mercredi 26 février 2014

La vie est un cabaret ...

Je suis de retour au Québec depuis hier.
Depuis hier, je pleure en-dedans. Je n'ai jamais autant pleuré de l'intérieur de toute ma vie.
Parce que je dois l'avouer, Istanbul m'a eue cette fois.
Istanbul m'a complètement prise au piège.

Et là, je suis de nouveau loin du Bosphore, mais j'entends Istanbul qui me crie de revenir à elle.

Mes derniers jours en Turquie ont été remplis de belles choses.

J'ai bu thé après thé avec Erdi la nuit. Erdi. Mon Erdi. Avec qui j'ai tant de plaisir. Erdi qui partage un soda-citron avec moi aux petites heures du matin. Erdi qui regarde un match de hockey avec moi dans le lobby. Erdi qui me réveille tout doucement quand je m'endors dans le lobby sur une des chaises géantes.

Je suis sortie encore une fois avec Yunus, parce qu'on a beaucoup à s'apporter mutuellement dans notre amitié, et qu'à chaque fois on se laisse avec l'envie de prendre une dernière bière et de se raconter une dernière niaiserie. Oui, l'amitié n'a pas d'âge et mon petit Yunus de 25 ans ne regarde pas mon âge quand il me raconte ses histoires. Il n'a pas les mains longues non-plus. Il est mon ami. Il me fait rire.

Je suis allée faire une virée de fou avec Nebahat. Soirée de fous à Taksim... et poudre d'escampette 30 secondes avant la grosse manifestation de samedi. Ouf! On l'a échappé belle, mais c'est comme ça. Et la suite, à Bostanci, le coin des riches stambouliotes, a été des plus intenses. Resto de luxe, soirée de raki, et dodo chez Nebahat, car il n'y avait plus de tramway à la fin de notre virée nocturne. C'était plus sage... Et Bostanci, avouons-le, n'est pas le pire endroit pour passer la nuit.

Je suis allée faire une balade à Üsküdar avec Ayhan. Üsküdar, c'est mon quartier. J'y vivrais. C'est la vraie vie, c'est vivant, il y a un marché permanent pour le poisson frais de la région, dont les hamsi, petits poissons frits et salés que l'on mange comme ça, tout simplement... (délicieux avec de la bonne bière froide). Üsküdar, c'est le paradis asiatique de ma ville fétiche, c'est la beauté des longues balades sur le bord de l'eau, de la lecture au soleil sur un banc de parc, des fleurs, des fruits des marchés extérieurs, du pain frais acheté au coin d'une rue. Je suis amoureuse d'Üsküdar. Si j'avais à m'acheter un appartement dans la mystique ville des Sultans, ce serait mon premier choix.

Je suis allée magasiner à Forum Istanbul avec Emel, venue tout droit de Lüleburgaz pour passer la journée avec moi. Mon amie était de très bonne humeur, belle comme un coeur, heureuse comme je ne l'ai jamais encore vue depuis qu'elle a trouvé un emploi de professeure d'informatique dans une école secondaire.  Nous nous sommes gavées de thé, de café, d'iskender kebab et de künefe. Nous avons dévalisé les boutiques. Nous avons bien ri. En septembre dernier, j'avais eu l'angoisse de me retrouver seule avec Emel et de devoir parler 100% turc avec elle pour la première fois, Emel ne parlant pas l'anglais. Et mes craintes s'étaient envolées après notre petite escapade à Safranbolu. Lorsque nous nous sommes revues, dimanche, il n'y avait plus d’appréhension. Je sais qu'Emel et moi on se comprend très bien et que mon turc est plus que suffisant pour elle. Je ne pense même plus que je dois parler en turc. Je parle, tout simplement. C'est la seule personne qui me fait oublier de me rappeler que je parle le turc. C'est fou ce qu'une véritable amitié peut changer dans notre confiance langagière. Je suis tellement heureuse d'en être arrivée là.

J'ai assisté à ma première pièce de théâtre en turc. On avait choisi une comédie musicale: Kabare (La version turque de Cabaret, qui joue présentement au Québec avec Brigitte Boisjoli).  J'ai vraiment aimé mon expérience. J'aime le fait que dans les théâtres de ville, les pièces de théâtre sont toutes à 15 livres turques (environ 8$ canadiens), même si les acteurs qui y jouent sont connus. C'est la ville ou l'état qui subventionne les théâtres, rendant ainsi les pièces accessibles à monsieur et madame tout le monde. Je pense que l'art est la clé de la santé mentale d'un peuple. Le fait de rendre l'art accessible montre une profonde envie de faire fleurir la culture turque.

Savez-vous quoi ? La vie est un cabaret. Oui. La pièce le dit. Et c'est vrai. La vie est une perpétuelle représentation, remplie de folie, de rêves, de drames, d'amour, d'humour. La vie est tellement burlesque. 

J'ai beaucoup marché.
J'ai beaucoup ri.
J'ai versé toutes les larmes de mon corps à mon départ.

Mes adieux avec mes amis ont été déchirants. Je suis perpétuellement brisée en deux. D'un côté, j'ai ma famille, mon amoureux, mon emploi. Ma vie canadienne, bref. D'un autre côté, j'ai mon mode de vie idéal, celui d'Istanbul. Cette ville est en moi, c'est une partie de moi-même. Je ne sais pas comme je pourrai concilier les deux côtés en même temps, mais une chose est certaine: je suis perpétuellement en deuil, à chaque fois que je quitte ma belle ville.

Erdi et Kerim étaient là, cette nuit de mon départ. J'ai descendu dans le lobby à cinq heures du matin pour attendre ma voiture privée.
J'ai senti beaucoup d'émotions qui flottaient dans ce lobby. Vraiment trop d'émotions. J'ai senti que mes garçons n'avaient pas envie que je parte. Que c'était pas juste moi celle qui avait le coeur chamboulé. 

Mais je suis partie.
Et je suis ici maintenant. C'est comme ça. D'ici quelques jours, j'aurai réussi à surmonter ma peine. Quand j'aurai les blues, j'extirperai ma carte Akbil (de transports) de ma sacoche et je la caresserai du bout des doigts, comme pour me rappeler qu'il me reste 20 dollars à utiliser dedans. Comme pour me rappeler que je suis à une demi journée de voyage de cette ville. Et qu'il y aura de nouveaux vols directs avec Turkish Airlines, à meilleur prix que ceux d'Air Transat, dès juin de cette année, entre Montréal et mon Istanbul.


Je m'y sens tellement bien. Tellement calme. Tellement moi-même, sans qu'on m'y juge.

Sur mon vol Francfort-Montréal, by the way, j'étais assise à côté des médaillés olympiques Meagan Duhamel et Eric Radford. Je vous dis ça juste comme cela. Fait divers.
Ah. Et j'étais dans le même vol que Réjean Tremblay. Qui d'ailleurs est identique dans la vraie vie qu'à la télé. Le Monsieur prend beaucoup de place, si vous voyez ce que je veux dire. :)

Ok.
Je veule clore ce périple fou avec mes moments clé, comme d'habitudes. Ou mes faits saillants. Ils sont dans un ordre aléatoire.

1) Hend.
Mon amie. Ma belle amie. Qui me manque déjà follement. Mon amie tellement différente de moi et tellement identique en même temps. Je suis choyée de la connaitre. Je suis chanceuse de l'avoir retrouvée en 2011. Je suis privilégiée qu'elle m'aime autant, qu'elle ait ce regard sur moi que seules les vraies amies ont entre elles. Je considère que ma princesse Hend mérite une place majeur dans ma vie. Je suis heureuse de l'avoir retrouvée dans son pays. Je suis fière de ne pas avoir eu peur d'y aller. D'avoir osé. Car Hend, mon amie, mon coeur, tu m'as encore plus fait aimer l'Égypte que dans mes souvenirs.

2) Gaby et Andy.
Quel privilège d'avoir connu des gens si extraordinaires. Gaby est unique. Il n'y en a tout simplement pas deux comme elle. Elle a une énergie inépuisable. Gaby aime passionnément l'Égypte. Elle a aussi une expérience de vie gigantesque. J'aime le petit côté fonceur qu'elle dégage, j'aime le fait qu'elle a vécu sa vie au rythme de voyages, d'aventures nouvelles. Andy est quant à lui tellement intéressant. J'ai apprécié nos discutions culturelles, politiques. J'ai aimé découvrir sa passion pour la cuisine, sa façon de décrire les aliments... Son vinaigre aux herbes fait maison. L'heure du whisky ou de la Sakara avec Andy. Sa soupe à l'orge dont j'aimerais tant posséder la recette, car c'est la meilleure soupe du genre que j'ai jamais mangé. Andy, l'ami des animaux.

