lundi 7 septembre 2015

La diva

L'Islande est une diva.
Une vraie diva. Avec des sautes d'humeur. Avec des caprices. Avec une forte personnalité. Avec des froufrous. Avec des bling blings et des talons.
Elle décide de tout et ses joies comme ses colères sont monumentales! Il n'y a rien à faire pour l'éviter; elle nous en fait voir de toutes les couleurs depuis notre arrivée, et c'est ici que la valeur véritable du mot "aventure" prend tout son sens.

L'Aventure. Avec un grand A. 
Ce matin, au lever, un bout de ciel bleu nous attendait, comme une agace qui nous montrait son soutien-gorges, mais pendant deux secondes seulement, avant de remonter son t-shirt.

Maudit ciel enjôleur! Tu nous a fait planer l'idée que le temps de merde d'hier était bel et bien terminé. On était émoustillé par ton sublime arc-en-ciel qui trônait au dessus de la mer en éveil, comme lors des fins de films à l'eau de rose. 
C'était du bluff. Du vrai bluff. 

Et ensuite, tu as joué All-In, salaud!

Nous avions prévu un parcours superbe dans le parc de la péninsule de Reykjanes. On devait voir deux lacs, le site géothermique de Seltùn, les falaises de Reykjanesta, Grindavik, Le blue Lagoon (une des 25 merveilles du monde de National Geographic) et Brú Milli Heimsálfa (la faille entre les plaques techtoniques eurasienne et américaine).  La balade devait durer plusieurs heures entre vallons, lacs, plages de sable volcanique, etc. Nous n'avions AUCUNEMENT prévu le clisse de vent... Pas un p'tit vent cucu de Rimouski, là, nenon. Un gros clisse de vent de merde, pas froid, mais frette... Un vent digne d'une queue d'ouragan, ni plus ni moins. Et  nous n'avions AUCUNEMENT prévu la clisse de pluie non plus, froide comme un réfrigérateur "setté" au maximum, et à cause du clisse de vent, elle allait nous fouetter en pleine face toute la sacro-sainte journée.

CLISSE de CLISSE.

Mais, a-t-on aimé notre épopée dans les intempéries quand même ? Oh que oui! Chaque frisson, chaque mèche dans la face, chaque splouch de nos chaussures, chaque gerçure de vent, en a valu la peine à 300%. Parce que les intempéries ne devraient jamais au grand jamais contrer notre moral ni notre volonté de voir le monde. On doit apprendre à vivre avec les pays aux airs de diva. On doit accepter que la nature est plus forte que nous et que l'affronter en souriant vaut mieux que de la brailler en petite boule sur son sofa en pyjama rose bonbon. 

Et aujourd'hui, Eric et moi, on a décidé que la diva qu'est l'Islande, malgré sa méga saute d'humeur de la mort qui tue, n'allait pas nous empêcher de profiter de nos vacances scandinaves au maximum. Non non non! Et on a fait ça en riant comme des fous, sachant que l'on risquait non pas nos vies mais plutôt de perdre la face, simplement pour l'amour de vous rapporter quelques clichés périlleux. J'ai presque échappé mon téléphone cellulaire en bas de falaises, au moins deux fois, tellement mes mains tremblaient. J'aurai eu l'air fin, hein?

Déjà, ce matin, je ne sais pas qu'elle folie furieuse m'a prise de me maquiller comme une princesse. Qui, mes amis, se maquille avant d'aller faire du plein-air? Ben moi. Oui moi. Je plaide coupable. Je fais cela. Je me maquille pour aller au gym, pour faire du trekking... Alors, pour faire une randonnée en voiture, c'est certain que oui! Et aussi, je porte des bijoux. Même habillée comme pour aller pelleter, je porte des boucles d'oreille. Anyway, je ne vais jamais pelleter. hahaha

 Il n'y a pas que l'Islande qui est une diva, vous savez... (cough cough)

Donc, après s'être carrément fait fourrer par l'arc-en-ciel aguicheur, nous sommes entrés dans le parc, et avons tout de suite frappé THE mur de brume... Wow! C'était tellement agréable d'essayer de prendre des photos dans la brume. Surtout quand la pluie s'y mettait, en harmonie, synchronisée comme un métronome. Ben j'ai réussi pareil! Tiens la brume, tu peux aller te rhabiller, salope! Pied de nez au climat de merde. Ha ha! Marie-Eve and Eric for president!

