beau laver le plancher, tant que le travail n'est pas terminé, nous sommes condamnés à vivre dans la poussière. Ça n'aide pas à guérir mes pauvres sinus bloqués, ça! J'en suis rendue à l'acupuncture tellement les traitements traditionnels ne donnent rien.
Donc je considère mériter mes vacances. J'ai besoin d'un ressourcement profond.
Le moral est là, le positivisme est là, la motivation à passer un excellent 2015 est là.
Et les vacances me motiveront à garder le sourire.
Et oui, dans une semaine, je serai à Montréal, à un cheveu de m'envoler vers Istanbul via Amsterdam.
J'ai tellement hâte d'être dans "ma ville"! Même si je n'y serai pas longtemps. Mon aventure sera principalement égyptienne, cette année. J'en suis bien heureuse. J'adore l'Égypte, un des berceaux de l'humanité.
J'ai quelques commentaires, messages et pensées à passer, ici. Juste comme ça. Parce que ça me le dit.
Je ne veux pas nécessairement être comprise, je veux juste m'exprimer. L'adolescente rebelle sans l'être que j'incarnais a disparu il y a au moins quinze ans. À 35 ans, je considère bien me connaître moi-même, et si ma personnalité est raboteuse par endroits, je m'en fous comme de l'an quarante, maintenant. Chose que je ne savais pas faire à l'adolescence.
Comme ce blog est public, vous avez le droit de me découvrir un peu.
Alors...
On me dit souvent, en parlant de mes voyages des dernières années: "Bah! Tu vas toujours aux mêmes places". Ça me fait bien rire. Ce n'est pas que je n'aime pas le "ailleurs" et croyez-moi, sans cette salle de bain, c'est vers le Brésil que je m'apprêterais à m'envoler, avec ma sœur (ce n'est que partie remise!)
Mais je ne voyage pas nécessaire pour les lieux. Je le fais surtout pour les gens. Donc cultiver mes amitiés exotiques est un très grand plaisir pour moi. Oui, je vais souvent aux mêmes endroits. Ça a l'air de déranger certaines personnes! Ben dormez tranquille, moi ça me va très bien.
Vous savez, je suis une personne qui assume vraiment ce qu'elle est. Je suis loin d'être parfaite, et si j'aime les conversations remplies d'argumentation, je ne discute pas pour avoir raison mais plutôt pour la forme, la polémique. J'aime les gens d'opinions, qui ne veulent par "preacher" ou convertir, mais plutôt s'ouvrir à des points de vue variés. Je ne détiens pas la vérité absolue, mais je n'aime pas la fermeture d'esprit. Je m'intéresse à moult choses, qui surprennent parfois. Je sais vivre avec moi-même. Je ne suis pas blessée facilement et ça fait longtemps que je ne cherche plus à plaire à tous. Si j'ai une personnalité qui n'est pas accessible à tout le monde, je n'y peux rien. On a souvent pensé que mes goûts peu typiques ne servaient qu'à flasher. Ceux qui me connaissent vraiment savent que je ne suis plus "contraireuse" depuis l'adolescence et que je ne suis pas une "bluffeuse". Je dérange un peu? C'est vrai. Je dérange de par mes convictions, certaines de mes habitudes et plusieurs de mes goûts. Et vous savez quoi ? Je m'en balance. Je ne suis pas là pour avoir raison ou tort, ni pour être mieux qu'une autre parce que je parle turc et espagnol et que j'ai fait le "Kurdistan" en solo. Je suis ainsi parce que ça me plait. Parce que ça fait partie de moi. Ceux qui n'aiment pas ceci n'ont qu'à quitter ma route. Je ne ferai pas de compromis pour vous garder car je n'ai pas besoin d'amis; j'en ai déjà amplement et de véritables.
Pour ce qui est de mes choix, ils n'appartiennent qu'à moi. Si ça inquiète les gens que je voyage en ces temps de tourment, je vous remercie de vous inquiéter. Ne croyez pas que je suis inconsciente de ce que je fais. Je suis d'une prudence assez déconcertante. S'il m'arrive quelque chose, ce ne sera pas par manque de prudence. Et si l'intégrisme dont on parle tant dernièrement devrait être une bonne raison pour moi d'éviter certains pays, je crois qu'il est encore plus risqué de visiter les pays ciblés par les groupes malveillants à la mode de l'année 2015.
Et pourquoi je suis moi, hein ? C'est à dire, pourquoi je voyage ainsi? Pourquoi j'apprend des langues? Pourquoi la moitié de mes amis sont d'ailleurs? Pourquoi je ne m'offusque pas de certains concepts qui font peur à l'Occident et pourquoi ne suis-je pas patriote?