3) Özlem.
Un plaisir fou de revoir mon amie. J'ai très bien dormi sur son sofa. J'ai profité du fait qu'elle était en congé presque tout le temps quand j'y étais pour faire les boutiques avec elle, et boire des thés d'hiver en ville, avec la belle Ayse nous accompagnant. Özlem comme toujours est généreuse avec moi. Je la considère comme un membre de ma famille. Je suis énormément comblée de la connaître. Que dire d'Özlem, qui buche pour améliorer son sort côté carrière. J'ai décidé que cette année allait être son année. Voilà pourquoi je prierai Allah à tous les jours pour elle. Ou Dieu. Ou la divinité de votre choix. Mais IL m'entendra. Je vous le jure.

4) Emel
Ah! Emel et sa joie de vivre. Emel qui aime m'agacer en se moquant de mon addiction pour Galatasaray, elle qui voue son engouement à Besiktas. Emel qui adore Rafaaaaaaaaa comme moi! Et la même musique que moi... Nil Karaibrahimgil, Sebnem Ferrah, Imany, Teoman. Emel qui ne me laisse jamais payer rien, même si c'est ELLE qui se déplace en autobus pour passer une journée avec moi, donc c'est elle qui en théorie devrait être mon invitée. Emel qui me fait oublier que je ne suis qu'une étrangère parlant le turc comme je peux. Emel qui ne me reprend jamais lorsque je parle étrangement. Elle continue la conversation comme si de rien n'était, pour ne pas interrompre une conversation profonde et amicale au nom de la grammaire. Emel qui à chaque fois me parait différente. Grandie. Plus belle et plus épanouie.

5) Emre
Emre, mon prof, mon ami, mon partenaire de brosse. hihihi. Emre que j'ai à peine vu, mais qui a décidé de me sortir au Radyo Pub, pour qu'on soit dans un endroit relax pour jaser de nos vies, nos bonheurs, nos misères. Emre est probablement la preuve que l'amitié homme-femme existe. Avant, je n'y croyais pas vraiment. J'étais la première à clamer qu'une vraie amitié homme-femme était impossible, qu'il y avait un monde entre les genres. Mais je me rétracte. Je retire mes mots. Oui, il n'y a pas de genres en amitié. Emre m'apporte beaucoup. À chaque fois.

6) Erdi et les garçons. :)
Ahhhhhh ! Que de joie de retrouver mon big boy Erdi après deux ans d'absence, lui qui était en Russie depuis 2012. Je ne m'y attendais pas à le revoir, dès mon premier jour de vacances et je dois vous dire que je m'attendais encore moins à le voir revenir au Adora, lui qui devait partir au service militaire tout de suite, mais que l'état a reporté à mai. Donc en attendant, Erdi était de retour. J'ai donc profité du fait que mon ami travaillait à toutes les nuits pour passer beaucoup de temps avec lui dans le lobby. Erdi était un réconfort pour moi, une sécurité... De le voir m'accueillir à tous les jours me causait une immense joie. De passer un peu de temps avec lui hors de l'hôtel, c'était agréable. Aussi, les autres garçons du Adora étaient tout simplement merveilleux. Yusuf, Ramazan, Kerim, et tous les autres... Que de rires avec eux. Que de thés bus. Sans eux, mon séjour aurait été drabe.  Mais il a été coloré et parfumé.

7) Yunus.
Ouais. Yunus, le meilleur ami de Erdi. Que je connais depuis si longtemps aussi. Yunus, si brillant. Si aimable. Avec qui je peux prendre autant de bière que je veux sans avoir à m'inquiéter de ce qui adviendra. Quel plaisir d'avoir passé deux soirées avec lui dans NOTRE bar, le Eskici Pub de Taksim. J'avais l'impression d'avoir de nouveau 18 ans. Merci de m'avoir fait oublié que j'approche 35 ans, mon Dauphin.

8) Zeynep.
La belle Zeynep a qui j'ai enseigné le français pendant plusieurs semaines par internet m'a fait l'honneur d'une visite surprise pour la St-Valentin. Une belle rencontre pour moi, pour notre premier face à face. Et un superbe souper de Valentines au Adi Bahçe de Sakarya. Un délice.

9) Dahab
J'ai découvert Dahab par accident. Le fait que Dahab soit plus sécuritaire que le Caire a guidé ma décision de retourner en Égypte et Dahab est devenu le point de rencontre choisi par Hend et moi pour vivre nos retrouvailles sans soucis. La Dahab que j'ai découverte était d'une beauté époustouflante, avec une de ces mers désarmantes, d'un bleu, d'un vert, d'un turquoise, d'un gris ... Les montagnes effilées du Sinai transperçaient le ciel de leurs pics incisifs, comme des gardes du corps toujours prêts. Quelle splendeur. Quelle grandeur. Quelle authenticité. Car Dahab, même si des touristes s'y attardent, reste une bourgade de bédouins avec des vraies boutiques locales, des prix raisonnables et un petit côté si exotique avec ses chèvres de rue, ses dromadaires, son vent démesuré, les palmiers de dates... Si vous voulez vous trouver un bout de paradis qui vous donnerait l'impression de posséder le Monde, c'est à Dahab qu'il faut aller. C'est là que l'on peut atteindre le Ciel.

10) Istanbul
Oui, mon amour inconditionnel. Istanbul sent les épices, le pain frais et la mer. Istanbul et ses bars alternatifs, et ses cafés perchés sur la grève comme des pigeons sur un perchoir, Istanbul et ses vendeurs de noix, ses liseurs de marc de café, ses aubaines, ses ponts et ses ferryboats. Istanbul et son streetfood. Istanbul et ses trois équipes de football. Istanbul qui devient musique à toute heure du jour et de la nuit.

Oui, mes dix moments sont des personnes. Incluant 9 et 10. Car souvent des lieux sont plus vivants de les humains eux-mêmes.
Je suis marquée par les gens, cette fois-ci. Mon palmarès est imprégné par mes émotions, mes amitiés, mes rencontres au fil du temps.

Je vais terminer ce voyage 2014 en vous souhaitant de rencontrer des amis aussi merveilleux que les miens. Parfois, il faut se mettre à nu et oublier tout ce que l'on connait du monde pour faire les rencontres qui marqueront notre vie. N'oubliez pas d'ouvrir votre esprit le plus large possible et ne cessez jamais de considérer que ce qui est vrai pour soi ne l'est pas toujours pour votre voisin. Ainsi, les vraies rencontres auront lieu.

Je vous aime.

vendredi 21 février 2014

Jours de paresse, jours de folie ...

Je suis sur mes derniers moments en Turquie. On est vendredi et je pars lundi tôt en matinée.
Déprimeeeeeee!
Non les copains, c'est pas que je ne vous aime pas. C'est pas que je n'aime pas mon travail. Mais j'adore ce pays et j'y vivrais. À chaque fois que je le quitte, je me dis que je n'y reviendrai pas de sitôt. L'an prochain, si tout va comme prévu, je vais au Brésil avec ma soeur. Ce qui veut dire que je ne reviendrai pas en Turquie avant fin 2015 début 2016. Ça va paraitre quand j'aurai une semaine de vacances de plus par année, au bureau. Tranquillement mais sûrement, j'approche du but. Ça me permettra de faire deux voyages par année. Un de deux semaines et un de trois semaines. Si j'ai un enfant, le bébé suivra dans le sac à dos. Pas plus compliqué que cela. Je suis très capable d'assumer ceci.
Si j'avais la chance de télétravailler de n'importe où dans le monde, ce serait ici que je m'écraserais pour le faire, dans cette ville magnifique. Le télétravail devient de plus en plus à la mode, et bientôt, les frontières seront ouvertes aux meilleurs travailleurs de partout dans le monde dans toutes les compagnies. Un jour peut-être, je pourrai faire ceci, insallah.

J'ai fait quoi depuis l'aventure du kokoreç?
J'ai fait bien des choses et rien en même temps.
J'ai l'impression de ne pas avancer, de ne pas être active. En même temps, je vois tout plein de gens.
L'impression d'inactivité est peut-être liée au fait que je ne prends pas de photos. J'en ai pris au début, puis j'ai brisé ENCORE mon appareil photo, je ne sais pas trop comment. Mais là, le bloc optique semble foutu. Donc je prends quelques photos avec mon cellulaire, mais sans plus. D'habitude, j'ai plus de mille photos à chaque voyage. Là, je n'en ai presque pas. Ça donne l'impression que je suis plus paresseuse. Ce qui est aussi un peu vrai. :) J'ai quand-même fait de belles marches agréables, au Parc Gülhane, à Taksim, à üsküdar, à Eminönü, à Zeytinburnu, à Laleli, à Aksaray, à Sultanahmet.

