dimanche 1 septembre 2013

Deux jours de folie furieuse...

Bonjour chez lecteurs assidus...
Hé oui, j'y suis enfin! Nous sommes le 1er septembre (le 2 maintenant, à deux heures du matin) et j'ai réussi, non sans peine, à livrer ce corps à bon port, avec tous mes bagages.

Je vous dirais que j'ai vécu deux jours complètement fous, totalement à l'image de l'été que je viens de passer.
Mais ça me prenait ça pour me faire réaliser ce dans quoi je m'embarquais encore une fois.

Le plan initial était ceci:
1) Départ de Montréal-Trudeau le 30 août à 19h15 pour un vol vers Casablanca sur Royal Air Maroc
2) Une courte connexion de 2h45 à Casablanca pour prendre le vol de 9:25 du matin le 31 août en destination d'Istanbul-Atatürk, côté européen.
3) Trouver mon ami Emre qui devait m'attendre à l'aéroport et faire une balade de deux heures dans sa BMW pour me rendre à Sakarya, chez Özlem... et y fêter tranquillement ma fête.

Un beau plan tout simple. Merveilleux!
Mais ma vie n'est jamais simple. C'est mon karma, je suppose.

Le 30 août au soir, 1 heure avant l'embarquement, des orages s'écrasent sur Montréal, avec tonnerre et éclairs. La totale. Du coup, l'horaire aéroportuaire a été chamboulé. Certains vols sont partis en retard, d'autres à l'heure. L'embarquement de mon vol devait être à 18h15... Il a commencé à 19h15... et il y avait tellement d'avions en file pour le décollage que nous sommes partis 2h15 plus tard que prévu...

Je vous ai dit quoi plus haut ? Que mon escale pour changer de vol durait 2h45.
Petit moment de panique. Mais bon, un charmant monsieur me dit: "Gazelle, ils vont rattraper une heure à cause des vents. Vers l'est ils le peuvent."
La Gazelle s'est mise à espérer... et effectivement l'heure d'arrivée était 1 heure plus tard que prévue, ce qui me laissait 1h45 pour prendre ma connexion. Suffisant. Oui.
Le vol...
Ark.
Le pire de ma vie. J'ai jamais vue de chaos semblable dans un avion. Le personnel avait complètement perdu le contrôle. Les passagers chialaient parce qu'il n'y avait qu'un choix de repas (qui incluait des crevettes, allôoooo pour les allergiques!!!), il y avait un peu de turbulence au dessus de Terre-Neuve et la Gaspésie... ce qui faisait prier exagérément la femme en noir assise à ma droite pour le vol.... Allah allah Allah Allah qu'elle répétait en se frappant le front sur le siège avant et en m'agrippant la main à m'en bleuir les doigts à chaque vibration de l'oiseau mécanique. L'avion lui-même était assez archaïque, pas propre propre et sans film.  La moitié des bancs étaient coincés et ceux qui se baissaient le faisaient comme trop. Lugubre comme avion. 
À ma gauche, une fillette de 1 an environ roupillait pendant que son père gardait l'œil. Vers 3 heures du matin, lorsque je dormais (car je dors toujours en avion) un cri de la mort retentit! Près de moi btw!!!! Le père était debout, tourné vers l'arrière et hurlait après un monsieur qui gesticulait et beuglait en arabe (et on sait que du "beuglage" en arabe, c'est assez spectaculaire merci!) Ça commence à se pousser mutuellement, ces deux énergumènes, et à tenter des manœuvres bizarre pour attaquer l'autre... Je couvre l'enfant à côté de moi parce que je commence à craindre que le bonhomme d'en arrière saute par dessus le banc. Quatre agents de bord étaient témoins de la scène et ne semblaient pas trop savoir quoi faire... à force d'écouter, je comprends quelques expressions françaises du genre "J'ai le droit!"... Je finis par me faire expliquer que le gars d'en avant (le papa) voulait incliner son siège pour dormir et que l'autre ne voulait rien savoir et passait son temps à donner des coups de genoux pour le relever. Wow !
Finalement, la chicane d'avion s'est réglée ainsi: le monsieur d'en arrière a été amené dans une autre section de l'avion pour se "reposer".

Ouais.
Cet avion était un havre de folie!
J'ai vu des passagers déposer leur plateau de bouffe par terre dans l'allée car ils avaient fini de manger. Des compartiments à bagages ouverts et fermés et ouverts sans relâche pendant tout le voyage, des gens pousser le siège incliné à coup de genoux, un agent de bord se blesser à la main en s'enfargeant dans une sacoche laissée dans l'allée, des gens sortir leur bagage à main des compartiments 5 à 10 minutes avant l'atterrissage, même si c'est interdit car dangereux.   J'étais très heureuse de sortir de cet avion. Je commençais à me sentir étrange. Comme dans un rêve.
J'étais à Casablanca, au Maroc.

