dimanche 6 septembre 2015

Terre d'Islande jour 1: de l'errance et du foot

Nous y sommes enfin!

Après une nuit presque blanche pour Éric, et une tout en sommeil pour moi (car je dors comme un bébé en avion), nous sommes arrivés à Keflavik (aéroport de Reykjavik) vers 5h00 du matin. Le vol a été vraiment court; un tout petit 4 heures et des poussières, dans un avion moderne et confortable. C'est  moins long de voler de Halifax à l'Islande que de Montréal à Varadero, c'est tout dire, chers lecteurs.

Nous avions prévu une heure en tout pour récupérer nos bagages et passer la douane, et c'était vraiment pile poil ce que ça nous a pris, compte tenu qu'il n'y avait qu'un seul douanier en poste à notre heure d'arrivée (très jovial, d'ailleurs) et que deux comptoirs de sécurité seulement étaient actifs ce matin. Attendre notre tour a été notre première impression de l'Islande. Enfin bref...

Dès la sortie de l'avion, on a senti l'Islande vivre littéralement sous nos pieds, dans nos narines ouvertes, sur nos joues rougies. Une fine pluie tombait, caressante,  et nous titillait le visage lorsque l'on marchait sur le tarmac, juste assez percutante pour que l'on comprenne qu'elle avait préséance sur tout le reste, peu importent nos priorités. Le jour n'était même pas encore levé, et déjà, on savait indubitablement que l'on avait affaire à une île-diva. Une île unique, colérique, rancunière, mais probablement enjôleuse et romantique.

Éric, le chef des réservations de ce voyage, avait réservé une voiture citadine avec l'agence Sixth, via Internet, et Sixth devait nous avoir envoyé un représentant au point de rassemblement de l'aéroport, pour que la navette nous mène vers la bonne bâtisse. Mais évidemment, l'agence nous avait oublié, car c'est toujours le cas avec nous. C'est sûrement notre karma. Galère! On a cherché partout dans l'aéroport un stand de Sixth, et Éric s'est même permis d'aller cogner au compétiteur (Avis) pour s'informer. On a compris qu'on devrait marcher 5 à 10 minutes à l'extérieur vers la gauche (lire : dans la pluie maudite) pour nous y rendre. Galère double! Je porte aisément mes bagages, d'habitude. Mais... Quand je ne prévois pas les porter, j’empaquette tout un peu n'importe comment, ce qui débalance mon sac... Mais comme je ne le porte pas, on s'en fiche, hein! Alors là, je n'avais pas prévu le coup et j'étais pas mal débalancée, voyez-vous, et je marchais donc en zigzaguant sur la route, dans la bouette (la salope), avec mes petites chaussures de velour noires pas du tout propices à l'Islande (oups) ... à essayer de trouver cette foutue agence de location de voitures. Éric, lui, avait une valise à roulettes, le chanceux. Bon, ce n'est pas vraiment mieux dans la "gravelle", mais au moins l'épaule était épargnée.

On a tout de même fini par trouver Sixth. Et comme  l'agence semblait professionnelle et sérieuse, donc j'ai pardonné l'oubli. Le service était excellent, en tout cas.
Pendant qu'Éric réglait les détails de la location de notre Chevrolet Spark, je me connectais au wi-fi pour découvrir la résultante du match de soccer de la veille, celui de l'Impact de Montréal, que je n'avais pu finir avant de prendre mon avion. J'avais quitté  Filo et Arcadio lorsque le Chicago Fire venait d'égaliser 1-1, mais j'avais pu entendre la description du premier but de mon idole de toujours Didier Drogba dans l'uniforme du bleu blanc noir. Larme à l'oeil. Émotions.  En me reconnectant ce matin, je découvre, abasourdie, que Didi a fait un truc du chapeau et mon Wandoo préféré a fait un but, pour une victoire à l'arrachée de 4-3!  Trois buts de la légende!!!!!!!!!!!!!!!!!!! OMG!!!! Je me dis alors que j'ai choisi de venir en Islande au lieu d'assister à ce match de l'Impact... alors je me mets à espérer que ça en vaille vachement la pleine, là. Parce que manquer trois buts du roi Didier dans un stade comble, c'est manquer de grands moments de joie... Et moi qui vient de marcher dans la boue et la pluie pendant dix minutes, en ruinant mes chaussures de princesse, ça c'est un grand moment de merde.  

