lundi 2 février 2015

Et il pleuvait tant!

C'était un de ces matins, après une nuit à ne pas dormir, ayant abusé du thé toute la journée précédente. La théine courrait décidement un marathon dans mon sang et me montait au cerveau.

Alors là, ne pas avoir dormi du tout, c'était galère, lorsque l'on devait se lever tôt.
Je me suis dit que cette journée sentait déjà la nostalgie.  J'avais un paquet à récupérer à la centrale de bus. Une invitée, plus précisément.

La douche, le maquillage, les vêtements, les boucles d'oreilles... On se déguisait, à tous les jours, pour croire qu'on était  différente, qu'on était  unique. On se faisait belle, on se pomponnait et on se faisait un cinéma à soi-même...
Tout ça pourquoi?
Pour rien.
Parce qu'en trente seconde, ma coiffure de star se déferait sous une chute d'eau glaciale. Toute cette pluie! Tout ce vent! La tourmente, j'étais dedans.

Il pleuvait à boire debout, oui. Des cordes. Des pics. Des harmonies. Il pleuvait une cascade complète et de puissants sillons descendaient la côte, dans les fentes de rails du tramway. C'était plus haut que mes chaussures. Mes Hush Puppies en prirent une bonne gorgée.

J'aimais ces déluges. Je les cherchais, même.
Agrippant mon parapluie bien comme il le fallait,  j'ancrais mes pieds au sol pour ne pas m'envoler ou pire encore, glisser comme une pauvre demeurée en bas de la ruisselante rue en pente,  et je pus me rendre saine et sauvé,  mais non pas sans peine, à la station Gülhane, direction Yusufpaşa, pour changer pour le métro d'Aksaray vers Otogar. Mes chaussures glissaient comme des patins sur les pierres dégoulinantes.

Arrivée juste à temps pour accueillir Emel qui débarquait du bus, je decouvris une jeune frmme béate de constater toute cette pluie qui se laissait choir, agaçante, sur son pauvre petit corps déjà traumatisé de cette froideur mouillées, froideur que seule une grosse goutte d'eau qui s'écrassait pouvait contenir.
Oui, il pleuvait tant. Le ciel avait de la grosse pe-peine, c'était d'une éclaboussante évidence.

Les peines de ciel firent remonter les peines de coeur à la surface, comme un débordement d'égoût. Ah! C'était ça, cette odeur de nostalgie! Mon parapluie ne pouvait pas empêcher ces peines d'émerger pour mon amie, et elles lui collaient comme une deuxième  peau tissée d'humidité ambiante.

Que faire en un pareil  temps? Thérapie express... De tous les moyens dont l'efficacité n'était plus à prouver pour faire battre en retraite les élans nostalgiques soudains, le meilleur s'avérait  la recette la plus démontrée,  la plus fignolée, le sacro-saint sérum des capitalistes: le magasinage! Ladies and Gentlemen, get ready for SHOPPING!
Alors magasinage, il y eût ! Il pleuvait tant, je vous l'ai dit. Pas d'autres options possibles. Le destin avait parlé.

Forum Marmara, nous voici, prêtes à chasser le mal à coup de cartes de crédit et de bonnes intentions malgré tout.  Et avec la bouffe.
 Simits, börekler, thés et autres douceurs pour l'âme servirent de placébo, Puis plus tard des pides et le fameux künefe, full full crème, pour qu'il corresponde à une vraie cure de "mangeage" d'émotions brutes.
Et la belle petite nostalgique allait déjà mieux, croyez-le ou non. Ô Miracle!

L'amitié existe pour cela. On peut offrir une épaule confortable lors des jours de pluie. On peut aussi être solidaire et faire quelques achats, pour montrer l'exemple.

On sait que ces journées se termineront noyées par le thé ... et par une autre averse, de toute façon.

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