En sortant, je rencontre Josée, une femme passionnée de voyage avant fait le tour du monde. Elle vient du Québec, comme moi. Elle aussi partait à Istanbul et était dans le même rush que moi pour prendre la connexion à temps, mais avec le rattrapage en vol, nous avions le temps, surtout que notre enregistrement avait été fait depuis Montréal. On prend le temps d'arrêter aux toilettes pour se faire dire que la seule toilette du terminal était hors service. Donc on se dit qu'on va y aller dans l'avion. On s'enligne pour la porte A1, et on voit que l'embarquement est en cours. Tout est sous contrôle. On prend notre place dans la file. Par contre, juste avant moi, on me dit: "non, on a ordre du capitaine d'arrêter l'embarquement". Ok. Mais c'est bizarre. Cinq minutes plus tard, je commence à m'inquiéter car le vol part dans 20 minutes et nous sommes encore là à attendre. Je demande: est-ce qu'on va pouvoir embarquer? Une dame me répond: "nous sommes en train de faire notre possible pour que oui".
Faire notre possible ???? Quossé ça! On a un billet! On n'est même pas sur liste d'attente!  On ne cesse de nous dire qu'il y a une limitation de vol et que nos places sont libres dans l'avion, mais qu'on ne peut pas embarquer. Hein ??? Une limitation ? C'est ridicule! Si j'ai un billet, et que la place est libre, et que mon bagage est dans l'avion, je devrais pouvoir embarquer!
Josée, ma nouvelle amie, mentionne le mot "overbooking"... Scandale! Le préposé commence à chigner que c'est pas de l'overbooking mais une limitation de vol, et blablabla... Il prend nos carte et appelle... Là je comprends! Il est en train de faire sortir nos bagage de l'avion. Misère! Mon ami Emre doit me rejoindre à Istanbul et il est déjà en route! Il faut que je trouve un moyen de lui faire faire demi-tour car Sakarya est à deux heures de la métropole!  Je me tourne vers Monsieur Royal Air Maroc et je lui montre qui n'est pas idiote ici. Je lui dis: "Hé, nous étions en transit. En transit. On a un billet enregistré depuis la veille de Montréal, avec un siège et tout. Notre bagage est aussi enregistré depuis la veille! Nous étions à l'heure pour l'embarquement. Dans la file, comme tout le monde. Habituellement, les places libres d'un vol doivent être comblées après le dernier appel. Or nous étions déjà en train d'attendre. Vous avez donné nos sièges à d'autres!" Il dit que non et il blablate un truc du genre "erreur de système", puis il revient à sa théorie bidon de "limitation de vol".

Hé man! On est en tabar***. Nous sommes Josée et moi, un mec turc, un Macédonien et un Sénégalais. Ils nous font descendre aux bureaux en bas pour voir s'ils ne pourraient pas nous ajouter sur le vol de l'après-midi avec Turkish Airlines... Mais Turkish Airlines a supposément overbooké son vol de 40 personnes de trop! Bullshit. C'est n'importe quoi! Là, on nous dit: "vous restez au Maroc une nuit, hôtel, navette et repas payés par la compagnie et vous partez sur le vol de demain midi".
Ouais mais je veux mon bagage.

