jeudi 28 avril 2011

C'est d'une tristesse...

Petite parenthèse de la mort qui tue.

J'ai une amie égyptienne qui s'appelle Hend. Elle est guide touristique au Caire, à son compte, et prend des contrats avec diverses compagnies, dont Intrepid Travel.
Je l'ai connue lorsqu'elle a été ma guide en Égypte, et depuis, nous sommes restées en contact via internet. 
Comme tous les Égyptiens, elle a vécu à fond la révolution de ce printemps. Elle comme les autres, souhaitait un changement radical en Égypte, pour le bien commun.
Cette jeune femme, une vrai petit paradoxe égyptien comme on en recontre plusieurs, est une jeune femme moderne, même si elle couvre ses cheveux, et est probablement bien plus à la mode que vous et moi. Elle a étudié, elle parle un Anglais impreccable, comprend un peu de français et est une passionnée de culture.
C'est avec elle que je devais aller en voyage au Liban, mais ce projet est reporté, comme vous le savez. Ce n'est que partie remise.

Et bien aujourd'hui, la jeune femme m'écrit un courriel me racontant qu'elle était un peu déprimé, car elle tente d'obtenir un visa temporaire pour faire un voyage en Australie. Elle veut juste aller visiter, exactement comme ce que je passe mon temps à faire quand je voyage. Aujourd'hui, elle a reçu une lettre de l'Ambassade d'Australie lui expliquant qu'elle avait été refusée, compte tenu des circonstances touchant la situation politique de son pays. On lui a clairement dit dans la lettre: "Nous n'avons aucune preuve que vous allez en Australie avec l'intention d'en repartir"...

:( C'est franchement triste qu'on en soit rendu là. Je me mets à sa place: Nous, touristes occidentaux, nous passons notre vie à envahir les pays comme l'Égypte. On y règne carrément ! On pense que notre cash peut tout acheter. On trouve ça drôle de négocier une babiole à 2 $ à un marchand qui ne vendra peut-être rien d'autre de sa journée et on n'accepte pas de céder. On a toujours l'impression de se faire avoir.  Lorsqu'une jeune femme instruite, avec un emploi, qui paie elle-même son voyage (et on sait que les salaires ne sont pas toujours très haut, en Égypte) veut partir à la découverte du monde, on lui ferme cependant la porte au nez.

Dans le fond, on aime contrôler. On aime être maître du rapport de force. On peut envahir les autres pays tant qu'on veut, en autant que leurs habitants ne viennent pas faire la même chose chez nous.
Je comprends qu'il faut garder un contrôle sur l'immigration illégale. C'est normal. Mais il faut aussi avoir du discernement. On dirait qu'on considère parfois les gens de certaines nationnalités comme des immigrants potentiels tout simplement, sans vie autre que la misère.
Pour votre info, Hend a une famille, des amis qu'elle adore, un emploi qui lui va à merveilles. Elle est sur facebook comme moi, elle va sur youtube pour passer le temps, elle sort, elle a étudié, elle cherche l'amour...
C'est un être humain avec d'être quoi que ce soit d'autre.

Et moi, je lui dis: "Viens au Canada", en pensant que contrairement aux méchants australiens, on allait voir en elle quelqu'un qui vient faire rouler notre économie avant de voir une immigrante potentielle (ce qui est de toute façon loin d'être la vérité).  Ben non. Elle m'a répondu ceci: "Impossible. C'est aussi difficile d'avoir le visa pour le Canada. C'est même plus difficile que pour l'Australie. Ça ne vaut même pas la peine d'essayer"...
Oh la la ! La claque en plein visage. Ouch.

J'ai honte.

Non mais, imaginez ! Si une fille comme elle est refusée chez nous, je me demande bien comment ça se fait que d'autres crapets ont réussi à y entrer et à rester ???? On a le système qu'on mérite. Si on jugeais nos visiteurs sur la qualité de leur dossier en général, plutôt que de faire de la discrimination par nationnalité, on s'en sortirait pas mal mieux. On aurait moins d'intégristes, moins de gens qui ne veulent pas apprendre la langue, moins de criminels en fuite, moins de gens avec des difficultés majeures d'adaptation. Et on aurait surtout plus de touristes, ce qui est évidemment excellent pour l'économie et l'emploi, en général.
Des touristes comme Hend, j'en voudrais à la tonne.

D'ailleurs, si vous allez en Égypte un jour, écrivez-moi avant de partir et je vous refilerai ses coordonnées. C'est la meilleure guide que j'ai eu, elle a des tarifs raisonnables, et vous en ferez votre amie rapidement. Elle a une manière de parler de l'Islam qui vient nous chercher. Elle a un don pour démystifier sa religion.

