lundi 17 février 2014

Les entrailles de la mort!

Ce soir, j'ai fait ce qui était prévu. J'ai mangé de l'intestin.
Ouais.
J'ai fait ça.
Les entrailles de la mort n'ont pas eu raison de moi.

Erdi m'avait mis au défi. Le met s'appelle le kokoreç. C'est typiquement turc. C'est pas tous les Turcs qui  en mange. En fait, aucun de mes amis turcs n'en mange, ou presque. Yunus a le coeur qui lève juste à l'idée d'en manger. Ayhan n'en mange pas. Özlem n'en mange pas. Emre n'en mange pas.

Mais Erdi aime beaucoup ça.
Erdi fait le quart de nuit, de 23h00 à 9:00 ou un truc du genre. Il  m'a donc gentiment donné rendez-vous à 20h00 à la station de Kabatas, la dernière du tramway, car lui arrive pas le ferry à cette station. Yunus devait venir aussi mais il a "choké". Il ne s'est pas laissé tenté par les entrailles de la mort, lui.

Poule mouillée, ce Yunus.
Mais Erdi, il me connait bien après toutes ses années. Il doit connaitre ma vie plus que moi-même je la connais. Il savait que j'étais capable de manger des entrailles. Après tout, j'ai vécu au Mexique. Au Mexique, ça mange des insectes, du poulet au chocolat et de l'estomac de porc en soupe.

J'avoue que j'ai rêvé au kokoreç, la nuit passée. J'avais peur un peu, quand je l'ai vu me faire un grand salut depuis l'autre côté de la rue, ce soir. J'ai traversé avec ma face de "pitié, pas ce soir!". Ça n'a pas eu raison de lui. Il m'a gentiment mais fermement trainée vers un stand de kokoreç... vide. Je lui ai dit: "C'est le destin, c'est Allah qui ne veut pas que je mange de Kokoreç".
Nenon, il connaissait une autre place.
Zut alors.

En typique homme turc, il me commande ma portion, piquante comme je devrais l'aimer, et il me tend mon sandwich en me disant: "Eat". Mange!
No way. Erdi boy, pas question que je goûte avant de t'avoir vu en manger.
Mais il s'exécute. Alors je ne pense pas et je m'exécute aussi.
Actuellement... c'est délicieux. Dès la première bouchée, je savais que j'allais aimer ça. C'est servi dans un pain, avec de la tomate et du piment. C'est relevé, épicé, la viande est finement coupée et il n'y a pas de "chunks" de croquants.
MIAM les entrailles !

Je ricane et il me sourit. Je lui dis: "J'suis moins chicken que Yunus, hein?". Il me dit: "T'es une vraie turque maintenant que tu bouffes du Kokoreç. T'es plus turque que les Turcs eux-mêmes".
Là, il me fait plaisir.
Je bois un ayran avec ça (yogourt salé). Le mix est bien équilibré.
Je finis ma portion et on marche. On se rend dans le quartier de Tophane. Erdi me dit que c'est célèbre pour ses cafés à Nargilé, et comme il y a un match de foot important ce soir (Galatasaray contre Fenerbahçe), c'est le moment idéal pour aller fumer et s'écraser à voir le match.
La preuve qu'il me connait ce Erdi. Il sait que 1) J'aime fumer le nargilé en vacances. 2) Que tout comme lui je prends pour Galatasaray.
On commande thé après thé, du pop corn et un nargilé à la pêche absolument délicieux. On regarde le match, on réagit. On est pas content que Drogba ait commencé le match, lui qui est un excellent finisher. On gesticule devant les essais manqués de Sneijder et devant les bons arrêts de notre gardien uruguayen. On se demande où est Burak.
C'est vraiment une belle soirée que je passe avec mon big boy.  Il semble l'avoir apprécié aussi. Il a une bouille de grand enfant, un baby face sur un body de 6 pieds 3 pouces. Je le trouve cool de sortir sa vieille amie canadienne, surtout que l'idée vient de lui. Il sait que ça me fait plaisir.

Le seul hic, notre équipe a fait match nul, 2-2. Bof! Au moins ils n'ont pas perdu, les p'tits maudits.