"Pas de problème", qu'on nous dit. Une dame fait un appel, et on descend aux compteurs à bagages... pour ne rien trouver. Une préposée absolument désintéressée nous radote qu'elle va faire vérifier, elle fait un appelle... et devient muette pour deux heures. Parfois, je vais la questionner. Elle me dit: "Ils tentent de localiser vos bagage Mme". Parfois c'est Josée qui y va. Mais aucune prise en charge. Josée trouve une boutique à l'aéroport qui accepte de nous refiler leur mot de passe de routeur pour qu'on puisse aviser nos proches. J'écris à Emre, qui ne répond pas... Évidemment, car il est au volant en train de venir me chercher! J'écris à Özlem... qui ne répond pas non plus. J'écris donc à la sœur de Emre en turc pour lui dire: "Dis à Emre de vérifier ses messages Facebook car il y a un problème" lol (Dieu merci, je pars assez turc pour envoyer des messages d'urgence hihhihi)  Josée annule sa navette par courriel.
Un bonhomme se présente; il est surpris qu'on ne veuille plus voler à Istanbul. "Man, c'est pas ça l'histoire, nous on voulait bien voler, mais eux n'ont pas voulu de nous!". Ok, il va chercher.
Je réalise soudainement que c'est ma fête. Ouais. Je suis partie pour passer ça à l'aéroport.  Finalement le monsieur revient et nous dit tout heureux que les valises sont là. On se précipite car épuisés, et je trouve mon sac... mais Josée ne trouve pas sa valise! Incroyable mais vrai!
On retourne au kisoque à bagage voir la madame qui se fout de nous, ils nous disent d'attendre... et on attend... et encore, et encore... Ça fait quatre heures qu'on est là. Je ne veux pas laisser Josée seule, car c'est trop plate pour elle, et de toute façon, je n'ai aucun autre plan. Finalement, Josée réussit à faire venir un superviseur... qui nous dit que la valise est en route vers Istanbul... probablement. Hiiiiiiiii on aime ça les probablements nous autres. C'est de la bullshit, encore de la bullshit!

"revenez demain matin, si on trouble la valise, vous l'enregistrerez et sinon elle est à Istanbul". On nous pitche ensuite en haute au kisoque de l'hébergement... où il n'y a personne. On attend. Un couple est déjà là à attendre... Dix minutes après, quelqu'un revient et nous signe un voucher (un bon) pour deux chambres d'hôtel au Relax Hôtel avec des passes de repas. Yayyyy ! On s'en va à l'hôtel! Nous sommes fatiguées de tout ce niaisage. Il est environ 14h.

On arrive... Déjà, le wifi de l'hôtel est en panne... et leur téléphone publique aussi. Super! Ensuite, on nous dit que les chambres ne sont pas prêtes et qu'on doit revenir dans une heure... Quoiiiiiii ???? Pas prêtes à 14h? C'est pas à 14h, le check-in, habituellement? Faut croire que non. On nous donne un bon pour luncher, en attendant. Le resto est une gargote avec des réchauds où trainent des mets douteux et rendus froids. Du poulet froid, des pâtes froides, des légumes froids. Il n'y a que de l'eau à boire... mais en fontaine. Peu rassurant. Ça vient d'où, cette eau? D'une champelure? On ne boit pas cela. Je ne manque qu'une mini tranche de melon et Josée goûte son poulet mais je la convainc de ne pas continuer.  On retourne attendre notre chambre...
Entre temps, on rencontre Luc et Marina. On les avait croisé aussi à l'aéroport, car ils étaient sur le même vol que nous Montréal-Casablanca, mais repartaient pour Nice et n'avaient pas eu de place sauf le lendemain. Luc est un papa Québécois et Marina, sa jeune fille de 12 ans, moitié française moitié Québécoise. Comme les parents sont séparés, Luc vient en France pour être près de sa fille, mais un mois par années, ils vont visiter la famille québécoise dans la région de Sherbrooke. Marina est adorable. Intelligente, ouverte et douce, et elle est trop mignonne avec son accent français mêlé à des expressions québécoises typiques du genre "C'est full bon". Je l'aime tout de suite.
Luc s'est renseigné et pour aller en ville, ça coûte 50 Euros par taxi, aller-retour, et le chauffeur reste à notre disposition pendant 3 à 4 heures. Il nous propose d'aller en ville et de partager la course. Pourquoi pas? Après tout, nous sommes loin de toi et l'hôtel est assez ordinaire.
On se donne rendez-vous à 16h15 dans le hall. Entre temps, nous réussissons à avoir nos chambres vers 15h50. Josée prend une douche rapide (eau froide seulement dans sa chambre), moi je me change pour être à l'aise.
Puis, on part découvrir cette Casablanca. Tout ce que j'en sais, c'est que c'est gros et qu'il y a des pick pockets. Notre chauffeur Fouad nous amène au marché. Il n'y a pratiquement aucun touriste! On s'y promène. On prend des photos. Il fait soleil mais c'est endurable, car c'est la fin de la journée. On erre dans les boutiques, on tente de se défaire de marchands voulant à tout prix nous vendre de l'huile d'argan, on s'achète un bini (beignet à la confiture d'abricot trempé dans le sucre). C'est agréable. La petite Marina pose des questions, elle s'amuse bien et trouve le pays coloré. Ensuite Fouad nous mène à la grande mosquée sultan Hasan II, un lieu unique en son genre et absolument sublime, juché sur une butte à côté de l'Océan Atlantique. Je trouve le tout fabuleux. Il y a des photos à prendre, surtout de gens fascinants errant sur les lieux. Sincèrement, l'après-midi est agréable. Puis on va sur une promenade en bord de mer dans un coin appelé la Corniche, coin assez huppé, et on termine dans un dépanneur pour acheter de l'eau et du cola.
Retour à l'hôtel et souper en compagnie de nos amis (des mets du midi avec une variante olive), avant de se dire au revoir car eux volent très tôt le lendemain.
Une journée catastrophique à  prime abord se termine donc sur une notre agréable, pour mon anniversaire. Et la cerise sur le sunday: J'ai de l'eau chaude dans ma douche! Et une télé avec TF1! Yayyyyyyyy!
Tout ce que j'espère c'est qu'Emre ait eu mon message. Je lui ai dit de retourner à Sakarya, car mon vol avait été déplacé au lendemain et que j'allais partir en bus.
Toujours pas de wifi, donc mon crédit Skype ne me sert pas à grand chose.