Mes yeux captent les images et les gravent dans ma mémoire. Je n'ai plus besoin de tous ces clichés croqués à la caméra, surtout d'une ville que je connais maintenant plus que bien. Entre autre, un soir, il y avait une brume épaisse sur la ville. Je marchais dans le coin de Sultanahmet et je me rappelais qu'il y avait des guichets automatiques sur la place. Je devais sortir des sous. Croyez-le ou non, ça m'a pris du temps pour me retrouver. La brume était si dense, et la place si grande... On n'y voyait que dalle. Ni même les minarets de la Mosquée Bleue ou de Sainte-Sophie. C'est fou. On est sur cette place bien connue, on ne voit rien... mais on sent la présence des monuments. On sait qu'on n'est pas dans un endroit ordinaire. On est au coeur de l'histoire. On est surveillé par l'histoire, qui nous surplombe de sa majesté. Il y a un mot en turc pour cela: Muhtesem. Muhtesem (prononcé Moutéchème) veut dire royal, grand, majestueux. Et c'est aparenté aux Sultans. Donc oui, même lorsque la Mosquée Bleue joue à cache-cache dans le brouillard humide de la nuit... on sent le côté "muhtesem" des lieux. Ils nous possèdent. La vie est en eux et soudainement, les monuments, ce sont vous et moi, nous, mobilier superflu des rues d'Istanbul.
J'ai souvent cru que Sultanahmet était le plus bel endroit du monde où aller lire et écouter de la musique. Je crois maintenant qu'il rivalise avec Eminönü. J'ai toujours aimé Eminönü. C'est bouillant de vie. C'est très local. Mais j'ai seulement commencé à m'y tenir ce mois-ci, le jour, pour lire un peu. Même si ce n'est pas tranquille, l'endroit est déconcertant. Je n'avais jamais remarqué comme la vue est belle, à Eminönü. En fait, oui, je l'avais remarqué, mais je ne l'avais jamais encore appréciée à sa juste valeur. La vue est tout aussi "muhtesem" qu'à Sultanahmet, mais d'un autre manière.  Lorsqu'on s'assoit sur une banquette (quand on en trouve une de libre), on ouvre les yeux et on observe. Il y a une beauté indescriptible dans la vie quotidienne des gens comme vous et moi. Je vous le jure, assoyez-vous, peu importe où, dans un endroit bondé, à Rimouski, Montréal ou au bout du monde, et ouvrez les yeux tout simplement, et les oreilles, et le nez. Vous ne verrez plus rien comme avant.
À Eminönü, il y a plusieurs mosquées fabuleuses qui donnent beauté et ombrage (car il fait bien soleil) au tableau. Au pied de Yeni Camii, la mosquée la plus basse de la place, c'est l'endroit favori des pigeons. Les pigeons sont adorés sur cette place. Ils sont de vrais rois. Des cabanes juchent dans les arbres, des poteaux sont aménagés pour leur confort et des vendeurs de grains sont installés à l'ombre de la mosquée pour que les Stambouliotes et/ou les touristes puissent les nourrir. C'est un spectacle que je ne croyais jamais apprécier, un attroupement de pigeons gigantesque qui vit en permanence en pleine place publique. Mais ils font partie du décor. Sans les pigeons, Eminönü deviendrait moins vivante. Puis, on tourne la tête un peu vers la droite, et il y a l'entrée du bazar égyptien, celui où l'on peut acheter des loukoums, du thé ou des fruits séchés. C'est antique, c'est un monument en soit. Et tout le long de la façade extérieure de ce bazar, des stands de vendeurs de noix, de miel, de poisson et de fromages. En face, un stand de fleuriste improvisé. Parce que j'imagine qu'un Don Juan turc, envoûté par Eminönü, peut inopinément avoir envie d'offrir quelques pétales à sa douce, tout simplement.  Il y a des vendeurs de thé, d'eau, de jus orange-grenade, des vendeurs de simit, de maïs, de châtaignes, de desserts, de glace. Il y a des vendeurs de savon aussi, et de parfum. Et le docteur Sangsue qui se tient sur ce spot, juste à côté des boutiques de jardinage. On tourne encore un peu la tête, pour voir l'entrée de la mosquée Rustem Pacha, toute petite, toute antique, sur le bord de la ruelle, ma préférée de toutes les mosquées du monde, pour le feeling qu'elle me procure, le petit frisson. Et si on lève les yeux, on voit la plus grande mosquée d'Istanbul, qui nous observe, nichée comme un pigeon sur son pigeonnier du haut des collines de la corne d'or:  Suleymaniye, la célèbre mosquée de Soliman le Magnifique. Elle est juste à côté du grand bazar, tout en haut. On ne voit pas le grand bazar, mais on le sent. On sait qu'il est là, qu'il veut nous attirer dans ses corridors, dans ses méandres, dans son labyrinthe. Oui, on tourne encore la tête de 180 degrés... La corne d'or... L'eau qui sépare Eminönü de Beyoglu, avec la tour de Galata qui nous regarde, impertinente de son perchoir. Cette tour est aussi vieille qu'Istanbul; elle est une emblème. On voit un parc d'autobus de ville, et des bâteaux sur lesquels des hommes font griller du maquereau pour les fameux balik ekmek, le met célèbre d'Eminönü. On les achète directement au bateau, on les déguste sur les mini bancs où une seule fesse peut tenir, en se gavant de limonade probablement fait d'eau de robinet. À côté, le pont de Galata est stoïque. Je vous en ai tellement parlé déjà, depuis que je viens en Turquie. Mon pont. Mon pont de pêcheurs. Mon pont pour simplement prendre un thé le soir en regardant la rive asiatique, et zyeuter le pont du Bosphore, au loin, illuminé de mille et une couleurs comme un paon nous faisant la cour. C'est mon Eminönü. Et Eminönü, bien que les touristes s'y arrêtent pour une demie-heure, le temps de croquer quelques clichés et de se taper le bazar égyptien,  est principalement peuplée de locaux venant en profiter. Et c'est pour ça que j'aime maintenant m'y tenir. Ça grouille de gens, ça sent bon les fleurs, les noix grillées et le thé chaud. C'est l'hiver, la saison du salep. Le salep est une boisson sucrée et laiteuse, bien réconfortante, faite d'une poudre de racines d'orchidées, avec bien de la cannelle. Je suis une adepte et son odeur est sublime; on peut acheter un verre de salep sur les places publiques pour quelques sous.  Oui, ici, chaque chose est un métier en soi. Le vendeur de salep ne vend QUE du salep. Celui de Simit ne veut que des simits. La plupart des snacks sont spécialisés. Les dürümcüs ne vendent que des dürüms (wrap au poulet piquant avec cornichons et frites, le gyro habituel, bref). les köftecis ne vendent que des köfte (boulettes), les pide salonus sont spécialisés en pides et lahmacun, les büfes vendent souvent des döners kebab. Les börekcis vendent des pains (de la pogaca, princiaplement) et böreks (pâtisseries salées faites de pâte phyllo et remplies de fromage aigre, d'herbes et parfois de viande). Oui. Pourquoi faire dans le général quand on peut faire dans le particulier?
Le multi-spécialités, c'est pas ici que ça fonctionne. On voit cela dans tous les types de commerce. Même si des grandes surfaces comme Carrefour existent, je vous dirais que chacun a son métier, ici. Même les marques ont des boutiques uniques. Je vais chez Samsung si je veux un appareil Samsung. Je vais chez Nine West pour m'acheter des chaussures Nine West. Je vais chez Nike si je veux des Nike, ou chez Lacoste pour du Lacoste.  C'est comme ça. Tu veux un truc, vas le chercher directement chez le détaillant.

 Les pigeons dans les arbres

 Fleuriste d'Eminönü
 Suleymaniye et plusieurs autres mosquées veillent sur Eminönü.

 Des personnages intéressants viennent passer le temps ici :)

 On y trouve des stands de toutes sortes

 De l'autre côté, la tour de Galata nous observe.

 La mosquée Vieille Nouvelle (Yeni Camii) 

 Les gens déjeunent à l'extérieur.

Les petits stands de grains pour nourrir les pigeons.

 L'euphorie d'Eminönü 

 Yeni Camii
 Mon pont. En haut ça pêche en bas ça relaxe.
 Mais en haut... ça pêche vraiment beaucoup

 Le soleil dans la face, évidemment...

 Vue sur Eminönü depuis mon pont.

 Mon pont! Avec la tour de Galata qui veille à Beyoglu. 

 Suleymaniye, perchée sur sa colline.

 Perchoir à pigeons improvisé. Plutôt cool.
 Vendeur d'épis grillés et de châtaignes grillées.

 Docteur Sangsue :D

Belle Yeni Camii...

Alors... oui... je vaque à la paresse le jour, présentement. Je regarde. J'enregistre des images dans mon cerveau.
Ça veut dire:
- S'installer dans un petit resto, Esmer Chef, en face de la gare de Sirkeci (celle de l'Orient-Express, oui oui) et manger des raviolis turcs avec yogourt et sauce au beurre, en lisant "Chroniques d'une Mort annoncée".

Mes manti (raviolis turcs) et ma lecture... C'est une des mille et une versions du bonheur à l'état brut, pour moi.


