La vie.
Quand j'ai décidé de revenir en Turquie, c'était pour ça. Pour la vie. Pour connaître comment on vit ici. Pour me conforter dans mon engoûment, ma passion pour ce pays. J'ai connu la Turquie plus touristique, plus commerciale. Là, je veux connaître la vraie Turquie, sa saveur, son odeur et ses soupirs les plus intrinsèques.
J'aime la vie que j'ai découvert hier soir.
Je vous racontre à partir du moment où je vous ai laissé.
Hier, à la centrale Otogar, j'ai pu parler avec mon papa sur skype. Déjà, j'étais la seule étrangère en attente dans la salle de la compagnie Metro, car je m'en allais hors des sentiers touristiques. Y'a pas à dire, je suis sur un tout autre chemin, là. Une dame était assis à côté de mon et regardait d'un oeil amusé mon père me parler. Elle s'est mise à me parler en turc, pour savoir d'où je venais, où j'allais, etc.
Ouch.
Bobo à ma tête. J'ai soudainement vécu un moment que nous vivons tous quand on se pense bon ou bonne dans une langue pis qu'on découvre qu'on ne sait pas grand chose: une chute de piedestal. ahahaha Je me suis presque cassé un pied tellement j'ai chuté. Comment ça se fait, moi qui connait des centaines de mots en turc, que je n'arrive pas à déchiffrer une traître phrase ?????? Bobo à ma coeur.
Et comment ça se fait qu'on ne comprenne rien quand je parle ? Bobo à mon égo. Là, ça saigne fort.
En fait, je ne me rendais pas compte que j'étais paniquée. Parce que je l'étais. Avec du recul, je peux le dire. J'étais tellement stressé qu'au lieu d'en perdre mon latin, c'est mon turc qui s'est envolé ! Déjà vu... Je me rappelle, il y a quinze ans, d'une ado arrivant au Mexique avec un espagnol à gogo, et qui s'est mise à suivre pas à pas sa nouvelle soeur mexicaine, car elle ne comprennait que dalle. Bien, c'était moi, ça.
Hier, j'ai vécu la même chose. Je me suis donc mise à suivre une madame qui réussissait à me parler en allemand (ouf ! Merci, je me rappelle un peu de mon allemand!) pour me traduire, car elle ne parlait pas anglais. Elle a commandé pour moi un soda dans le bus, m'a expliqué où descendre, à pris mon billet de mes mains pour le donner à l'hôtesse... Moi, quinze ans plus tard, perdue dans la traduction...
Puis je suis descendue du bus et là, j'ai connu mon amie et son mari.
Wow !
Je suis encore estomaquée. Quelle beau petit couple ! Mon amie est telle que je l'imaginais, en plus petite. Je m'attendais à une très grande jeune femme... et elle est à peu près de ma hauteur. Et elle est minuscule ! Tellement mince ! J'ai l'air d'un éléphant à côté d'elle, mais bon... ahahah Comme je la connais déjà et que je suis familière avec son "parler", j'ai commencé à retrouver mon turc, bribe par bribe, mot par mot. Et j'ai repris confiance. Son mari ne parle pas anglais, alors il me parle en turc, tout doucement, et mêle un mot anglais à la conversation de temps en temps. Malgré tout, c'est surprenant comme on peut converser ainsi longtemps et parler de sujets sérieux. :)
J'ai eu droit à un souper délicieux, mais bien trop généreux pour moi ! Il y avait sur la table de la salade, de la soupe aux lentilles, du pain plat (spécial pour le Ramadan), des dattes, du yogout aux poivrons et à l'ail, et ensuite... en plat principal (fait par Alper ; donc n'allez pas croire que les hommes turcs ne cuisinent pas!) du poulet aux légumes, du boulghour et une purée de pommes de terre au fromage. Miam ! J'ai adoré.