Le lendemain (aujourd'hui), après un petit déj aussi dégueulasse que la veille, on prend la navette pour l'aéroport. Josée retourne voir le préposé aux bagages et c'est un "probablement à Istanbul" comme réponse finale. Stressant! Après avoir cherché notre comptoir d'enregistrement comme des damnés, tout semble au beau fixe. Et finalement, cette journée se déroule comme prévu. On part à 11h55, on arrive à peu près à l'heure, Josée trouve rapidement sa valide à Istanbul, et mon Skype wifi se met à fonctionner aux comptoirs à bagages... juste à temps pour tomber sur un message d'Emre qui me dit un truc du genre "J'ai couché à Istanbul, je serai là, j'ai trouvé l'heure d'arrivée de ton vol".

WOWWWWWWW ! Non mais, ça c'est un ami! Il est resté! Pour me faire plaisir! Quand il sait très bien que je suis capable comme une grande de trouver mon chemin et de me rendre au terminal de bus seule. Il est resté ! Joieeeeeeee! Je serre Josée très fort en riant. Finalement, un malheur peut nous faire faire de belles rencontres et Josée a fait de mon anniversaire une journée spéciale, en étant là, tout simplement, et on partageant mes frustrations. Être seule aurait été horrible. Être bien accompagnée a été super.

Le free for all marocain ne nous a pas impressionné. Nous avons trouvé Royal Air Maroc assez pitoyable. Cette compagnie ne m'aura plus comme cliente. Je volerai pour une dernière fois avec eux le 24 septembre. Ensuite, je tourne la page. J'ai détesté leur manque d'honnêteté et la négligence de leurs équipes. Je suis restée ébahie par leur manque d'entrepreneurship et leur façon de ne pas prendre en charge leurs clients. Je n'aime pas qu'on me prenne pour une idiote ni qu'on m'infantilise. J'aime qu'on soit direct, straight to the point.

Mais tout est bien qui finit bien! J'ai retrouvé Özlem et Alper dans leur nouvelle demeure, et je suis en extase car ils ont une toilette occidentale!!!!! Pas de trou chez eux! J'ai fait une p'tite danse de "touch down" comme au foot, car j'ai découvert la chose.

Et le thé turc et le magnum blanc ont été délicieux.
Et Emre fort agréable sur la route.
Et je suis heureuse, car une telle aventure ne peut que me donner des ailes pour la suite.

Voici quelques photos de Casablanca

iyi geceler!
Marché
 

Vendeur de pommes pensif

Les fenêtres colorées

Ma petite Marina et moi, heureuses au marché

La célèbre mosquée Hasan II

Reliefs dans la cours de la Mosquée
 
Détails des reliefs

Le minaret

Scène typique de fin de semaine : on se rafraîchit dans l'Atlantique

 

Jasette sur les marches

Maman et bébé

Vue depuis la Corniche

Marie-Eve, Josée et Marina avec des binis à la confiture

Il faut une photo kitsh en voyage: là voilà!

Scène de vie difficile: la plupart des mendiants sont des femmes



3 commentaires:

  1. Oufff... j'espère que le reste de ton voyage sera un peu plus calme :)
    Sylvie :)

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  2. Tu as bien géré la situation. Au moins Casablanca a l'air sublime du moins la Mosquée! Les femmes s'habillent de façon très coloré. C'est jolie à voir. Bisous.

    Éric

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  3. Wow ma cocotte! Tout un périple jusqu'à maintenant! En tout cas quand ça fini bien ça fait de belles anecdotes à raconter. Sois prudente et au plaisir de te relire! Bisous Suzanne

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