Je ne donne pas tant de nouvelles que cela.
Mais le temps passe trop vite et j'essais d'en profiter au maximum. Dans deux jours déjà, je pars pour Istanbul rencontrer mon amie et dès qu'elle repart chez elle, je commence mon épopée vers l'Est et ses villes mystérieuses. Je vibre au rythme de mon deuxìème chez moi. Et de moins en moins on me prend pour une étrange étrangère. :) Özlem me l'a fait remarqué hier. On m'aborde en Turc directement. Probablement parce que je ne passe plus mon temps à regarder partout et à prendre n'importe quoi en photo. Je me promène, désinvolte, et je fais la turque. C'est devenu un réflexe. Je commence à avoir l'attitude turque dans la peau.
Je suis revenue hier matin de Safranbolu.
Safranbolu ne m'a pas déçu. C'est une toute petite ville à 4 heures de bus de Sakarya, dans une vallée très verdoyante, et montagneuse. Sur la route, le panorama est superbe. À couper le souffle. On doit observer. On passe des maisons de campagne, avec des greniers pleins de grains, des bergers, des plaines agricoles.
La veille de notre départ, j'ai dormi chez la belle Emel, une amie à moi, qui ne parle que le Turc, comme vous le savez maintenant. Sa famille est d'origine bulgare et elle-même est née en Bulgarie. Ce sont des Turcs de Bulgarie. On a souvent ce genre d'immigrants dans la région. Les parents de Emel vivent un peu à l'extérieur de la vie, sur une colline où l'air est pur et agréable. Ils ont un super jardin bio rempli de bonnes choses. Leurs tomates sont probablement les meilleures au monde. J'ai jamais vu ça. Les Turcs, dès qu'ils le peuvent, ont un jardin. Ils sont d'excellents jardiniers et aiment manger bio. Le biologique est important pour eux et les produits de la ferme sont aussi. Ils n'achètent JAMAIS de quart de pain à l'épicerie. Ils vont toujours chez le boulanger. Leur pain est toujours frais et il y a une boulangerie dans chaque quartier. Ces entreprises sont rentables.
Donc nous sommes parties tôt pour le terminal, avec la papa d'Emel qui ne voulait pas nous laisser y aller en taxi dolmus. Avant, sa maman nous avait fait un fort copieux petit déj. Du fromage, des confitures de figue maison, du simit, des omelettes au persil, de la salça de poivron. Nous avons pris le bus pour arriver vers 14h à Safranbolu. Il pleuvait. Pas beaucoup, mais assez pour nous rendre la vie moins confortable, disons-le. Safranbolu est une vieille ville avec des pavés en pierres inégales. Avec de l'eau, ça glisse. Les vieilles maisons de Safranbolu sont classées au patrimoine mondial de l'Unesco. Elles sont uniques en leur genre. D'ailleurs, nous dormions dans un konak, une de ces vieilles maisons converties en maison d'hôte, et notre chambre était de bois du plancher au plafond. Magnifique. Les petits lits simples étaient terriblement confortables et malgré le froid extérieur (10 degrés! Wow! On se serait cru au Canada!), nous étions confortables.
Mon turc avait pris du corps depuis la veille, et mes hésitations étaient de moins en moins angoissantes pour moi. Emel et moi parlions aisément, et sans jamais utiliser d'Anglais. Même si certaines de mes phrases étaient boiteuses, le sens y était et Emel ne me reprenait jamais. La différence entre Emel et Emre est évidente: Emre est payé pour me reprendre. Il est mon ami, mais aussi mon professeur. Emel, elle, n'a que le mandat d'être mon amie. Elle laisse la conversation couler et la pratique m'est tout aussi bénéfique, quoi que différente.
Le soleil se pointait souvent le bout du nez, mais pour quelques minutes seulement. La pluie recommençait ensuite, doucement puis plus intensément. Elle ne nous empêchait pas de rigoler. Nous nous sentions un peu aventurières avec notre parapluie sous le soleil, et fermé sous la pluie, et nos chaussures pleines de boue, et nos cheveux en broussailles à cause du vent de montagne. Mais le moral y était. Même si Dame Nature a tout tenté pour nous décourager, Sanfranbolu, elle, ne nous a jamais abandonnées. Nous étions heureuses. Emel passait son dernier moment avec moi pour un petit bout. Elle est en attente de connaître dans quelle ville elle aura sa permanence comme professeure d'informatique... Elle doit aller de 2 à 5 ans dans une ville choisie par le gouvernement pour pouvoir revenir où elle le veut ensuite. C'est comme ça en Turquie. Il y a des inconvénients, mais aussi des avantages, comme celui d'avoir une permanence rapidement dans le système scolaire publique. Elle le saura en début de semaine et l'école commence dans deux semaines. Safranbolu était donc notre dernier petit moment ensemble. Si je reviens l'an prochain, je devrai aller la voir dans son nouveau chez-elle. Mais je suis contente qu'elle ait réussi à avoir un poste. Ça changera beaucoup de choses dans sa vie.