- Ça veut dire grignoter un épi de maïs à Eminönü, en prenant du soleil.
- Ça veut dire me promener à Laleli, Aksaray ou Merter. Ça veut aussi dire prendre le thé tout partout et à toutes heures du jour et de la nuit.
 - Ça veut dire magasiner.

Je cultive mon Carpe Diem. Mes petits moments de plaisir.
Je mets mon ipod et le tramway est mon patron. Je sais où j'embarque mais je ne sais jamais où je descends.
J'adore ça.

Aussi, je vois des amis.
J'ai eu une escapade de shopping extrême avec Nebahat à Forum Marmara, mon centre commercial turc favori. J'ai acheté des chaussures décadentes, des tuniques, des robes, des bijoux. Du vrai magasinage de fille, comme je l'aime tant. Nebahat, alias Miss Bostanci, s'est constitué une toute nouvelle garde-robe en vingt minutes. Complètement fou! Aussi, on a bien ri quand j'ai commandé un combo au Burger King et ne comprenant pas la question du p'tit gars de la caisse, j'ai dit ouiiiiii... OMG! J'ai dit ouiii à un "supersize" . J'ai donc été supersizée! Un litre de Coke diète! Une frite gargantuesque.  Et un fou-rire impossible à stopper. J'ai le fou-rire facile, ces jours-çi.

 "supersizée" à Forum Marmara lol

Chaussures décadentes Nine West à 25 dollars en rabais! Je les adore!

J'ai aussi lunché avec Ayhan à Findikli, soupé avec Nebahat à Besiktas, sorti avec Dauphin (Yunus, héhéhé) dans un bar qu'on aime bien lui et moi et où j'ai cru que j'avais 25 ans comme lui en buvant toute cette bière sans penser que le lendemain matin (ce matin, en fait), j'aurais un mal de bloc et besoin de boire trois litres d'eau. Mais Yunus est un gars fiable que je connais depuis TRÈS LONGTEMPS. Il a cette utilité de me permettre de boire un peu en Turquie sans me foutre dans des situations pas possibles. Boire n'est pas un problème en voyage, vous savez. Mais faut savoir avec qui le faire. Yunus, comme Emre, sont sur ma liste verte.  Et quand quelqu'un comme Erdi rigole en te voyant arriver à 23h00 avec une face navrée de "j'ai un peu bu", et qu'il t'installe gentiment dans le lobby pour boire du thé, c'est que ta vraiment une face mutlu (joyeuse, de brosse). Et quand tu t'endors dans le lobby juste après et que tu te fais réveiller à 1h du matin par Bigboy qui te souffle une "meryemmmm... Meryemmm" en rigolant de ta bouille... c'est qu'il est temps qu'on me pousse dans l'ascenseur jusqu'à mon cinquième étage.
Mais dieu que c'était plaisant! Vraiment plaisant. Et j'adore rester dans cet hôtel, le Adora, car on n'a jamais un si bon service ailleurs.  Il y en a qui ont un don pour choisir les bons employés. Pas seulement pour leurs compétences, mais aussi pour leur face d'être en général. Ici, dans mon petit hôtel d'une quinzaine de chambres, je me sens comme à la maison.

Dans un si petit hôtel, l'avantage est d'en venir à connaitre les autres occupants.
Je suis arrivée au Adora en même temps qu'une femme iranienne et son fils, un jeune homme, qui viennent ici pour faire des achats de masse pour leur boutique en Iran, parce qu'en Iran, il n'y a pas de marques, en fait. Donc elle vient ici, elle achète et elle revend. Je vous le disais, le magasinage est roi à Istanbul!
Cette dame iranienne parle turc. Et comme je suis fascinée par l'Iran depuis toute jeune, nous avons beaucoup parlé. C'est drôle la vie parfois, une canadienne et une iranienne assises toutes les deux à boire un thé, avec comme seule langue commune le turc, parlant de tout et de rien, avec la complicité de Yusuf et d'Erdi, à la réception, pour nous traduire un mot que ni elle ni moi ne connaissons, de temps à autre. Et la dame me prend en affection, comme seules les femmes du Moyen-Orient ont le don de le faire. Elle m'ajoute dans son Facebook. Sa fille en Iran qui ne me connait pas mais qui travaille à l'aéroport de Téhéran pour une compagnie aérienne importante m'ajoute aussi, car sa mère lui parle de moi et elle connait l'anglais. Inutile de vous dire que je suis formellement invitée en Iran, les amis. Et mes idées sur l'Iran sont assez confirmées par cette dame.
1) En Iran tout ce qui est interdit est quand-même pratiqué, à la maison.
2) Les femmes iraniennes, sous leur robe noire, ont des vêtements totalement décadents.
3) Les Iraniens n'ont RIEN contre les Américains ni les Canadiens. Le peuple est navré des boycotts et interdictions, et la vision gouvernementale n'enraye pas leur hospitalité.
4) Il semble y avoir beaucoup de touristes et énormément d'argent et d'instruction dans ce pays. Il n'y a que nous, les Nord-Américains, qui avons peur d'y aller, la télé n'aidant pas.

 Quand le Canada rencontre l'Iran ... :)

C'est une belle rencontre, pour moi. Et qui plus est, le fait que je puisse la comprendre et qu'elle puisse me comprendre, dans cette langue qu'est le turc, est fantastique. Car ici, nous sommes deux personnes ayant une langue maternelle autre que le turc. C'est encore un pas de plus dans mon avancement vers l'indépendance langagière en ce pays.

J'ai aussi rencontré des Belges d'origine marocaine. Le papa de 80 ans, la maman de 67 ans leur leur fille. Le papa est absolument adorable. Comique, courtois (Il me dit toujours Madame) avec une bouille joyeuse et cet accent semi arabe semi belge. Je suis devenue la traductrice en chef de la famille car ils ne parlent pas anglais et avaient des questions sur l'hôtel, le wifi, besoin d'un couturier, besoin d'un taxi pour aller d'un endroit à l'autre, la maman ayant des problèmes de santé l'empêchant de pouvoir marcher longtemps.

Il y a aussi le couple british de retraités totalement amoureux d'Istanbul. À tous les soirs, ils me font un compte-rendu de leur journée, et me demandent conseil sur les transports.
Erdi me disait que je devrais travailler à l'hôtel tellement je suis comme un meuble ici.
Je vous écrit aujourd'hui en pleine matinée, depuis le lobby. Le lobby est ma deuxième chambre.

Ces prochains jours, (demain), j'ai une journée remplie qui inclut du théâtre et un souper chic, le tout avec Ayhan et sa chérie, puis avec Nebahat. Je dormirai d'ailleurs chez Nebahat (probablement), car on prévoit sortir à Taksim et/ou à Bostanci, et c'est loin du Adora, et il n'y aura plus de ferry ou de Marmaray à l'heure où on va finir. Le lendemain, tôt, Emel viendra faire son tour depuis Luleburgaz pour ma dernière journée en terre turque. On va ... magasiner! Ouais! Encore! Danger danger danger, mais j'ai eu mon bonus. Je ne savais pas! Je m'en suis rendue compte ce matin, donc il sera judicieusement dépensé dans des fringues dès que ma belle Emel me rejoindra.

Après ? Retour au Canada. Ouf. Retour en hiver. Retour au boulot.

Aujourd'hui, je ne fais rien. Je profite de mon petit hôtel. J'irai faire une marche et manger dans un bon restaurant avec du vin blanc et des mets raffinés... ou encore je boirais cola après cola en bouffant du fast food turc.

Hier, Dauphin et moi, avant d'exagérer sur la boisson, nous sommes empiffrés de "burgers mouillés", les meilleurs de tout Istanbul, selon Dauphin. Hummm ils étaient vraiment délicieux. Vraiment vraiment vraiment délicieux. Tellement que j'en mangerais deux ou trois autres right now. J'aimais ces petits burgers, avant... mais c'est pendant ce voyage-ci  que j'en suis devenue accro. Ça va me hanter jusqu'à la prochaine fois. Je pensais à Éric et Stéphane, qui auraient adoré ces burgers.
En fait, pour les gens difficiles comme Stéphane côté bouffe, la Turquie n'est pas un choc. La nourriture y est excellente, on y trouve du piquant, de la viande, et on peut trouver beaucoup de mets sans sauce. Il y a toujours moyen de se taper une grillade au coin de la rue. Les pommes de terre sont très utilisées. Les herbes et épices les plus utilisées sont le persil, l'aneth, la menthe, le thym, le sumac, la muscade, la cannelle et piment. C'est parfumé, mais pas dépaysant.
Les noix sont très consommées, spécialement les pistaches, les amandes. Les grains de maïs séchés et les pois chiches déshydratés sont un délice en regardant la télé. Un snack de luxe. Les graines de tournesol sont vraiment bonnes.
Le fromage est délicieux, beaucoup de fromage de chèvre, qui contraste délicieusement avec la tomate, ou le concombre.  Le street food est le plaisir non-coupable des Turcs. Ils en mangent toute la journée. Un simit par-ci, un petit plat de châtaignes grillées par là, un tantuni ou un lahmacun par-ci, un pide ou un islak burger par là. Un döner. Ou un pain de kokoreç. Des fèves en sauce, un çig köfte, des boulettes avec de la sauce piquante et du pain plat. Des légumes farçis (dolma)... Aubergines, courgettes, feuilles de vigne.
Et les desserts. Oh la la ! Il y en a une panoplie et ils sont tous délicieux. Mon préféré du moment est le sütlaç, une sorte de pouding au riz parfumé et riche. J'en mangerais tout le temps. Je  pourrais ne me nourrir que de sütlaç. Miam!