C'est tout simple. Je voyage principalement pour quatre raisons et dans cet ordre de priorité: Les gens, les langues étrangères, la nourriture et les panoramas qui ont peuplé mes lectures et visionnements. Il est donc normal que j'aille passer deux semaines chez une amie en Égypte dans un coin non touristique, que j'ai vécu des années durant au Mexique dans une petite maison d'un quartier bizarre d'une ville en plein désert, que je parle un espagnol "norteño" et un turc comique, parce que j'arrête pas de m'amouracher de certains accents, de certaines musicalités propres à des langues précises, à la poésie de certaines langues, que j'arrête pas de parler de bouffe dans ce blogue, que je répète et répète et répète les saveurs découvertes en voyage dans mes propres plats et que je sois plus excitée à l'idée de voir l'Île d'Akdamar et Nafplio que de visiter le Parthénon et le Taj Mahal (que je visite quand-même, anyway!).
L'amitié, c'est comme un coup de foudre. Je recherche personnellement des gens ayant de fortes personnalités, des opinions et des goûts assumés. Je ne recherche pas toujours des petits clones de moi-même. J'aime beaucoup les féministes, mais j'ai découvert que le féminisme n'a pas toujours le visage dont on s'attend. Le féminisme peut être dans la conviction d'une femme qui ne veut pas d'enfant, et j'en ai quelques unes autour de moi. Ça prend du courage de le dire haut et fort quand elles se font questionner sur leur âge et leur petite famille de deux (adultes). :) Le féminisme peut être aussi dans les traits d'une femme voilée. Oui, il y a (plusieurs) femmes voilées qui sont carriéristes, qui sont indépendantes de fortune, célibataires, backpackers comme moi et qui portent le voile parce qu'elles le veulent bien, et non pas parce qu'un père, un amoureux ou un gouvernement les y obligent. J'en connais personnellement. Suis-je pro voile pour autant? Plusieurs m'accusent de cela. Mais en fait, je ne le suis pas vraiment. Cependant, je ne passe pas ma vie à harceler mes amies voilées pour essayer de comprendre. Je préfère parler de leurs vrais problèmes, et partager leurs vraies joies. Je ne vois pas ce voile lorsque je suis avec elles. Il n'a jamais été un enjeu pour moi.
Maintenant, ce qui cause la plus grande controverse dans mon entourage: Pourquoi ne suis-je pas patriote? En fait, je ne suis pas anti-patrie. Je n'ai ni honte d'être Québécoise ni honte d'être Canadienne. Je suis heureuse de nos beaux succès et triste lors de nos épreuves nationales. Mais depuis la plus tendre enfance, je me suis ouverte sur le monde. De douze ans à vingt ans, j'ai correspondu avec des dizaines de jeunes de mon âge de partout: Inde, France, Côte-d'Ivoire, Pérou, Italie, Australie, États-Unis. J'ai quitté le nid familial à seize ans pour déménager au Mexique. Je ne suis pas patriote car je suis depuis longtemps une citoyenne du monde. Je suis de ceux et celles qui n'aiment pas trop les frontières, qui ne fait pas trop de cas des barrières linguistiques, religieuses et alimentaires. Je suis comme ça. Je n'y peux rien. C'est ancré en moi depuis que je suis jeune. Je n'ai pas peur d'être dépaysée et de ne rien comprendre. Suis-je fière d'être Québécoise? Je dirais que je suis chanceuse d'être Québécoise, plutôt. Ma véritable fierté, c'est de voir que nous sommes tous les mêmes, dans le fond. Est-ce que je critique le Québec? Oui, de la même manière que je critique la France ou le Mexique ou les Gringos. Est-ce que j'ai une identité québécoise? Je crois que oui. Mais je n'y pense pas souvent. Plus jeune, beaucoup de gens ne comprenaient pas cet aspect de ma personnalité. On disait que j'aimais "dénigrer mes racines", que je ne savais pas "apprécier ce qu'on avait ici", que mes convictions étaient "pour flasher".
Mais non.
Pas vraiment, non.
Et je n'ai pas à le prouver non plus. Si seulement vous pouviez voir le monde une seule journée avec mes yeux, vous pourriez probablement comprendre comment ce monde est tout petit pour moi. Tout petit, plus simple qu'il n'en a l'air, et moins épeurant aussi.
Voyager n'est pas une finalité pour moi. C'est une route comme une autre. Le chemin ne me semble pas plus complexe pour me rendre à Istanbul ou New Delhi que pour me rendre au Nouveau-Brunswick, à Montréal ou dans le Maine. En ce sens, je vais souvent à Istanbul, comme d'autres se louent un chalet à Charlevoix une semaine par année. Le coût est le même. L'idée de décrocher est la même. Les bienfaits sont probablement similaires. Non, il n'y a pas de mauvais voyages. Il y a de mauvais voyageurs. On a les aventures qu'on mérite. Comme tout processus de vie, le voyage se prépare. On voyage à l'intérieur de soi-même, si on ose se le permettre. Sinon, on se contentera de se déplacer, sans pour autant grandir et saisir l'opportunité de ce que le monde a à nous apporter.
Mon voyage intérieur est bel et bien commencé, via ce billet entre autre. Je crois que je grandirai cette année. Encore.
J'y suis presque.
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