J'ai quand même pris une douche froide de quelques heures pour arriver à faire de la photo. Même mes sous-vêtements étaient détrempés. J'aurais pu les tordre.

Nous avons d'abord passé les lacs, qui ma foi, étaient plutôt tristounets dans la grisaille, voir dans la blancheur ambiante. C'était sublime, ne vous y méprenez pas... Il fallait juste réussir à tenir dans le vent polaire pour pouvoir en profiter comme il se devait. Mais le blanc laiteux à perte de vue donnait un petit côté fantaisiste aux différents panoramas.
Arrivés au site de Selt­ún, il pleuvait maintenant à boire debout. Mais nous avons quand même arpenté les sentiers, tout tranquillement; même la pire pluie du monde ne pouvait cacher la grande beauté de ce site géothermique. Seltún, il s'agit de sentiers qui sillonnent des marres bouillonnantes. Le site sent le souffre à plein nez, mais les couleurs et les textures de l'endroit apportent une magie indescriptible à ce panorama. On aurait dit qu'on marchait au coeur d'un film de science fiction. Au diable le vent et la pluie, lorsqu'on a la chance d'être là où l'on est, tout simplement, et de vivre le moment présent. 
Avoir loué une voiture nous amène cette flexibilité. La possibilité de gérer l'horloge qui tourne à notre guise, sans le traumatisme de retarder un groupe.La possibilité de posséder le temps, carrément. De l'oublier. De croire qu'il s’égrène selon notre bon vouloir. C'est de la pensée magique, peut-être, mais ça fait du bien d'avoir l'impression de posséder les aiguilles de l'horloge. Ça nous fait croire pendant un instant que tout est possible, et notre coeur d'enfant prend le dessus sur les idées trop adultes qui nous assaillent au quotidien.

Tout le parc de la péninsule est splendide,croyez-nous. Si vous venez en Islande pour quelques jours seulement, il faut absolument commencer par ce parcours. Il est très représentatif de l'Islande, dans un condensé accessible à tous et toutes. Et je n'avais jamais vu rien de tel avant. J'en ai vu des parcs nationaux pourtant. Le parc de la Gaspésie, Le Bic, l'Inka Trail, etc.  Mais celui-là, c'est comme toucher le ciel un brin. C'est comme marcher sur la lune. C'est plein de lichens et de tourbe, de roches volcaniques noires comme la nuit, d'odeurs de souffre et de sel. Il n'y a pas d'arbres du tout.
Fantastique. J'ai dit ce mot au moins une cinquantaine de fois aujourd'hui.  

Après un copieux repas dans un mini resto de la ville de pêcheurs de Grindavik, nous nous sommes dirigés vers le Blue Lagoon. Nous avions une entrée à partir de 14h00 et nous avions terriblement hâte, pour deux raisons principales: 1) La beauté grandiose du site  et 2) Nous changer! Car nos jeans dégoulinaient depuis plusieurs heures, et même mes sous-vêtements avaient pris l'eau.

Je n'ai pas de photos d'Éric et moi dans la lagune bleue. Parce que ce n'est pas propice à y aller avec un cellulaire. Aucun risque à prendre. Ce que je peux vous en dire, c'est ceci: Vous ne devez JAMAIS au grand jamais venir en Islande sans aller au moins une fois au Blue Lagoon. Si vous le faites, je me permettrai de vous traiter d'idiots, parce qu'on ne peut juste pas manquer cela.  C'est une lagune chauffée par des termes. L'eau se renouvelle par elle même à toutes les 48 heures. Elle est à 38°C en moyenne et le site est ouvert toute l'année, été comme hiver. C'était absolument fantastique de relaxer dans l'eau chaude, tout en ayant la pluie glaciale qui nous tombait sur la tête. On peut se faire un masque d'argile. On boit un verre de vin en flottant. L'eau est bleu ciel, avec une fine poussière d'argile blanche.C'est de la joie de vivre brut, ça, mes amis. Éric n'avait jamais été dans un tel endroit et est devenu instantanément fou de la place. 
Quand on barbote dans ces eaux, on rencontre des gens. Des Français, par exemple, qui croyaient qu'Éric venait de Perpignan, vu son accent! héhéhé... Et des Espagnols, de Cuenca, qui nous ont piqué une agréable jasette en espagnol. Éric a utilisé son espagnol, et je l'ai vraiment trouvé bon. L'Espagne sera ajouté à notre Bucket List, par ailleurs. Ils nous ont convaincu. 