En parlant de bouffe... je vous laisse pour quelques instants...
parce que comme je reste à l'hôtel aujourd'hui, Yusuf à la réception a commandé de la bouffe pour tous les employés... plus moi. ouffff... hihihhi!  Je suis crampée tellement ça n'a pas d'allure. Quand je vous disais service VIP! C'est même plus que ça. C'est ma famille stambouliote, quasiment. Et ça sent drôlement bon. ;)

...
On est 30 minutes plus tard. hihihi. Je viens de manger un köfte ekmek très piquant (des boulettes dans un pain frais, avec tomates, chou mariné et piments forts, donc une sorte de burger turc, mais tellement meilleur qu'un burger traditionnel) avec les trois gars et la femme de ménage de l'hôtel. J'ai pas d'allure, je sais, je radote. Mais c'est vraiment le fun. La femme de ménage a lu l'avenir de Yusuf dans son marc de café, car elle est excellente à ce jeu. On a bien rigolé et le sandwich était délicieux.
Mais oui, je sais, j'ai PAS D'ALLURE. Tellement paresseuse qu'au lieu de sortir je reste ici  et on trouve que je fais pitié alors on me ramène de la bouffe d'un casse-croûte. À LEURS FRAIS. Mais c'est drôle comme situation. Tu es là entre le gars de la réception, la femme de ménage, le portier et le gars à tout faire... et tu te dis que tu n'as pas d'affaire là, mais ils t'ont invité, donc tu manges avec eux, et tu rigoles avec eux. 

Ahhhhh ! Ces doux moments de paresse. Comme je les aime! Ouais :)

Bonne journée les cocos.
Je vous reviendrai demain. Avec d'autres trucs pour alimenter vos lectures, insallah.





lundi 17 février 2014

Les entrailles de la mort!

Ce soir, j'ai fait ce qui était prévu. J'ai mangé de l'intestin.
Ouais.
J'ai fait ça.
Les entrailles de la mort n'ont pas eu raison de moi.

Erdi m'avait mis au défi. Le met s'appelle le kokoreç. C'est typiquement turc. C'est pas tous les Turcs qui  en mange. En fait, aucun de mes amis turcs n'en mange, ou presque. Yunus a le coeur qui lève juste à l'idée d'en manger. Ayhan n'en mange pas. Özlem n'en mange pas. Emre n'en mange pas.

Mais Erdi aime beaucoup ça.
Erdi fait le quart de nuit, de 23h00 à 9:00 ou un truc du genre. Il  m'a donc gentiment donné rendez-vous à 20h00 à la station de Kabatas, la dernière du tramway, car lui arrive pas le ferry à cette station. Yunus devait venir aussi mais il a "choké". Il ne s'est pas laissé tenté par les entrailles de la mort, lui.

Poule mouillée, ce Yunus.
Mais Erdi, il me connait bien après toutes ses années. Il doit connaitre ma vie plus que moi-même je la connais. Il savait que j'étais capable de manger des entrailles. Après tout, j'ai vécu au Mexique. Au Mexique, ça mange des insectes, du poulet au chocolat et de l'estomac de porc en soupe.

J'avoue que j'ai rêvé au kokoreç, la nuit passée. J'avais peur un peu, quand je l'ai vu me faire un grand salut depuis l'autre côté de la rue, ce soir. J'ai traversé avec ma face de "pitié, pas ce soir!". Ça n'a pas eu raison de lui. Il m'a gentiment mais fermement trainée vers un stand de kokoreç... vide. Je lui ai dit: "C'est le destin, c'est Allah qui ne veut pas que je mange de Kokoreç".
Nenon, il connaissait une autre place.
Zut alors.

En typique homme turc, il me commande ma portion, piquante comme je devrais l'aimer, et il me tend mon sandwich en me disant: "Eat". Mange!
No way. Erdi boy, pas question que je goûte avant de t'avoir vu en manger.
Mais il s'exécute. Alors je ne pense pas et je m'exécute aussi.
Actuellement... c'est délicieux. Dès la première bouchée, je savais que j'allais aimer ça. C'est servi dans un pain, avec de la tomate et du piment. C'est relevé, épicé, la viande est finement coupée et il n'y a pas de "chunks" de croquants.
MIAM les entrailles !

Je ricane et il me sourit. Je lui dis: "J'suis moins chicken que Yunus, hein?". Il me dit: "T'es une vraie turque maintenant que tu bouffes du Kokoreç. T'es plus turque que les Turcs eux-mêmes".
Là, il me fait plaisir.
Je bois un ayran avec ça (yogourt salé). Le mix est bien équilibré.
Je finis ma portion et on marche. On se rend dans le quartier de Tophane. Erdi me dit que c'est célèbre pour ses cafés à Nargilé, et comme il y a un match de foot important ce soir (Galatasaray contre Fenerbahçe), c'est le moment idéal pour aller fumer et s'écraser à voir le match.
La preuve qu'il me connait ce Erdi. Il sait que 1) J'aime fumer le nargilé en vacances. 2) Que tout comme lui je prends pour Galatasaray.
On commande thé après thé, du pop corn et un nargilé à la pêche absolument délicieux. On regarde le match, on réagit. On est pas content que Drogba ait commencé le match, lui qui est un excellent finisher. On gesticule devant les essais manqués de Sneijder et devant les bons arrêts de notre gardien uruguayen. On se demande où est Burak.
C'est vraiment une belle soirée que je passe avec mon big boy.  Il semble l'avoir apprécié aussi. Il a une bouille de grand enfant, un baby face sur un body de 6 pieds 3 pouces. Je le trouve cool de sortir sa vieille amie canadienne, surtout que l'idée vient de lui. Il sait que ça me fait plaisir.

Le seul hic, notre équipe a fait match nul, 2-2. Bof! Au moins ils n'ont pas perdu, les p'tits maudits.

Ce matin, je suis allée marcher et faire un peu de photo urbaine. C'est ce que j'aime de cette ville. Elle nous donne mille et une chance de nous émerveiller. Il y a des stimuli partout. Il y a des bruits, des odeurs, des couleurs... Premièrement, il y avait une foule de pêcheurs sportifs sur le pont de Galata, ce midi. Ce pont est le plus incroyable pont du monde. Sur le dessus, les pêcheurs s'attroupent. Ils sont équipés, ils font leur social en grignotant. Les poissons ne mordent pas toujours, mais peu importe. Les hommes du pont de Galata partagent une passion et leurs amitiés en découlent. Sous le pont, un deuxième étage a été aménagé pour fumer le nargilé, boire un café turc ou un thé et manger le fameux sandwich de maquereau stambouliote.
Istanbul se goûte aussi. Sandwiches de maquereau avec limonade maison et du chou et des cornichons marinés, kokoreç avec un ayran, kumpir  (ze patate) et gaufres au nutella, les châtaignes et le maïs grillé des rues, le çig köfte (boulettes de boulgour) avec sa sauce à la grenade, la menemen (omelette aux poivrons et tomates du petit déjeuner), les simits à 1 livre turque, les toasts au fromage et à la sucuk (saucisse de boeuf à l'ail), les islak burgers (traduction littérale : burger humide, qui consiste en un burger vapeur trempé dans une sauce rouge grasse et d'une sorte de saucisse épicée en guise de boulette) et les baklavas au chocolat...
Istanbul, c'est un délice. On est quand même dans un pays qui considère le persil comme un légume, pas une herbe. On mange du persil de même, une grosse poignée dans l'assiette. C'est un "légume" d'accompagnement parfait pour les lahmacuns, entre autre.
Dans la vie, il faut goûter, les amis. Le pire qui peut nous arriver est de ne pas aimer ça... dans un grand fou rire. C'est une leçon que j'ai commencé à comprendre tard, à l'adolescence. Et depuis que je l'ai assimilée, je goûte et ça m'a amené à de belles découvertes. 

