mardi 16 juillet 2013

Le plan C

Le plan A:
Départ 30 août: Montréal-Istanbul
15 septembre: vol vers le Caire
Retour 23-24 septembre: Caire-Montréal

Le plan B:
Départ 30 août: Montréal-Istanbul
Retour 24 septembre: Istanbul-Montréal.


Mon plan A, c'est celui que je prépare depuis des mois. Celui qui me permettrait de concilier mes amitiés turques et mes amitiés égyptiennes. Celui pour lesquels j'avais déjà des billets d'avion. Mais le plan A, c'est aussi la révolution égyptienne, qui un jour fait la pluie et le beau temps, et le lendemain retombe au calme... avant la prochaine tempête, probablement.

Je ne peux simplement pas me résoudre à abandonner mon plan A. Parce que nous sommes à la mi juillet que j'ai planifié aller en Égypte à la mi-septembre. Donc il reste deux mois aux Égyptiens pour retrouver un peu de routine. Leurs élections parlementaires sont prévues pour février.  Deux mois, c'est long. Si j'annule le plan A et que par la suite les choses se calment, j'aurai de gros regrets, car j'ai d'autres projets à court terme qui m'empêcheront de prendre des vacances en Égypte dans la prochaine année... et la suivante.

Mais si ça ne se calme pas ?

Je dois prévoir le coup, car si j'attends à la dernière minute, je risque de ne pas pouvoir avoir un vol décent.  La Turquie en Septembre, c'est très In. Y'a pas beaucoup de vols à un tarif raisonnable. Aussi, je vole avec Royal Air Maroc, donc si je ne veux pas payer de pénalités, je dois rester dans la même "alliance" et ça me laisse moins de marge de manœuvre. Ils n'ont pas tant de vols que ça. Et plus ça avance, plus le prix des vols augmente,  Septembre étant la fin de la haute saison.  Les vrais vols de dernière minute, ça existe encore, mais c'est peu probable pour certaines destinations...

Ouais.
Dilemme.

Gros dilemme.
Je ne suis pas le genre de fille qui veut à tout prix montrer qu'elle est "hot" en prenant des risques futiles. Me faire prendre en souricière dans une manif pro-Morsi, c'est pas ma tasse de thé.
Je ne suis pas non plus le genre de fille qui n'essaie pas d'aller jusqu'au bout de ses projets. Abandonner si tôt une si belle idée ? Nooooooooooooooooon ! Je ne peux tout simplement pas l'envisager.

Alors... J'ai fait quoi ?
J'ai appelé Expedia.ca. Je devais les appeler, de toute façon, suite à un changement d'heure d'un de mes vols. J'ai questionné la charmante jeune femme de leur service à la clientèle, et elle a compris ma situation "entre le cœur et la raison". Elle m'a arrangé quelque chose pour un coût minime, à ma grande surprise.

Soudainement, je me sens très joyeuse ! :D

Bon, appelons ça le plan C.
La fille d'Expédia m'a proposé ceci:
1) modifier mon billet de retour pour faire Istanbul-Montréal au lieu de Caire-Montréal.
2) ajouter un vol Caire-Istanbul à ce que j'ai déjà (J'ai déjà le bout Istanbul-Caire).

Donc...
En faisant ça...
Je me donne le choix.
Je vais en Turquie comme prévu. J'y reste deux semaines... ou trois. Si c'est assez calme, j'utilise la partie Istanbul-Caire/Caire-Istanbul.  Sinon, je fais annuler cette partie. Tout simplement. On ne se casse pas la tête !  De toute façon, j'ai un visa à entrées multiples pour la Turquie. C'est pas compliqué.

Donc...
Je ferai:
Montréal-Istanbul (30 août)
Istanbul-Caire (15 septembre)
Caire-Istanbul (23 septembre)
Istanbul-Montréal (24 septembre)

ou

Montréal-Istanbul (30 août)
Istanbul-Montréal (24 septembre)

Selon mes besoins et mes goûts. Selon mon feeling du moment. Selon si j'ai envie de manger du kochari ou un döner kebab. Selon si je veux boire de la Luxor ou de l'Efes Pilsen. Selon  si j'ai envie d'écouter Amr Diab ou encore Teoman. C'est trop cool de décider en toute fin. C'est moi qui contrôle, en quelque sorte... moi et l'armée... et le peuple égyptien, et les pro-morsi, et la police... mais moi quand-même. :)

Je peux décider la journée même, si je veux. Je peux attendre jusqu'à la toute dernière minute.
J'ai investi 140$ pour mes modifications. Car Royal Air Maroc ne m'a rien chargé, par miracle, pour modifier ma destination de retour. C'est super ! Et c'est surtout inhabituel. J'imagine que comme les prix des vols se ressemblaient beaucoup, ça ne valait pas la peine de me facturer.

Donc, le 30 août, je vais partir sans trop savoir si je vais ou non en Égypte. Je prendrai ma décision une fois rendue en Turquie.
Une chose est certaine, je me sens plus légère maintenant. Je vais pouvoir pousser le suspense le plus loin possible. Et me permettre d'espérer. Et sinon, je sais qu'au moins, je serai en Turquie avec mes amis et amies.

je vais pouvoir dormir sur mes deux oreilles! Et mon amie Hend est bien contente que je n'ai pas eu à annuler. Je n'avais pas envisagé de garder mes deux options. Je n'étais même pas certaine d'être capable de faire modifier mes billets actuels. Parfois les astres sont alignés.