Après la vieille ville, nous avons engagé un chauffeur de taxi pour nous mener vers la grotte du coin, une superbe grotte profonde et remplie de stalactites et stalagmites, toute illuminée et vibrante de musique classique. Le chauffeur devait ensuite nous mener vers la kristal teras, un belvédère surplombant un canyon, dont le plancher est vitré pour qu'on puisse voir sous nous. Il y en a un identique au Grand Canyon aux USA. Lorsque nous sommes arrivées a la kristal teras, il ne pleuvait plus, et il y avait deux arcs-en-ciels. Pour les photos, c'est fantastique! Le canyon nous paraissait encore plus magnifique. La journée avec Emel à Safranbolu s'est terminée dans un restaurant très connu du coin pour son agneau grillé (que j'ai choisi et que j'ai mangé rapidement, car j'étais affamée), un agneau délicieux servi avec de l'oignon, des piments grillés et les superbes tomates ROUGE de Turquie (pas blanches comme chez nous, là!). Nous avons aussi bu thé après thé, en bavardant joyeusement de tout et de rien... Voyages, amours, travail, rêves, etc. Une belle journée, bref.
Si vous venez en Turquie et passez par Safranbolu, il faut y arrêter. Vraiment, ça vaut la peine.
Safranbolu
Vieille ville de Safranbolu
Comme un casse-tête :)
Les vieilles rues pavées de roche
Les konaklar sur le flanc de la falaise
Comme dans les films. Ville sur la colline.
avec les nuages c'est magnifique!
Les toits en dalles de terre cuite
Safranbolu = safran, épices
Et Safranbolu - noix
La grotte
Superbe!
La Canyon vu du vieux pont
Le vieux pont.
Un arc-en-ciel au loin
Le canyon est très vert!
Moi, Emel,et deux arcs-en ciel, photo gracieuseté de notre chauffeur
de taxi qui nous a suivi partout hihihi
J'adore cette photo
La ville de Safranbolu et les nuages
Pain plat, beurre au miel, agneau, et pain farci aux oignons et persil. Un délice.
J'aime le petit côté nuageux de cette journée là.
Puis, jeudi, je suis revenue tôt à Sakarya et les classes d'Özlem ont été annulée. Nous sommes donc aller errer en ville au gré du moment. Emre nous avait suggéré un nouvel endroit cool en ville appelé Le Man Kültür. Lorsque nous sommes arrivées, c'était bondé, mais deux étudiants de mon amie: Burcu et Mustafa y étaient et nous ont fait de la place. Là, j'ai jasé en Turc. Mustafa est étudiant en histoire et en histoire de l'art (deux majeures) et c'est un excentique passionné. Il geticule, ses yeux brillent lorsqu'il parle de ses passions. Il lisse sa petite moustache ottomane (rare chez les jeunes hommes aujourd'hui). Burcu est une belle petite blonde ricaneuse et romantique qui étudie en psychologie à Istanbul. Ils sont de proches amis et j'ai beaucoup profité de leur compagnie pour retester ma nouvelle confiance en Turc.
Emre est passé avec son collègue Ali pour nous saluer... Ils nous a bien fait rire car Emre parle un Anglais américain et au lieu de nous dire: Voici Ali, il a dit en Anglais I am with Aliiii (éliiiiii), prononcé à l'anglaise. :D Trop comique, venant d'un Turc. Angliciser un prénom si moyen-oriental ! hihihhi J'adore!
En soirée, les deux cousins d'Özlem, Talha et Cihan sont venus nous trouver car ils étaient en ville. Ils dormaient aussi chez Özlem et Alper. Nous avons soupé tous ensemble en ville puis nous sommes allés fumer un nargilé au Café Beyzade, un endroit super. On a tellement ri! Je connais Talha depuis 2011 mais à cette époque il était un jeune étudiant quittant sa famille pour la première fois. J'ai retrouvé un jeune homme amusant et confiant, très émotif et adorable. Cihan, lui, se sentait soudainement en confiance de me parler, maintenant que je le comprends officiellement (hihihi) et Özlem et moi on a passé la soirée à essayer de lui trouver une blonde dans nos amis Facebook. Disons qu'on n'a pas fini de chercher, car ses attentes sont plutôt... impossibles à combler. Mais c'était adorable. Je les aime beaucoup et Cihan et Talha sont pour moi comme de la famille élargie. Il y a cette complicité des cousins, entre nous.
Comme l'appartement d'Ozlem est petit, j'ai dormé avec Özlem dans le lit à la place d'Alper, qui lui a pris le divan hihihi. Talha a dormi sur le divan avec lui et Cihan sur le lit d'invité...
Ce soir je sors avec Emre. On va se raconter nos vies et rigoler, comme toujours. Il ne me reste que demain à Sakarya avant de reprendre la route. J'ai toujours cette nostalgie qui m'habite, celle du manque de temps. Celle d'être trop loin trop souvent.
Mais l'amitié traverse les frontières du temps et de la distance, lorsqu'elles sont sincères.
J'aurai toujours une place ici, dans ma ville de Turquie et je ne serai jamais seule.
Alper, Talha et Özlem à Beyzade
Fin de soirée, on est brûlés mais on a eu du fun, avec Özlem, Alper
Talha, Cihan et moi. :) Ma deuxième famille, bref!
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