Mais bon. Dès la prise de possession de notre voiture, j'ai su que l'Islande était le parfait choix pour nous. On ira voir Didier l'an prochain.
La route entre Keflavik et Hafnarfjordur était  fantasmagorique. Nous avions l'impression d'être dans un environnement lunaire, ni plus ni moins. C'était  rocailleux, il y avait de la mousse partout, pratiquement aucun arbre, et du relief à l'orée de l'horizon. On voit que l'Islande, c'est tout sauf ce que je connais, du moins côté nature. C'est plus grand que nature, précisément! 
Conduire en Islande, c'est comment? Faut pas me le demander; je ne conduis pas. Je n'ai même pas de permis de conduire, vous savez. (je sais! Quelle honte! Mais c'est comme ça; ça renforce mon petit côté diva à go go). Mais Éric, lui, n'arrête pas de dire depuis ce matin que c'est un charme de conduire dans la région métropolitaine de Reykjavik. Il n'y a pas d'arrêts stop, juste des "cédez le passage". C'est le paradis du carrefour giratoire, qui prend tout son sens dans ce pays, bizarrement. Autant on n'en voit pas l'intérêt à Mont-Joli et New Richmond, autant ici, on "comprend la patente". 

Nous avons facilement trouvé notre appartement. Première surprise de la journée: il est totalement sublime. La propriétaire est architecte est d'un goût raffiné. Le petit appartement est moderne. Le parquet du salon est fait de planches avec des noms de grands crus en imprimés. Le lit est douillet. Disa, la propriétaire, nous avait laissé des denrées dans le réfrigérateur (chocolat, du skyr - une sorte de fromage/yogourt islandais aromatisé aux fruits, de  l'eau pétillante, des fruits).  Il y a des peaux de vache en guise de tapis (j'adore les peaux de vache), de livres partout, un petit côté très moderne mélangé avec les boiseries, et de très grandes fenêtres. D'ailleurs, parenthèse: en Islande, les maisons ont pour la plupart de très très grandes fenêtres. Je ne sais pas si c'est pour contrer le manque de lumière des longs hiver ou pour laisser entrer chaque seconde de lumière éternelle en saison estivale. Mais c'est pas comme chez nous au Québec, en tout cas. Fin de la parenthèse.

Nous avons dormi jusqu'à midi avant de prendre nos douches. Découverte intéressante: l'eau chaude en Islande sent légèrement le souffre. C'est assez surprenant et saisissant, la première fois. Mais on s'y habitue rapidement. Nous sommes après tout sur une île-volcan. Faut pas s'en étonner. 

Par la suite, nous avions décidé d'aller explorer un peu et faire des emplettes de base pour nos petit déjeuners et nos lunchs. Nous avons stationné la bagnole de course en plein Reykjavík et nous nous sommes promené un peu, sans pour autant faire de grandes visites. Nous voulions nous repérer, comprendre le système routier, voir la structure d'urbanisme de la ville, etc. Et c'est ce que l'on a fait. On a mangé une petite pizza margherita, on a erré un peu, pris des photos, profité du moment. Éric est aux anges. Il semble très très heureux d'y être, et de ne pas se sentir obligé à quoi que ce soit. 

Puis, une lubie nous prend. Le gars de l'agence de location, ce matin, nous avait mentionné que l'Islande jouait contre le Kazakhstan ce soir au stade national, en ville. On se dit qu'on devrait y aller, nous qui aimons le soccer (surtout moi, qui en suis malade, voir dingue). Mais en vérifiant sur la tablette d'Éric, on ne trouve pas de billets. C'est Sold Out. Zut alors. Mais... Pourquoi ne pas aller voir au stade pareil, hein ? Juste au cas où Internet nous dirait des mensonges. Je demande à Google Maps de me donner l'itinéraire depuis notre resto de pizza jusqu'au stade. Les noms de rues ici... ouch! Ça fait mal aux yeux! Google me crache ceci:
 
 Éric s'y rend quand même en un tournemain, et je l'attend dans la voiture, sans trop oser espérer. Il revient envers et contre tous  avec une paire de billets!!!! Ouiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii!!!!! Il m'explique que c'est la dernière paire. Que tout était Sold Out, mais qu'un employé du stade venait de retourner sa paire de billets. Éric a pu l'avoir, au grand désarroi de quelques uns qui attendaient derrière lui! 
On va donc au foot! L'enjeu du match est primordial: L'Islande n'est vraiment pas une puissance mondiale du foot, et ce soir, elle n'a besoin que d'un seul point pour se qualifier pour la première fois de sa vie à L'Euro 2016. Il faut donc au moins une nulle.
Le match est à 18h45, il est 15h45. On doit aller au supermarché rapidement pour finir nos achats avant le foot! Vite vite! Car on doit être tôt au stade pour trouver un stationnement. Et la maison est à environ 30 minutes du stade. Donc on se dépêche et on arrête chez Bónus, un genre de Super C islandais, mais très... comment dire, très "ancien temps". Ça ne ressemble pas vraiment à une épicerie traditionnelle, il y a peu de variété, mais pour nous, ça suffit amplement. 
On achète du pain, de la confiture de bleuets (les bleuets frais sont à 17 $ le litre, donc on s'en passe), des craquelins, du fromage à la crème, des croustilles au paprika, des tortillas, du jambon et quelques légumes, et du skyr, bien évidemment. On en a pour 37$ de stock. On prend un sac réutilisable, qui sera un souvenir pour nous en même temps... Eric prend sa carte de crédit pour payer... et là: OMG ! Je découvre que mon chum ne connait pas son nip. Alors là, pas du tout. Je suis crampée de rire, car c'est exactement le genre de choses qui ne devraient jamais arriver en voyage, mais à lui ça lui arrive. Voilà: Il connait son nip, dans les faits... Son nip, c'est un mot. Vous savez, chaque lettre est associée à un chiffre, sur un clavier. Ben lui, il connait le mot de son nip. Mais pas les chiffres. Alors, quand en Islande il tombe sur un clavier 100% numérique, sans les petites lettres... il ne sait plus. Il n'a même pas une idée proche de la réalité. Il ne connait pas son nip numérique! 
Les bras me tombent. Je rigole, et je n'en reviens pas en même temps. Un gars si organisé, si à son affaire, mais pas capable de retenir les quatre chiffres se son nip. C'est Éric tout craché. Et je n'ai pas le choix d'en rire, que voulez-vous. 

