Ce matin, à 7:00h, les mecs devaient se rendre à la Mosquée pour la prière. Ils n'y vont pas à tous les jours, mais aujourd'hui, c'est important. Le Ramadan est terminé et c'est Bayram (fête) pour trois jours. Ça va se passer comment ? J'ai questionné Özlem.
Elle m'a expliqué qu'à Bayram, les gens (familles et amis) se visitent entre elles. Le premier jour, on visite les membres les plus jeunes de notre famille. Le deuxième jour on visite les aînés. Le troisième jour on visite le reste. La tradition ici en Turquie est la suivante: La visite arrive. Les enfants se dirigent vers les personnes plus âgées (le père d'Özlem, par exemple)leur embrassent la main, et la collent une petite seconde sur le front de l'aîné, pour finir par une accolade. En échange, les visiteurs reçoivent de l'argent (hé oui!) ou des sucreries. Dans chaque maison, on nous offres des turkish delights ou des baklavas, des bonbons au chocolat, du café, du thé, du cola, de la fanta. On nous offre aussi de l'eau de cologne pour les mains. Et on parle. On parle un bon bout. On rit. Et ensuite, d'autres visiteurs arrivent et succèdent à ceux et celles qui viennent de partir, et ainsi de suite. Plus tard, nous partons aussi visiter ceux qui nous ont déjà visité, et c'est comme ça pendant trois jours.
J'ai suivi religieusement tout le monde ! Et oui, j'ai bouffé des baklavas jusqu'à satiété. J'ai du sirop à la place du sang, c'est maintenant un fait. D'ailleurs, y'a rien de mieux qu'un bon baklava maison pour nous empêcher de dormir toute une nuit. Toute la journée, j'ai été en visite. Le soir, on a encore mangé un festin concocté par ma maman turque (hihihi) et on a terminé ça à la crème glacée, en ville, pour profiter de l'air plus frais. La fin du Ramadan (Ramazan en turc), c'est très festif. Tous les gens sortent dans la rue, mangent une glace, boivent un café.
Quelques traditions ou habitudes turques :
1) On fait attention au mauvais oeil. On met des amulettes du mauvais oeil ( un oeil rond, bleu, blanc et noir) partout, et on termine souvent nos phrases par le mot : maaşallah. Ça chasse la gigne. Quand on voit un bébé, on doit faire attention, car ils sont sensibles au mauvais oeil. On doit donc dire d'eux le contraire de ce qu'on pense. Si un bébé est beau, on ne dira pas : Güzel (beau) mais plutôt çirkin (laid). Les grands-mères passent leur temps à dire à leurs petits enfants qu'ils sont très laids en les embrassant. C'est vraiment bizarre, au début. Ensuite on s'habitue. J'ai commencé à dire aux mamans de nourissons que leurs bébés étaient laids, et j'ai toujours un grand sourire en échange. Ça n'offense personne, au contraire. lol
2) Les tapis turcs sont partout. Les turcs ont des tapis superbes dans leur logis. Ils déroulent aussi des tapis sur le balcon et s'écrasent sur des coussins comme de vrais pachas après le souper, Ils peuvent passer des heures à boire du thé et à jouer au backgammon (tabla) sur les tapis.
3) Les turcs lisent l'avenir dans le marc du café. Quand on boit un café turc, il reste un résidu de café dans le fond de la tasse. C'est le marc du café. On retourne rapidement sa tasse sur la soucoupe et on attend. ensuite on retourne la tasse et on lit l'avenir sur les résidus de cafés qui marquent les rebords de la tasse. Je croyais qu'on me niaisait, au début, mais en fait, à force d'observer, j'ai remaqué que tout le monde fait ça. Il existe une multitude de symbole qu'on recherche dans le marc, et même dans les téléromans on lit l'avenir dans le café. C'est hallucinant comme la pratique est populaire.