Ma belle Hend, c'est d'une tristesse sans fin que tu ne puisses pas venir me voir, du moins pas maintenant. Mais ce n'est que partie remise. Et saches, ma belle, qu'un jour, ce sera le retour du balancier. On mérite souvent les conséquences de nos choix .  Peut-être qu'un jour, ce sera l'Égypte qui refusera ses merveilles aux Occidentaux aussi facilement... Ou qui choisiera qui les mérite vraiment.

samedi 23 avril 2011

Ma belle Turquie d'amour...

Qui l'aurait cru !
Je suis devenue follement amoureuse d'un pays. Comme ça. Bang !
Ça ne m'a pas fait mal, du moins pas trop.
Mais là, j'suis prise avec ça. Ça coule dans mes veines et je commence à comprendre certains poètes qui déversent dans leurs vers des messages teintés de phéromones pour une ville X, un lieu Y.
Boum boum.
J'ai la patate qui bat à 100 à l'heure, juste à l'idée de penser que je reverrai bientôt le Bosphore.

Je me suis mise assidument à apprendre la langue d'Ohran Pamuk.
J'ai trouvé ce site web français, appelé le Polyglot Club, une pure merveille si on a la patiente de rechercher le bon prof des heures et des heures ... Il s'agit d'un club de langues pour lequel l'inscription est gratuite et les services aussi. J'offre et je demande. Dans mon cas, j'offre d'aider dans la langue de Molière, de Shakespeare et de Cervantes... en échange d'aide reçue dans celle de Pamuk. 
J'ai reçu des tas de courriels... Des mecs, des mecs, des mecs... Ils voulaient tous m'épouser et + + +...  J'ai eu des déclarations d'amour sans fin... Ahahah ! La galère !
Je me suis donc rapidement fait à l'idée qu'il me fallait une fille. Une fille de mon âge, à moins qu'elle ne joue dans l'équipe adverse, ne me ferait pas de demande en mariage.
Sur le site, il n'y en avait qu'une seule qui correspondait à ma petite liste de critères (je voulais quelqu'un de ma génération, au moins, et avec un base en anglais). La personne qui me semblait adéquate avait 28 ans,  mais aucune info de plus n'était dispo. J'ai donc pris un beau p'tit "guess". J'ai tenté ma chance et lui ai écris en lui disant: "J'suis sur Skype, MSN et facebook, si tu veux m'aider en turc, ce serait très apprécié".
La semaine suivante, j'avais une demande d'amitié sur facebook. La jeune femme, Özlem, me ressemblait beaucoup sur plusieurs aspects. Jeune mariée, même tranche d'âge, professeure d'anglais, qui avait étudié l'allemand au collège, toujours sans enfant... Une coincidence plus que parfaite.
On a eu le coup de foudre l'une pour l'autre ! Littéralement ! Depuis ce jour, on se parle deux fois par semaine sur skype. On s'écrit des courriels. Nous sommes devenu des amies. Un peu comme ces correspondants que j'avais, à mon adolescence, à qui j'écrivais des lettres sur tout et rien, on a réussi elle et moi à se bâtir une amitié malgré la distance. Les septiques de mon entourage ont tous été confondus, un à un. Ô merveilles !
Et là, c'est chez elle que je pars pour quelque temps. Elle est aussi contente que moi. ;)

Oui, parce que je vous annonce en primeur que je pars presque un mois complet en Turquie. Juste en Turquie. J'avais de beaux projets moyen-orientaux, mais compte tenu de la situation politique assez corsée en Syrie actuellement, j'ai décidé d'être sage. Oui oui, ça m'arrive parfois. Je suis une émotive analytique rationnelle... Ça fait bizarre comme mélange, mais c'est bel et bien tout moi ! Le Liban était la première étape d'un long "overland" Beyrouth à Istanbul... Je le ferai un jour, bien évidemment. Mais pas maintenant. Pas dans les manifs contre Baschar Al-Asad. Il faut que je sois raisonnable.
Alors, oui pour la Turquie, non pour le reste.