En me promenant, je me suis rendu compte de tous petits détails me la rendant encore plus belle. Il y a des stations de chargement des cellulaire improvisées dans les tunnels de piétons. Vous savez, un endroit installé avec une quinzaine de fils sortant du mur... donc la moitié des fils sont archaïques... Parce qu'ici, plusieurs ont encore des antiquités de cellulaire.
Aussi, à plusieurs endoits, des cireurs de chaussures. Ça a l'air idiot, mais je me rappelle que maman et papa ciraient leurs chaussures, quand j'étais petite.Ils achetaient de la cire et faisaient leurs chaussures, de temps à autre.
Puis... je ne sais pas pourquoi, mais plus personne n'a continué. Pas juste dans ma famille! Ailleurs aussi. De nous jours, plus personne ne cire ses chaussures. On jette et on en achète d'autres, tout simplement. Mais ici, en Turquie, on paie encore pour de la cire à chaussure. Qui plus est, c'est un métier que de cirer les chaussures des autres.

Il y a aussi le vendeur de traitements avec des sangsues vivantes. Le mec s'installe avec ses sangsues qui flottent dans un 18 galons d'eau. Et des gens paient pour avoir des traitements. Supposément que les sangsues guérissent tout. :) Je l'ai vu aujourd'hui, installé à l'abri du soleil à Eminönü. Un attroupement autour de lui. Parce qu'il est populaire, Mr. Sangsue.

À Istanbul, il y a aussi évidemment les traversiers tout partout. Toutes les rives sont pleines de bateaux. On utilise le traversier comme un taxi et la carte Akbil (la carte des transports en commun) donne accès aux traversiers, au métro, aux bus et aux tramways pour le même prix. C'est vraiment intéressant d'avoir sa carte, car ça nous revient à moins d'un dollar pour chaque déplacement. C'est moins cher que de payer les jetons à l'unité. J'ai donc ma carte Akbil que je remplie à chaque voyage. Erdi a trouvé ça comique lorsque j'ai sorti ça de ma poche. Je lui ai fait un clin d'oeil qui voulait dire "oui, je mange du kokoreç et j'ai une Akbil, je suis donc une vraie stambouliote". Il gloussait tellement j'étais fière de ma carte Akbil. Je la garde dans mon portefeuille en tout temps, même au Québec. Comme pour me rappeler que j'ai cette ville dans la peau. Comme pour me rappeler que je suis amoureuse de cette ville. On a beau me montrer tous ses mauvais côtés, ils n'arrivent pas à la cheville de ses bons.


Demain, j'ai un autre souper entre amis.
J'ai faim!
Afiyet olsun! (Bon appétit).


dimanche 16 février 2014

Trois jours intenses à Sakarya... et un changement de plan inopiné

Je peux vous dire que ma vie est pleine de rebondissements. Oui messieurs dames.
Il y a deux jours je devais encore partir pour la Slovénie aujourd'hui... C'était ÇA "ze" plan.

Et je ne sais pas pourquoi, mais je n'ai comme soudainement plus eu envie d'y aller. Du moins présentement. Rien contre la destination, qui m'attire pourtant.
J'étais chez Özlem avec un début de grippe à me virer d'un bord pis de l'autre en ne pouvant pas dormir. Et j'ai quand-même pris mon autobus pour revenir à Istanbul au Adora, où j'avais une réservation pour une nuit seulement (hier), avant de voler aujourd'hui.
Hier soir, je sors manger un pide.
Et je vais prendre un thé (des thés) à l'endroit ou Guerre travaille...
Je lui ai dit: "Je pars demain matin en Slovénie".
"Chanceuse, ma reine!" qu'il me dit. (je suis sa reine, ou princesse, ou n'importe quel mot idiot un peu macho mais pas trop dangeureux, pour Mr. Guerre).
"Ouais", que je lui réponds.

Je reviens à l'hôtel Adora. Et là, je me rend compte que je m'en vais en Slovénie seule pendant que je pourrais être entourée de gens que j'aime ici, dans cette ville. Je descends au hall d'entrée et appelle Éric en cata en même temps pour lui faire part de mon dilemme. Éric me dit: "reste en Turquie!".
En plus, je commençais de la fièvre.
Ouin.
Il me faut une nouvelle réservation et annuler cette que j'ai à Ljubliana.
Je me dirige vers la réception, en croisant les doigts pour qu'ils puissent me prolonger mon séjour,  toujours avec Éric en ligne sur Skype... Et là... Erdi...
Erdi est là. Il est revenu... Il est assis à la réception, un géant sur un tout petit banc, en costume propre, et j'ai droit aux dents blanches. Sourire Crest.
What??? !!!!
Mon big boy!
Il rigole. J'ai toujours mon chum en ligne, là.
Et il me arrange tout, ce BIG BOY. J'ai une chambre ici au lieu de Ljubliana. J'annule la Slovénie sans pénalité. Et la fièvre montre encore, juste pour signifier sa joie, elle-aussi.
Je tousse. Je fais une face de "je ne dormirai pas ce soir".
Donc je prend une pillule. Et je reste avec Erdi à la réception jusqu'à minuit parce qu'on a deux ans de placotage à rattraper. Il m'avait manqué mon Big Boy. Il me raconte la Russie. Il me fait rire. Et je tousse encore. À 22h00, j'ouvre un sac de chips car j'ai pas souper et j'ai pas envie de sortir au frette à cette heure.
J'avise Özlem que je reste en Turquie par message privé facebook. Je lui propose de venir à Istanbul me visiter. Elle en a bien envie et c'est prévu pour mercredi, si pas de changements de son côté. Inshallah!

Mes autres amis s'empressent d'apprendre la nouvelle et je reçois des messages de Nebahat, de Ayhan, de Yunus, de Ersin, de Ayse. Ils veulent leur sortie aussi. On verra. Je suis brûlée et je ne veux pas empirer ma grippette.
Erdi aussi n'est pas en reste. Il décide que mardi, il me sort, grippe ou pas,  pour qu'on aille manger des trippes de je ne sais pas quoi ou de la panse...en tout cas... Un truc dégueulasse. J'ai pas trop envie mais il me met siiiiiiiiii divinement au défi que je vais y aller pareil. Rien que pour lui fermer la margoulette.
Mais j'ai déjà mal au coeur juste à y penser. Yeurk! Pourquoi il a ces idées-là???? Tout le temps! Il refuse mon offre de chips en me disant qu'il est trop gros... mais pour manger de la panse, ça, pas de trouble!
Je vous compterai l'aventure des entrailles quand ça aura lieu et que je pourrai en parler sans vomir.

Donc oui, je suis ici à Istanbul. Pour un bon bout. Et j'en suis heureuse. Je ne regrette pas ma décision. L'Adora coûte moins cher que mon hôtel de Ljubliana, et il y a des rabais partout dans les magasins! Misère.  Je vais passer la semaine à magasiner! Nonnnnnnnnnnnnnnnnnnnn!
Même si je tousse, je suis sortie de 11h à 15h aujourd'hui sur Taksim... Je voulais m'acheter quelques bouquins en turc car je n'ai rien à lire. Donc chose faite, j'en ai trois. Et je voulais aller chez Mango et autres. Check! J'ai une robe et un gilet. Et je voulais manger chez Ramiz...
Check !
Mais quelque chose est arrivé dans ce restaurant. Ouais. Je suis troublée hihihihi.
Le serveur... Un beau jeune homme d'à peu près 27 ou 28 ans. De grands sourires. Il me sert thé après thé... Et quand vient le temps de payer, il me revient avec mon change... et je trouve sous les 35 livres qu'il me remet ... un p'tit message! "Tu es très belle. Peut-on se revoir? " avec un numéro de téléphone.
OMG! Comme dans les films. ahahahahah
Non mais, j'suis crampée. Sur le coup, j'suis presque tombée en bas de ma chaise.
Évidemment, c'est hors de question. En bonne femme mariée, je me tiens loin de ces histoires-là.
Mais ça fait du bien à l'égo. Voilà, je l'ai dit.
La plupart du temps, on se fait cruiser ici très directement. C'est la première fois qu'un don juan utilise cette tactique du billet doux avec moi.
Ça m'a bien fait rire.Évidemment, mon chum trouvera ça moins drôle en lisant ces lignes, mais bon, je ne peux pas contrôler les doux billets qui me sont envoyés avec ma monnaie. C'est comme ça.


Donc oui, je serai à Istanbul pour un bout, que je disais. Revenons à mes moutons.
Il y avait des faiseurs de bulles sur Istiklal, aujourd'hui. Des jeunes hommes qui font des bulles de savon sur les passants. J'avoue que j'adore ça, même si je trouve que c'est un bizarre de passe-temps. Dans le soleil, les bulles brillent et j'ai l'impression de marcher dans un rêve. C'est totalement irréel que de traverser un nid de bulles en humant l'odeur des châtaines et du maïs grillé au charbon de bois, et les effluves de thé partout. Les dimanches sur Istiklal sont à ne pas manquer. C'est unique, c'est magique. Comme si tout Istanbul s'y rencontre pour marcher et grignoter.

 Les faiseurs de bulles :D

 Istiklal Caddesi un dimanche midi...