Après le Blue Lagoon, nous avons continué notre chemin vers Reykjanesta, mais n'avons jamais trouvé les fameuses falaises. Elles étaient peut-être perdues dans l'épaise brume de fin d'après-midi, qui sait. Mais bon, pas grave, on ne peut pas tout avoir. Nous avons terminé notre balade par la faille. Il s'agit d'un endroit où l'on peut distinctement voir les deux plaques tectoniques de la région: La Eurasienne et l'Américaine. On peut même marcher entre les deux, car la faille est remplie de sable à cet endroit. Il n'y a donc pas de crevasse. Ce n'est pas vraiment impressionnant, mais ça termine très bien une telle journée. 

Nous sommes retournés à l'appartement nous changer, puis avons roulé jusqu'à Tacobarrin, un restaurant de tacos islandais que nous avions trouvé sur Tripadvisor. Un margarita, des nachos maison avec une salsa à la coriandre plus que décadente, et le trio tacos du jour: un au poisson, un au poulet et un à la citrouille, entièrement végétarien. Miam miam! C'était divin! Et le service était exceptionnel. En général, le service est hors-pair ici. C'est franchement une marque de commerce du peuple islandais. Il est attentionné.

Au retour à la maison, Disa et Gunnar, les propriétaires de l'appartement que l'on loue, sont venus nous faire un petit coucou. Quel couple intéressant! Ils sont restés une heure à bavarder avec nous de l'Islande, du fait que Hafnarfjordur est supposément la capitale mondiale des Elfes, du fait que dès que quelqu'un se fait voler son portefeuille, c'est quasiment en première page des journaux, du fait que la population est si petite que si tu veux revendiquer, tu connais tout le temps quelqu'un qui connait quelqu'un qui connait un autre quelqu'un qui connait le président. du fait que les seuls arbres de l'Islande sont probablement ceux de leur jardin, etc. Disa est architecte. Elle possède sa propre firme, et fait des immeubles très modernes, que l'on peut voir sur sa page facebook au nom de EON Architecture. C'est assez fascinant, et la femme est tout aussi fascinante et spectaculaire. Elle a une personnalité pétillante, et est franchement amoureuse de sa culture. Gunnar, lui, il est terre à terre et pragmatique. Il est aussi le cuisinier en chef chez eux, car madame est trop occupée. 

L'appartement que l'on loue est truffé de charmants détails. Des atlas détaillés, des oeuvres d'art islandaises modernes, etc. 
C'est certain que si on revient ici un jour, on va tenter de louer le même endroit, On s'y sent déjà chez soi. 

Petit update important: Éric connait maintenant son nip numérique. Il a compris la leçon. Fiou.  

Voici quelques photos prises aujourd'hui:
Sale arc-en-ciel hahahah

Arc-en-ciel agace
 
Lichens et tourbe, sur roches volcaniques
 
Kleifarvatn: un lac aux plages noires (sable volcanique), dans lequel supposément vit le petit cousin de Nessie. Éric dit qu'il a vu le monstre, mais il est tellement myope qu'il ne faut pas le croire.
Vue sur les rochers.
 
Vue depuis une falaise. Il vente, c'est brumeux, c'est froid comme l'hiver... mais quelle vue!
 
Une autre plage volcanique  
Au début de la crise de diva de L'Islande 
Pendant la crise de diva de l'Islande
 
Après la crise de diva de l'Islande MDR 
J'aime le danger.
 
Seltún et ses vapeurs soufrées 
 
Seltún
 
Seltún
 
Seltún
 
Seltún 
 
Seltún
 
Seltún 
Seltún 
 
Traverse de moutons! Ouiiiiiiiiii ! Mélanie D. j'ai pensé à toi!
 
Sol lunaire, mais recouvert de lichens et de tourbe. Du bonbon pour les yeux!
 
Avoir l'impression d'être au bout du monde, et d'être seul avec soi-même. C'est un peu ça l'Islande.
 
Les strates de couleurs: noir charbon, vert tourbe et blanc champagne
 
Une autre plage noire.
 
Pourquoi pas, hein ? :D 
Blue Lagoon (partie non aménagée) 
Blue Lagoon (partie non aménagée)
 
Blue Lagoon (partie non aménagée)
 
Blue Lagoon (partie non aménagée) 
Pont séparant deux plaques techtoniques 
 
L'explication de la chose
 
Vue sur les deux plaques et la faille remplie de sable noir 
La faille 

Tacos! miam miam miam! Et un Margarita bien serré!

 

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