Après les emplettes, on s'en va au foot. On arrive en même temps que la parade des Ultras, qui eux s'étaient donné rendez-vous à proximité du stade pour entonner des chants victorieux à l’unisson. On les suit, on embarque avec eux, on est impressionné. Ça crie Afram Island (Let's go Islande) à tue tête, il y a des drapeaux, des cornes de Viking, des fumigènes. Je suis dans l'ambiance totale et quand on entre dans le stade, la fébrilité est palpable. 
L'Islande a réussi son pari, un ambitieux pari, dois-je préciser. Après 90 minutes plus le temps ajouté, elle arrache une nulle au Kazakhstan pour se qualifier pour l'Euro. Wow! Les partisans sont en liesse. L'équipe danse sur le terrain, salue les amateurs, des feux d'artifice explosent dans le ciel, de la musique bizarroïde (probablement associée à la célébration) joue - ça sonne comme du Elvis islandais, je vous avoue, mais les amateurs chantent à s'égosiller. À chacun ses goûts :D
Il y a quelques années, le soccer n'était pas populaire au pays. Le stade était minuscule et pratiquement toujours vide. L'équipe nationale jouait mal. Puis, peu à peu, les performances ont pris du coffre, et les amateurs sont venus au stade. Il a été agrandi. Et maintenant, c'est la folie. Pour un pays de moins de 400 000 habitants, c'est un exploit en soi de se qualifier pour l'Euro. La compétition est terriblement féroce en Europe. J'ai eu l'impression de vivre un moment historique avec tous ces Islandais en liesse. Que d'émotions, sincèrement.
Nous étions dus pour voir du foot. On a manqué Didier Drogba, oui, mais on a vu cette nulle aux couleurs de victoire de l'Islande, et ça nous a enchanté quand même. Et réussir à obtenir la dernière paire de billets disponible, ça c'est avoir le cul béni. On ne pouvait espérer mieux. 

On vient de revenir à la maison. Nous avons arrêté sur la route pour se taper un hamburger et des frites. Là, on paresse dans notre bel appartement si parfaitement équilibré, et on se dit que demain sera une journée fantastique aussi.

Notre impression première des Islandais: Un peuple ouvert et curieux, très courtois et aidant. Tout le monde tente de nous aider et c'est rafraichissant de voir un peuple qui n'a pas peur de faire face à l'autre. La barrière de langue ne nous affecte pas encore. 

On vous laisse sur quelques photos, toutes simples.
À demain!

Prête à partir 

Notre chambre à l'appartement
 
Un petit apperçu de notre salon.
 
La kitchenette, très mignonne 

Petite fille nourrissant les canards et les mouettes, devant les belles maisons typiquement islandaises
 
Exposition sur la femme, au centre-ville. Ici, on représente la femme "marchandisable", celle qui vient dans un seul format, à la chaîne.
 
Reykjavik
 
On va au football! Ouiiiiiiiii !
 
Nous sommes au stade,et même s'il fait froid, on est en feu!
 
Cérémonie d'avant-match Islande vs Kazakhstan
 
Le match est en cours 
Nous avons de très bons billets, d'ailleurs.
 
Une horde d'Ultras sur la route. On se mêle à eux
 
Reykjavik
Citation sur le mur juste avant de passer la douane à l'Aéroport. Par ailleurs, sachez que Reykjavík est la ville de la litérature de L'UNESCO.  Ici, presque tout le monde publiera un livre au cours de sa vie. Être un auteur n'est pas un privilège; c'est un droit.

1 commentaire:

  1. Amusez-vous! Tu diras à Éric de regarder sur le clavier de son cell, je crois que les chiffres sont indiqués. :)

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