vendredi 23 septembre 2011

Du thé, du thé, du thé...

Je pense que je vais faire une crise de coeur.
Non mais, sans blague, depuis que je suis à Istanbul, je ne dors plus. C'est le thé. Tout est la faute du thé.
Je passe mon temps à m'en faire servir. C'est débile !
Ici, le thé fait partie de la vie. les Turcs en boivent toute la journée, ça ne coûte presque rien et c'est un signe d'hospitalité ou un incitatif au commerce.
On nous offre le thé, et personne ne paye jamais pour. Attention, c'est pas pour nos beaux yeux, là!

1) Quand on boit un thé chez un commerçant, c'est bon pour la négociation. Ça nous fait attendre avant de conclure. On décide d'acheter plus, et le commerçant décide de baisser son prix. Un petit temps de réflexion qui est souvent très efficace.

2) Quand un restaurateur nous offre le thé même si on ne mange pas, c'est pas seulement pour être fin. C'est bon pour leur visibilité. Pendant que je bois mon thé sur la terrasse, ça donne l'impression que le resto fonctionne bien, même dans les heures mortes. Les gens se disent: "ça doit être bon, puisqu'il y a du monde".

Ainsi, quand je suis allée souper au resto de Mustafa (je vais au moins une fois chez Mustafa quand je passe par Istanbul), il m'a gavé de thé après le repas. J'ai bus trois petits verres et une grosse tasse... Et comme son thé est fort, c'est normal qu'à 1h20 du matin, j'ai l'impression que je vais faire une crise de coeur en écrivant ce billet.
Aujourd'hui, j'ai bu du thé.
J'ai aussi fait un peu de magasinage... mais j'ai principalement bu du thé.

Ça a commencé tôt ce matin. Au Bazar égyptien, à Eminönü, j'ai bu du thé à la pomme dans une boutique de loukoums (turkish delights). Un vrai thé à la pomme. Pas un thé sucré et synthétique. Habituellement, le elma çay est complètement artificiel. Ça goûte le jus de pomme en fontaine, mais chaud. Sauf que là, c'était du vrai thé avec des morceaux de pommes séchées qu'on laisse infuser.

Après, j'ai bu un cola et mangé une crèpe aux bananes dans un resto, parce que le p'tit serveur était un ange. Pas un Angus. Un ange. Il m'a servi deux thés turcs pendant qu'on jasait sur les futurs cours de turc que je pourrais prendre dans une école de Taksim, si je revenais en Turquie.

Puis j'ai bu un thé dans une librairie pendant que j'achètais "Le petit Prince", version turque.

Puis, je suis revenue à l'hôtel, et là, le petit gars de la réception a décidé que je devais boire un thé avec lui, comme hier d'ailleurs, parce qu'il me trouve "enjoyable". Il aime m'entendre raconter mes journée et ça le fait rire aux éclats.

Puis, je suis allée souper. Mustafa fait probablement le thé le plus fort de la ville. J'ai bu mes quatre verres sans broncher. Quand il a déposé la grosse tasse devant moi, en dernier, il ne m'avait même pas demandé si j'en voulais d'autre. Il m'a juste dit: " Tu ne peux pas me le refuser". Alors j'ai bu son satané thé, en pensant: "J'ai la patate qui bat à 100 à l'heure"...

Puis, j'ai décidé d'aller faire une petite marche dans le quartier pour faire passer tout ça et... là, on m'a offert un autre thé, dans un resto italien presque vide. Le serveur de 26 ans me dit: "Ça attire la clientèle, tu ne peux pas refuser"... Et moi de lui répondre: "J'ai trop bu de thé"... Alors, il me dit: "une bière, ça fait pareil". Donc j'ai eu mon 500 ml de bière gratos, tout ça pour lui jaser ça pendant 30 min sur la terrasse. La tactique a fonctionné: des Japonais sont venus au restaurant par la suite. Il était comique, ce serveur. Il me racontait qu'il avait une blonde à Kars, une ville de l'est, mais qu'elle était encore aux études et qu elle allait gagner encore plus cher que lui dans quelque temps. En Turquie, disons que ce n'est pas encore accepté dans les familles. Lui voudrait l'épouser et elle aussi, mais les parents de mam'zelle refusent catégoriquement. Ils veulent un bon parti pour leur fille, pas un serveur. C'est comme ça.  Donc j'ai pas bu de thé dans ce resto, mais bien une grosse bière gratos.

Et  me voici de retour dans ma petite chambre, en train de vous écrire que la vie est belle quand on a du thé qui coule dans le sang.  

Laissez-moi maintenant vous parler des mes aurevoirs. J'ai pleuré en masse. Quand Özlem est parti travailler en me laissant toute seule, j'ai versé pas mal de larmes. Pas facile de quitter ceux qu'on aime, même pour aller retrouver ceux qu'on aime aussi. Pas facile de quitter l'Asie non-plus. J'aime l'Anatolie. J'aime les paysages de cette terre. Quand j'ai traversé le pont d'Istanbul, et que j'ai vu: Welcome to Europe, je me suis dit: ça y est, je suis dans mon dernier droit.
La veille, Özlem et moi étions allées au souk du mercredi (les bazars extérieurs sont habituellement le mercredi, en Turquie), on en avait bien profité. J'ai pris des photos assez comiques de brassières suspendues dans les airs, pèle-mêle, et de jupes fleuries typiques avec un écriteau dessus qui disait: JUPES DE MAMANS.  hihihi. Disons que le vendeur avait une clientèle cible assez précise.  Assez rigolo, disons-le.  

Il me reste une journée en terre turque. Je pars pour l'aéroport vers 4h du matin le 25, pour prendre mon avion. Ensuite, je reprendrai ma routine, et c'est correct comme ça. Je sais que je reviendrai, de toute façon. Je commence à me retrouver assez facilement dans certains quartiers de la ville. J'ai de bons repères, maintenant. J'ai pas encore eu besoin d'utiliser mon Cartoville. Je vous dirais que c'est pas évident d'être une femme seule dans cette ville, cependant. Il y a les casanovas, évidemment, qui me voient venir de loin. Ils sont de beaux parleurs. Bien des femmes se laissent prendre au jeu. Certains sont quand-même gentils et une fois le stade du je te veux, me veux-tu? passé, ils se montrent prévenants et respectueux. Mais une femme qui n'est pas habituée à ces comportements insistants pourrait avoir vraiment peur. Je n'ai pas peur. Je suis allée en Inde et en Égypte, ou c'est la même chose. Et les hommes turcs de ce genre (je dis bien de ce genre, et non pas l'homme turc en général), s'ils complimentent beaucoup et semblent chercher le sexe facile, reste quand-même un compagnon de thé agréable.
Mustafa m'a dit, aujourd'hui, que j'étais très divertissante et que c'est pour ça qu'il me gavait de thé. Il veut que je reste pendant la grosse période de repas. Il m'utilise comme un outil, en quelque sorte.

Je vais tenter, demain, de ne pas trop boire de thé. Sinon, je risque de trouver la nuit longue ou courte, c'est selon.

Bises.

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