4) La mode n'existe pas, ou plutôt elle existe tellement qu'on ne la distingue plus du reste. Ici, nous sommes dans une ville où les femmes sont principalement voilées. Özlem ne se voile pas, mais sa mère oui. Par contre, c'est fou comme il y a différents modèles de vêtements pour les femmes supposéement plus "conservatrices"... En fait, je me rends compte que le voile n'a pas nécessairement un lieu avec le conservatisme. J'ai rencontré jusqu'à maintenant des jeunes femmes tout à fait de leur époque, avec les mêmes goûts que moi, les mêmes ambitions, et qui pourtant se voilent. Elles portent des vêtement hyper ajustés, des jeans taille basse, des talons aiguilles plus haut que ceux que j'ai chez moi, et leur maquillage est complet et leurs bijoux très brillants... Elles ont un voile. Et puis quoi ? J'ai pas changé d'idée sur le voile: je suis neutre. On me dit souvent que le choix n'est pas naturel pour une femme, et qu'il a été imposé par l'homme... Probablement. Mais j'ai demandé à une jeune femme de 18 ans pourquoi elle se voilait et sa réponse m'a totalement déconcerté. Elle m'a dit: "Pour le style. C'est tellement beau ! " C'est vrai que c'est beau. Le voile turc, je précise. Ici, il n'y a pas vraiment de femmes en noir. Il n'y a pas non plus d'obligation de se voiler. Même que c'est interdit dans les institutions et les universités. La Turquie est un pays laïc de par la loi. Et à Istanbul, la plupart des femmes ne se voilent pas. Mais là, je suis en Anatolie. Plus en Europe. Est-ce qu'on me regarde parce que je ne suis pas voilée ? Non. Est-ce que les mères et pères mettent de la pression sur leurs filles pour qu'elles se voilent ? Peut-être que oui, peut-être que non. Cela dit, je me rends compte qu'il faut arrêter de penser pour les femmes musulmanes. C'est pas comme ça que le monde évolue correctement. On veut un monde idéal, sans voile... Mais le fait est que ces femmes sont voilées, et ce, malgré les conditions idéales pour laisser tomber le voile. Je ne prends pas leur défense, mais je constate. Elles ont une opinion très intéressantes sur le sujet, quand on leur pose la question. Il faut simplement vouloir écouter et s'y intéresser. Özlem m'a dit: "je ne porte pas le voile parce que je crois avec mon coeur". Je trouve que c'est une opinion qui se tient. Gülsüm, une autre amie, m'a dit: "J'aime le sentiment de paix que le voile a sur moi". Elle a partagé ma chambre pour une nuit et j'ai été surpise de voir sa longue chevelure clair s'éparpiller sur son dos, à l'heure de dormir. Vouloir être en paix, calme et paisible, c'est aussi une raison valable. Je vous dirais qu'en Amérique du Nord, on se bourre la fraise de médocs pour y arriver, bien souvent. Nous sommes le paradis du ritalin, de l'antidépresseur et des pillules contre les maux de tête. Je constate qu'on peut avoir chacun sa manière de soigner ses bobos, c'est tout.
Sur ce, bonne nuit et Iyi bayramlar !
Voici quelques photos, pour vous faire plaisir. J'ai choisi des photos de gens, principalement, car ce voyage en est un de rencontres facinantes. :)
Alper qui fume le narguilé comme un sultan.
Özlem et moi dans sa ville natale
Souper familial
Café turc du matin
Özlem et ses parents au centre-ville
Petites princesses en visite pour Bayram
"Meyve kocam" et moi. Meyve kocam veut dire: mon mari fruité. Il faut dire qu'une prune se dit "erik" en turc. ahahaha
Tapis turc et backgammon (tabla) père-fille
Je pose avec mon fan club. Ces petites sont venues ME visiter pour Bayram, car elles ont entendu parler de "l'étrange étrangère". :)
Parcelle du jardin familial
Özlem, Gülsüm et moi dans un café
Koca-man qui prépare des aubergines au yogourt pour notre pique-nique
N'est-elle pas magnifique, cette Gülsüm ? :)
Amitié, tu n'as pas de frontières
Özlem et son oncle Mustafa qui prépare le barbecue
Un festin: du boulghour, de la salade d'aubergine au yogourt, des tomates et des oignons cuits sur le gill, les poivrons de la maison, du pain frais... La viande s'en vient!
En visite dans la ville d'Eskişehir
Je sais pas fumer. Je n'y peux rien. :P
On visite une certaine prison dans une ville que je n'ai pas le droit de nommer car en vérité, on ne peut pas prendre ce genre de photos... INTERDIT. Mais les policiers nous ont laissé le faire. ;)
Bon voyage soeurette et pense à moi quand tu mangeras tes prochains baklavas. :)
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