Ce matin, je suis allée marcher et faire un peu de photo urbaine. C'est ce que j'aime de cette ville. Elle nous donne mille et une chance de nous émerveiller. Il y a des stimuli partout. Il y a des bruits, des odeurs, des couleurs... Premièrement, il y avait une foule de pêcheurs sportifs sur le pont de Galata, ce midi. Ce pont est le plus incroyable pont du monde. Sur le dessus, les pêcheurs s'attroupent. Ils sont équipés, ils font leur social en grignotant. Les poissons ne mordent pas toujours, mais peu importe. Les hommes du pont de Galata partagent une passion et leurs amitiés en découlent. Sous le pont, un deuxième étage a été aménagé pour fumer le nargilé, boire un café turc ou un thé et manger le fameux sandwich de maquereau stambouliote.
Istanbul se goûte aussi. Sandwiches de maquereau avec limonade maison et du chou et des cornichons marinés, kokoreç avec un ayran, kumpir  (ze patate) et gaufres au nutella, les châtaignes et le maïs grillé des rues, le çig köfte (boulettes de boulgour) avec sa sauce à la grenade, la menemen (omelette aux poivrons et tomates du petit déjeuner), les simits à 1 livre turque, les toasts au fromage et à la sucuk (saucisse de boeuf à l'ail), les islak burgers (traduction littérale : burger humide, qui consiste en un burger vapeur trempé dans une sauce rouge grasse et d'une sorte de saucisse épicée en guise de boulette) et les baklavas au chocolat...
Istanbul, c'est un délice. On est quand même dans un pays qui considère le persil comme un légume, pas une herbe. On mange du persil de même, une grosse poignée dans l'assiette. C'est un "légume" d'accompagnement parfait pour les lahmacuns, entre autre.
Dans la vie, il faut goûter, les amis. Le pire qui peut nous arriver est de ne pas aimer ça... dans un grand fou rire. C'est une leçon que j'ai commencé à comprendre tard, à l'adolescence. Et depuis que je l'ai assimilée, je goûte et ça m'a amené à de belles découvertes. 

En me promenant, je me suis rendu compte de tous petits détails me la rendant encore plus belle. Il y a des stations de chargement des cellulaire improvisées dans les tunnels de piétons. Vous savez, un endroit installé avec une quinzaine de fils sortant du mur... donc la moitié des fils sont archaïques... Parce qu'ici, plusieurs ont encore des antiquités de cellulaire.
Aussi, à plusieurs endoits, des cireurs de chaussures. Ça a l'air idiot, mais je me rappelle que maman et papa ciraient leurs chaussures, quand j'étais petite.Ils achetaient de la cire et faisaient leurs chaussures, de temps à autre.
Puis... je ne sais pas pourquoi, mais plus personne n'a continué. Pas juste dans ma famille! Ailleurs aussi. De nous jours, plus personne ne cire ses chaussures. On jette et on en achète d'autres, tout simplement. Mais ici, en Turquie, on paie encore pour de la cire à chaussure. Qui plus est, c'est un métier que de cirer les chaussures des autres.

Il y a aussi le vendeur de traitements avec des sangsues vivantes. Le mec s'installe avec ses sangsues qui flottent dans un 18 galons d'eau. Et des gens paient pour avoir des traitements. Supposément que les sangsues guérissent tout. :) Je l'ai vu aujourd'hui, installé à l'abri du soleil à Eminönü. Un attroupement autour de lui. Parce qu'il est populaire, Mr. Sangsue.

À Istanbul, il y a aussi évidemment les traversiers tout partout. Toutes les rives sont pleines de bateaux. On utilise le traversier comme un taxi et la carte Akbil (la carte des transports en commun) donne accès aux traversiers, au métro, aux bus et aux tramways pour le même prix. C'est vraiment intéressant d'avoir sa carte, car ça nous revient à moins d'un dollar pour chaque déplacement. C'est moins cher que de payer les jetons à l'unité. J'ai donc ma carte Akbil que je remplie à chaque voyage. Erdi a trouvé ça comique lorsque j'ai sorti ça de ma poche. Je lui ai fait un clin d'oeil qui voulait dire "oui, je mange du kokoreç et j'ai une Akbil, je suis donc une vraie stambouliote". Il gloussait tellement j'étais fière de ma carte Akbil. Je la garde dans mon portefeuille en tout temps, même au Québec. Comme pour me rappeler que j'ai cette ville dans la peau. Comme pour me rappeler que je suis amoureuse de cette ville. On a beau me montrer tous ses mauvais côtés, ils n'arrivent pas à la cheville de ses bons.


Demain, j'ai un autre souper entre amis.
J'ai faim!
Afiyet olsun! (Bon appétit).


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