Bonne soirée.





lundi 8 juillet 2013

It is a Revolution, not a coup !


"C'est une révolution, pas un coup d'État".

C'est ce que scandent mes amis égyptiens, depuis le 30 juin, et ce, sans cesse.
Difficile à croire pour des yeux d'Occidentaux. Après tout, l'armée a bel et bien renversé Morsi et ses Frères Musulmans, contre toutes attentes.

Est-ce que je vais en Égypte en Septembre ?

Je continue de dire "On verra".
Je garde la tête froide et je laisse aller la Révolution. Après tout, l'Égypte a le droit de s'indigner.

Alors, est-ce une révolution ?
Quand 33 millions de gens sortent dans les rues et refusent de bouger pour réclamer le départ d'un président qui n'est pas à la hauteur, c'est effectivement une révolution.

Une révolution, ce n'est pas calme. Il n'y a qu'ici, au Québec, où l'on a fait la révolution tranquille, comme vous le savez.
Après une longue dictature, une tentative d'endoctrinement de la droite ultra-conservatrice, beaucoup de pauvreté qui s'est prolongée dans le temps, et un manque flagrant de ressources pour nourrir le peuple, on peut difficilement continuer d'être patient.

Morsi, au lieu de s'occuper de redonner de la sécurité au peuple égyptien, au lieu de chercher des moyens de redonner espoir à ses citoyens, au lieu de s'occuper de redonner à l'Égypte du lustre et du coffre, a préféré s'occuper de modifier la constitution à l'avantage de son parti. Il a décidé de détourner la révolution de 2011 à ses propres fins.

Là, des groupes malveillants s'affrontent sous tous les prétextes, laissant croire à une guerre civile en devenir. On est encore loin de la guerre civile, mais il faut tout envisager. L'armée est accusée. Les Frères Musulmans sont accusés. Les Anti-Morsi sont accusés. Personne ne sait vraiment qui sont les véritables fauteurs de troubles. C'était prévisible. Dans une révolution, il y a du chaos.
Dans une révolution, il y a des moments difficiles.
Il y a des gens "pro" et des gens "contre".
Il y a du sang, des larmes.
Des gagnants et des perdants.

Oui, ainsi va la vie.
Mais dans une révolution, il y a aussi de grandes joies. Il y a de l'immensité.


Maintenant, réfléchissons un peu... Est-ce que l'Égypte aurait pu utiliser des moyens plus démocratiques pour se débarrasser de Morsi ? Peut-être. Mais la mobilisation pacifique du 30 juin a montré beaucoup d'espoir pour le peuple. De l'espoir, et de l'implication.  Car oui, le 30 juin, c'était pacifique. Le tout a dégénéré hier, le 7 juillet.
Il est long et ardu de bâtir une véritable démocratie, par ailleurs. Pour qu'une démocratie existe, des partis de l'opposition doivent exister. L'Égypte commence à peine à s'organiser. En 2012, lors des élections, Les Frères Musulmans restaient à ce jour la seule organisation bien rodée en Égypte. Sous Mubarak, ils œuvraient dans l'endoctrinement et les investissements communautaires. Puis, Mubarak n'étant plus là, le chemin était libre pour le chemin politique. Ils n'étaient pas le choix du cœur. Ils ont été le choix de la raison... Le choix par défaut.

Maintenant, les Égyptiens veulent plus. Ils veulent s'en sortir. Ils veulent aspirer à un avenir. Ils veulent qu'on parle d'eux internationalement dans les mêmes termes que l'on utilise pour vanter la Turquie, émergente et plus moderne.
Les Égyptiens ont faim d'avancement, de reconnaissance, de modernisme.
Ils veulent de l'emploi.
Ils veulent avoir la possibilité d'obtenir un visa pour visiter l'Australie, la France, le Canada, ce qui n'est pas chose facile ces jours-ci.
Ils veulent l'égalité des sexes.

Les femmes sont sorties dans la rue, comme les hommes. Les petites femmes voilées se sont mêlées à à celles non-voilées. Les Chrétiennes aux Musulmanes. Elles scandaient :"Go out, Morsi!", en chœur.
Leurs voix n'étaient qu'une seule. Une seule voix forte et fière.

Et dire que les Occidentaux pensent souvent que les femmes voilées sont soumises et idiotes.
Qu'elles suivent le mari ou le fiancé. Qu'elles n'ont pas d'opinion, pas d'idéaux.

C'est tout faux.
Un être humain est un être humain, peu importe son sexe, sa culture, ses choix religieux.
Et les femmes, dans cette révolution, font avancer les choses. Elles donnent une force et une humanité au mot "révolution". Elles permettent de la couleur là où le gris devrait prédominer.

Mon amie Hend était sur Place Tahrir avec ses amis et amies.
Elle m'a permis d'utiliser ses photos pour vous montrer le sourire de la révolution.

Je vous les partage, car vous ne verrez pas ces images à la télé. Non... À la télé, on ne montre que les tueries. Le sang. Les armes et les cris.
On ne montre que des images qui donnent la chair de poule.
On a toujours l'impression que la troisième guerre mondiale est commencée, quand on zyeute les nouvelles.

Alors voici de l'espoir brut, rien que pour vous.

" It is a Revolution, not a coup", qu'ils disent.

Merci Hend pour tes photos tellement évocatrices de votre joie.
Je ne vous souhaite pas de guerre civile. Je vous souhaite d'avancer.

C'est votre tour et votre chance.

:)