Ensuite, j'ai eu droit à THE café turc maison,, avec la petite mousse et tout ! Bon, là, je sais que j'ai quelques fanas finis de Starbuck's qui me lisent. Et ces mêmes fanas se sont chicanés à une certain tournoi de golf contre le clan des fanas finis de Tim Horton's. On arrête la guéguerre ici ! C'est moi qui gagne avec le café turc de Alper! Moi qui ne boit pas vraiment de café, je suis déjà accroc. C'est épais comme un chocolat chaud sud-américain. Ça n'a pas le côté liquide de nos cafés. C'est épais, et savoureux. On laisse le café retomber dans le fond de la tasse, et on le déguste dans des mini tasses, comme un expresso. Il y a de la mousse, et il est à peine sucré. Juste pour dire. Un délice. Et après, j'ai eu droit à un turkish delight (un gâteau turc au sirop) avec de la vraie crème glacée dessus... et un thé turc. Pascale, j'ai pensé à toi, ma soeur, en buvant ce çay ! L'an passé, à quelques semaines d'intervalle, c'est avec toi que je me gavais de thé turc, mon thé préféré au MONDE. :)
Puis, vers 22h30, la soeur de Alper, Maryem, est venu en visite avec ses deux ados (Julie Martin, j'ai pensé à toi, ici !) Elle m'avait amené un cadeau de bienvenu ! Un collier transformable en bracelet, fait à la main. Il est magnifique ! Alper est le bébé d'une famille nombreuse. Ils ont l'air unis, comme seules les familles nombreuses le sont.
Si je résume ma soirée d'hier, on a beaucoup parlé. On a mangé. On a bu du thé sur le balcon. On a énormément ri. Je suis heureuse.
Heureuse.
Pas parce que je suis en voyage.
Pas parce que je suis dépaysée.
Heureuse, tout simplement d'être ici. Mon Éric aurait adoré ça.
L'appartement est très agréable. Comme il un peu en dehors du centre-ville et en hauteur, on a une vue sur la ville qui vaut vraiment la peine. Le balcon est très agréable. Comme Alper me l'expliquait, c'est son "balcon à méditer". J'ai ma propre chambre, bien agréable... et rose !!!!!! Oui Mélanie, rose ! J'adore le rose ! :D Deux salles de toilettes, une occidentale (Ouais!) et une turque... Pour ceux qui ne savent pas ce qu'est une toilette turque, googlez ça. ;) J'ai donc pu me rafraichir un peu hier soir. J'avais l'air de revenir d'un champ de bataille. Ce que je déteste dans les longs voyages, c'est l'impossibilité de se laver correctement entre le point A et le point Z. On a beau faire notre possible pour se laver la face, se remettre un couche de déo et se repeigner, on a toujours l'air d'une zone sinistrée sur deux pattes.
Bon.
La journée d'aujourd'hui s'annonce ainsi:
Je vais avec Özlem à son travail. Elle donne un cours aujourd'hui. Je vais simplement placoter avec ses élèves. Ça va être super ! Ensuite, on part pour Uşak, sa ville natale (à 5 heures de voiture), pour pouvoir aller fête le bris du jeûne du Ramadan en famille. Là, je vais devoir sortir mon meilleur turc de mes fonds de tiroir. Ouille. Mais croyez-moi, dans la vie, ça fait du bien de ne rien comprendre, de temps en temps.
On développe d'autres moyens de survivre. Nos oreilles, nos yeux, notre goût prend de l'ampleur, et on vit tout à mille à l'heure via ces autres sens. Je vous souhaite cela au moins une fois dans votre vie, histoire d'en apprendre un peu plus sur vous-mêmes.
Bonne journée, où que vous soyez.
J'admire ton courage ma soeur pour te lancer dans une telle aventure. J'ai un léger pincement au coeur, car cette fois-ci je ne fais pas partie de tes aventures, mais j'espère bien refaire un voyage avec toi un jour. :) Profite au max, tu le mérites ma chérie!xxx
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