J'ai quand même passé les trois nuits précédentes dans un tout autre contexte, et je me dois d'en parler, parce que j'étais chez Özlem en Anatolie.
J'étais à Sakarya pour trois jours, en fait. Je suis arrivée le 12 et repartie le 15. Le 12, Özlem m'attendait à la maison. Je me rappelais bien comment m'y rendre,  où à peu près, car Özlem ne vit à cet endroit que depuis l'été dernier. J'ai donc fait ça comme une grande, toute seule, tout en turc. J'ai prise une navette de la centrale d'autobus jusqu'au garage central, puis j'ai débarqué et trouvé un bus qui allait à Kipa (une grosse épicerie bien connue ici). J'ai demandé au chauffeur de m'arrêter un arrêt plus loin que Kipa, tout ça en turc. Et ça s'est exactement passé comme cela. J'ai marché le 200 m qui restait et tadammmm : J'étais chez mon amie. Brûlée et les bras pleins de bleus des deux bords tellement mes sacs sont lourds. Maudits soient les voyages quatre saisons!!! On dirait que j'ai été battue.

On a bien jasé, Özlem et moi, car on a pas beaucoup l'opportunité de le faire par internet, nos horaires ne concordant vraiment pas,  et ensuite nous avons pris cette journée aisément. En soirée, nous avons regardé les téléromans turcs que j'aime tant.  La petite vie tranquille, bref. Sakarya, c'est ça. C'est la portion terre à terre de mon voyage.
 Le lendemain, Özlem et moi avons fait un brin de magasinage... et j'ai évidemment acheté des bottes, que j'ai porté aujourd'hui et que j'adore. Culpabilité dans mon âme... pour deux minutes. Elles sont tellement belles. Puis je suis allée dans les cafés et manger un lahmacun. Ayse est venue nous retrouver et nous sommes toutes allé à BDM, car autant Özlem que Ayse avaient des cours à donner de 19h00 à 21h. Entre temps, Emre m'a téléphoné pour me proposer une soirée de raki-bière. Donc à 21h, il est passé me prendre et nous sommes allés au Radyo Pub pour manger des grignotines et boire comme des trous. hihihihi j'exagère... mais le raki était bon et... pas mal fort.  On avait tous les deux le vin joyeux et du blabla en réserve. Emre, c'est mon "partner" de brosse par excellence, en Turquie. Il est fiable, premièrement. Je ne peux pas me permettre de boire avec n'importe qui, dans ce pays, car en tant qu'étrange étrangère, j'attire l'attention dans des villes comme Sakarya où les outre-mers sont absents. Avec Emre, je sais que je suis en sécurité. Aussi, Emre et moi on se connait depuis des années maintenant, et c'est donc fort agréable de se voir dans ce contexte, plutôt que dans notre contexte habituel, celui des cours par Skype. Hé oui! Faut pas oublier qu'il est mon ami mais aussi mon prof. 
Je l'adore, cet Emre. Vraiment, il met de la couleur dans mes épopées en terre turque. Cette chance que j'ai d'être entourée de gens formidables ne se remplace par rien. Et ça me cause de grands bonheurs.  

Le lendemain, on avait une journée de filles chez Ayse, qui préparait avec Ozlem un repas de St-Valentin pour Alper et Ugur, leurs maris. Moi, j'avais un plan pour la soirée. Je devais rencontrer Zeynep, mon élève de français, à qui je donne des cours par Skype. Nous sommes donc allées manger au resto Adi bahçe, Un endroit très très bien, ma foi, avec de la nourriture de très grande qualité. Comme Éric est loin et que Zeynep est célibataire, nous avions décidé d'être la Valentine de l'autre, en toute amitié. J'ai adoré cette première rencontre face à face avec ma belle petite Zeynep. Zeynep, c'est une jeune femme de 25 ans, célibataire, étudiant en architecture paysagère. C'est une joueuse de tennis, elle n'aime pas s'asseoir à rien faire, elle est belle comme un coeur. J'ai donc passé une très agréable St-Valentin en sa compagnie. À la table voisine, une petite famille mangeait. La petite bébé, appelée Elif, riait aux éclats à chaque fois que je commençais à parler en anglais. Elle n'avait pas beaucoup plus qu'un an et demi, selon moi. À l'heure du dessert, on l'a amené à notre table, avec la permission de sa maman, et elle a mangé avec une cuillère de la panna cotta avec nous. Elle refusait qu'on lui en donne. Elle voulait SA cuillère, premièrement, et deuxièmement, c'est ELLE qui voulait nous nourrir. Elle nous tendait sa cuillère pleine de crème comme si nous étions les bébés et elle l'adulte. Les bébés comprennent toutes les langues et n'ont pas peu de l'inconnu. Cette mignonne petite chose riait tellement honnêtement, et c'est ce qui comptait. Et elle avait de la panna cotta à la citrouille partout! Pauvre ti-amour!

 Bébé Elif et sa cuillère de grande fille

 Zeynep et moi à notre souper de St-Valentin

En soirée, après le repas, je suis allée retrouver Alper et Özlem chez Ayse et Ugur... et Ugur, le mari d'Ayse, nous avait acheté à chacune un cadeau de St-Valentin: un pashmina chic pour moi, un pour Özlem, et des chaussures pour sa dulcinée. J'ai trouvé l'attention très sympa.

Mon amoureux a passé une moins belle St-Valentin, puisque sa tante est décédé sous ses yeux tôt le matin, à Rimouski. Je veux simplement profiter de ma tribune pour mentionner le courage de cette Marie-Ange, qui a souffert des années durant avant de laisser aller son dernier souffle. Mes condoléances à toute la famille.  Un nouvel ange, qui portait déjà le nom d'un ange  sur terre, est au ciel, maintenant. Rien n'est plus vrai.

Et je suis partie.
Trois jours.
Vite vite vite j'ai vu Ayse et Ugur.
Vite vite vite j'ai vu Alper mon "kanka".
Trop vite j'ai vu Özlem.
Vite Emre et moi avons rattrapé un peu de temps.
Et Vite j'ai rencontré Zeynep face à face.

Et c'est pourquoi j'ai un peu "freaké". La fièvre n'aidant pas, la nostalgie a monté en moi. Elle m'a rapidement habitée. Vite vite vite.
Et vitement j'ai viré mon capot de bord pour rester en Turquie.

Je peux difficilement vous expliquer pourquoi j'aime tant ce pays. Ça se vit. Ça ne se dit pas.
Mais cet après-midi, à l'heure où mon avion devait atterrir en Slovénie... j'ai regardé ma Jiusko et j'ai souri. Parce que la montre me disait: "tu as le temps mon amie, tu n'auras pas à courir, pas cette semaine."

J'avais bien envie que la montre me dise cela.

Ceux qui pensent que je devrais agir autrement ne savent pas s'écouter, tout simplement.
Je n'ai pas peur des lieux inconnus. Je suis allée chez les Kurdes seule, j'ai vécu au Mexique quatre ans, j'ai fait l'Égypte en solo, etc.
Il n'y a pas de bonne ou de mauvaise manière de voyager, sauf si on ne s'écoute pas soi-même. Ça, c'est une mauvaise façon de trotter. J'ai fait de tous les types de voyages, en solo, des vrais backpacks avec un mini sac à dos, du backpack de poulettes de luxe, des voyages organisés pour backpackers, du sud, des city breaks comme New York ou Prague.  Je n'ai rien à prouver à qui que ce soit, ni à moi-même. Certains amis veulent absolument se prouver qu'ils sont "hot". Tant mieux pour vous les amis si vous êtes hot. Moi, je ne veux pas être hot. Je ne veux pas aller en Slovénie si ma tête est ailleurs, simplement pour avoir une étampe de plus au passeport. J'irai en Slovénie. Oui. Ce n'est que partie remise.

 Ayse, la fille de ville, avec son café moderne... Moi, habillée avec mes restants de linge et mon thé de grand-mère

 kahve keyfi ... (Le bonheur du café)

 Selfie. Oui, on aime ça.

 Je suis Meryem en Turquie. Même sur les billets d'autobus. héhé.

 Özlem et Ayse :)

 On appelle ça un thé d'hiver. Citron, girofle, gingembre, fruits séchés, cannelle, etc. C'est un délice!





Un de mes mets turcs favorits: le lahmacun. à consommer avec un gobelet de ayran (yogourt salé à boire)

En bonne v.i.p au Adora, comme j'ai une grippette, on me sert du thé au citron et menthe fait maison,
avec le petit miel qui vient à côté. Gratos, by the way. C'est mon service personnalisé. héhéhé.
Je peux vous dire que je ne suis pas une "repeater" pour rien. 

Bonne soirée à tous!

mercredi 12 février 2014

Istanbul la romantique

Je crois que malgré tous mes billets écrits sur Istanbul depuis toutes ces années, je ne vous ai jamais relaté pourquoi cette ville est si romantique.

Je viens de passer trois jours à Istanbul.
Cette ville a bien pris soin de moi, après mon triste départ de l'Égypte.
Après tout, après mon amoureux, Istanbul est ma deuxième grande histoire d'amour.