Ils (Özlem et Alper, le petit couple) ont déjà des projets pour moi. Au début, je voulais tout faire en un mois, me promener partout, d'Ouest en Est, me rendre jusqu'au lac de Van... Je ne dis pas que je ne le ferai pas...
Maintenant, je ne sais plus. Je crois que je vais bâtir le tout sur place, comme j'aime bien le faire parfois.
Mon billet d'avion est acheté. Un beau Montréal-Istanbul via Zurich. J'arrive à Istanbul le 28 août en après-midi. Je reste en Turquie jusqu'au 25 septembre inclusivement.  Je sais que Alper s'est déjà organisé avec sa soeur pour m'amener à Karasu, un petit balnéaire turc (peu d'étrangers) sur la Mer Noire, que je ne connais pas du tout, by the way. La soeur d'Alper a une maison d'été dans cette petite bourgade hyper bondée en été. Je vais donc faire au moins de la plage pour deux jours. héhé.  Je vais aussi probablement aller à Safranbolu, tant qu'à être dans le secteur. C'est une ville remplie de belles maisons ottomanes traditionnelles (konaks) et même si c'est touristique, j'ai compris que c'est un must du nord turc, et comme je ne l'ai pas encore vu... Je vais faire ma touriste de luxe et y aller. Après tout, je ne voyage pas pour flasher; c'est bien ridicule d'entendre du monde se vanter: "Oh je vais juste dans les places underground, MOUUUUA je fuis les attrape-touristes et les lieux bondés.... blablabla"....
"Heille. Ben oui chose. Vas-y pas au Taj Mahal, au Machu Pichu ou à St-Clinclin-du-Clinclin. . Moi, je ne me priverai pas parce que c'est touristique. Dans la vie, y'a pas juste les expériences, y'a aussi le plaisir des yeux et même si le tourisme de masse peut être barbant, on ne doit pas éviter le beau juste pour éviter les foules et les mafias de la vente du souvenir de rue Made-in-China".

D'ailleurs, en passant, pour tous ceux et celles qui pensent que j'apprends le turc pour flasher, sachez que c'est aucunement le cas. Je suis ce qu'on appelle une "turcophile". J'aime ce pays et je ne peux m'empêcher de vouloir connaître sa langue. Ça en dit tellement sur les gens, la langue ! Et vous (je parle ici de ceux qui vont dénigrer tout ça) qui vous marrez à mon propos en pensant que je veux juste qu'on dise "wow, est hot la fille"... Ben je m'en fous comme de l'an quarante. (Mausus que j'suis polie! ahahah!) J'ai pas besoin de l'approbation de quiconque. J'ai déjà du vécu et ça fait longtemps que je ne cherche plus l'unanimité. Vous pouvez quitter ce blog sur le champs, si vous le lisez pour mieux vomir après. Personne ne vous oblige à le lire.

Ouf. La pseudo montée de lait est "faitte". Je peux revenir à mes moutons.
Ce que je sais, c'est que j'avais prévu passer quelques jours seule à Istanbul... mais là, aujourd'hui, j'ai changé mes plans. Pour une raison que je n'avais pas envisagé, et qui me comble de joie. J'avais pas pensé que j'arrivais à la toute fin du Ramadan. Cette année, le Ramadan est du 1er au 30 août inclusivement. Le 30 août, c'est le fameux bris du jeûne, appelé Bayram. C'est le gros gros party dans les pays musulmans. C'est la fête la plus importante de l'année, un peu comme notre Noël ! Özlem, en se rendant compte que j'allais être en Turquie, m'a proposé de la suivre jusqu'à sa ville natale, Uşak, dans la province d'Izmir, pour passer ces jours avec sa famille et celle d'Alper, son mari. Elle a déjà demandé à son papa et il est très content d'accueillir "l'amie canadienne".
Ça va donc se passer comme ça: Le 28 août, en arrivant à l'aéroport Ataturk, vers 14h30, je vais directement aller à la centrale de bus pour prendre un bus vers Adapazarı, la ville d'Özlem, située à environ 1h30 d'Istanbul. Je devrais être en mesure de m'y rendre facilement. Il y a beaucoup de bus vers l'Anatolie et c'est une ville importante. Le lendemain, Özlem, Alper et moi, on va prendre un autre bus vers Uşak, une petite promenade d'environ 5h30, pour aller retrouver leurs familles. Le bris du jeûne est le 30 août. Je vais aussi fêter mon anniversaire là-bas, le 31 août.
Je ne sais pas combien de temps on va rester là-bas. Quelques jours au moins. On n'en sait rien !
Mais une chose est certaine, je me sens vraiment la bienvenue. Lorsque j'ai mentionné à Özlem que je ne voulais pas déranger, elle s'est contenté de rire en me disant: "Nous les Turcs, on aime recevoir"...

Alors c'est une histoire à suivre, mais je suis folle de joie à l'idée de passer Bayram avec une vraie famille turque. J'ai déjà l'impression d'avoir un privillège, ici. Il va falloir que je redouble d'efforts pour avoir un turc assez correct d'ici la fin août, parce que la jasette va être difficile, sinon ! Mais j'y arriverai. Je le sais. Mon voyage d'un mois en Turquie s'enligne pour devenir une vraie immersion. Je raffole de l'idée, encore plus que je me promener à droite et à gauche toute seule.

Comme on dis en turc:
öptüm. (bises xxx)