La ville est faite pour l'amour. Elle est divisée en trois gros morceaux, tous séparés par des ponts. On peut passer d'une rive à l'autre dans de charmants traversiers qui nous permettent une vue à se jeter à terre. Il n'y a rien à dire de la vue qu'Istanbul nous offre, sous tous ses angles. Déjà, lorsqu'on y arrive en avion, on a l'impression que l'on va atterrir dans l'eau. C'est bleu partout, et c'est magnifique.

La ville est pavée de pierres antiques. Nos petits pieds claquent et résonnent dans la nuit, lorsqu'on s'y attarde un peu trop. Il y a des bancs partout. Tous les bancs ont une vue. Un jardin par çi, une fontaine par là, un monument historique par çi, une mer par là. Les amoureux aiment y rester longtemps, enlacés ou main dans la main. Ils s'installent sur les grosses pierres qui bordent le Bosphore et s'embrassent longuement.

Istanbul, c'était Byzance. Puis Constantinole. C'était la ville de Soliman le Magnifique. Il y a des traces de ces époques partout, et la ville s'avère un musée à ciel ouvert.
Rien n'est plus romantique que de s'asseoir à l'ombre de Sainte-Sophie, en hiver. La grisaille du ciel est oubliée lorsque le rose de ses pierres frappe nos pupilles. Aucun spectacle n'est plus beau que Sainte-Sophie. Elle est déroutante.

Lorsqu'on est à Sultanahmet, on est submergés de touristes et de vendeurs qui font leurs gros machos. Mais dès qu'on prend le Marmaray ou le traversier pour passer du côté asiatique, il n'y a plus de gringos, plus de croisiéristes, plus de harcèlement. Ici, en Asie, c'est la vraie vie. J'y suis justement allée hier. Je voulais essayer ce fameux Marmaray, tunel sous le Bosphore tout nouvellement ouvert, et qui lie l'Europe et l'Asie en quatre minutes. Je suis donc allée me balader à Üsküdar, car la vue sur la tour de Léandre, le palais de Topkapi et toutes les merveilles célèbres de la belle Istanbul nous y sont offertes à nu.
Ça sent les simits frais, le poisson et les fleurs.
Ça sent le thé et les pâtisserie.
Ça sent la mer.
Ça sent bon.

J'avais besoin d'un break de demandes en mariage, voyez-vous. Donc à Üsküdar, les gens me prennent pour une Turque et j'ai la sainte paix. On m'aborde en turc, et l'atmosphère est totalement différent de ce que la rive européenne a à m'offrir.

J'aime cette Istanbul grandiose. Elle est toujours à la hauteur de mes attentes.

J'ai fait quoi pendant trois jours?
J'ai vu des gens.
J'ai revu Osman, mon guide de Septembre, car ça adonne qu'il est en ville pour deux semaines. Il est arrivé la même journée que moi et a vu que j'y étais aussi sur facebook, qui ne cache rien à personne. Donc un message et voilà un lunch de booké. Osman, c'est assez comique, mais il ne connait pas vraiment Istanbul. Il n'y vient presque jamais et reste chez son oncle dans le quartier de Baçilar, tout au bout de la ligne de tramway européenne. Je me suis donc amusée à le guider un peu partout. Nous avons mangé notre fameux balik ekmek (sandwich de maquereau - Oui Pascale Albert, je l'ai mangé à ta santé), avec de la limonade maison et des marinades (cornichons et chou mariné), puis on a erré dans Gülhane Parki, un parc niché au pied de ma Sainte-Sophie et de Topkapi, puis nous avons continué de marcher sur Sahilburnu, longeant la mer de Marmara pour revenir à Eminönü et nous jeter tête première dans ses méandres.
J'étais contente de voir Osman. C'est une très bonne personne, avec de belles valeurs. Très contente de l'avoir vu. En plus il m'a amené un cadeau pour me remercier (sa cousine l'a probablement choisi pour lui hihhihi)
J'ai aussi eu le plaisir de manger avec une amie, Nebahat, sur Divanyolu. Pouvez-vous imaginer qu'un serveur qui travaille dans le restaurant où nous sommes allées m'a reconnu? Il m'a dit: "tu es la Meryem qui est allée à Van en septembre, hein?"
Ouf... Quelle mémoire alors. Oui, c'est bien moi..
"Comment tu t'en rappelles?" lui demandais-je.
"Tu es la seule étrangère que je connaisse qui parle turc et tu fais beaucoup plus jeune que ton âge, ça m'avait marqué".
hihihhi.(Merci du compliment pour le truc de l'âge, Mr.)
Ce même soir, après le départ de Nebahat, j'avais du temps à perdre... Quoi de mieux qu'une séance d'observation de cruise de madames ? Rien n'est plus amusant.
Je vais donc m'effondrer sur une banquette dans le restaurant où travaille Ersin et sa gang de playboys finis, pour les regarder à l'oeuvre. À moi ils ne font rien car ils me connaissent et ils savent que  c'est peine perdue et que je ne réponds plus aux "tu as des yeux extraordinaires" et aux "qu'est-ce qu'une belle femme comme toi fait seule dans une ville pareille?"
Je connais la chanson, comme on dit.
J'ai trop bu de thé, trop longtemps dans ce resto. Lorsque j'ai voulu partir, il n'y avait plus de tramway. Les monsieurs cruiseurs ont donc payé un taxi pour que je sois reconduite à bon port sans danger.Il faut le faire, quand-même.

Hier, outre mon escapade à Üsküdar, où vendeurs de simits et vendeuses de roses se partagent le pavé, je suis allée veiller dans un bar avec Dauphin (c'est vraiment la traduction de son nom, Yunus). Dauphin travaille de nuit dans un hôtel. Mais il m'avait promis une bière ou deux et c'est hier que la beuverie avec lieu. Lui pouvait boire un peu sans plus, mais moi j'avais carte blanche...
Ouf... J'ai beau avoir l'air plus jeune que mon âge, j'ai l'âge que j'ai.
Je me suis ramassée avec plus de voix du tout, un mal de bloc le lendemain matin (ce matin) et une petite peur car je ne trouvais plus mon cash... jusqu'à ce  je me rende compte que la saoulonne en moi avait déposé les précieuses livres turques dans un deuxième porte-monnaie. Pas fort. Pas fort du tout.
Mais dieu que c'était plaisant, car Dauphin est un p'tit jeune brillant et à son affaire. Ça m'a fait du bien de faire ça. Une soirée de bar. J'en avais envie et je ne peux pas me le permettre avec des inconnus. Comme je connais Dauphin depuis quelques années déjà, ça va. Il est digne de confiance.

Vous riez de ce nom hein ? Dauphin.
Il faut dire que dans ce pays, on prénomme les enfants avec des mots qui ont un sens pour nous. Özlem veut dire "missed". Yunus veut dire "dauphin". Erdi veut dire "qui à atteint la sainteté". Gaye veut dire "but". Endam veut dire "stature". Ipek veut dire "soie". 
Mais mes préférés sont les prénoms de deux frères que je connais. Le plus vieux s'appelle Guerre et le plus jeune s'appelle Paix. Je suis crampée de rire à chaque fois que j'y pense. Quand j'en ai parlé à Özlem, elle m'a dit: "oui oui, c'est normal. Ce sont des prénoms utilisés régulièrement".
Je n'ai pas encore vu Guerre et Paix cette année. Probablement la semaine prochaine.

Ce matin, j'ai pris un petit déjeuner rapide et j'ai filé en tramway puis ne métro jusqu'à la centrale de bus, pour trouver un Metro Tourizm prêt à m'emmener à Sakarya. Puis, comme une grande, je me suis organisé avec les bus de ville et les navettes pour me rendre chez Özlem (Merci mémoire photographique, pour m'avoir rappelé son quartier que je connais peu!). Et merci, gentils chauffeurs turcs, de me déposer toujours où je le demande. J'ai dit au conducteur de bus un truc bizarroïde du genre:" Il y a Kipa (une épicerie connue), un arrêt après Kipa svp".héhéhé. Il m'a déposé exactement au bon endroit.

J'étais contente de voir Özlem. On avait des conversations à rattraper car toutes les deux, on ne parle que rarement par internet. Nos horaires n'ont aucune compatibilité, tristement.
Mais on se voit et on rattrape ce qu'il y a à rattraper.
J'ai eu un bon repas avec elle, on a regardé la mort de Mustafa dans la série sur la vie de Soliman pasha, la plus regardée en Turquie. Bref, une journée de vraie vie. Comme je les aime.
Alper est comme à l'habitude un adepte du turk-lish. Pour me faire comprendre le mot "messager" en turc, il me l'a traduit par "facteur ottoman".... puis par courriel ottoman. N'importe quoi! :D

Ok. Voici vos photos, puisque vous en voulez toujours!

 Magnifique Sainte-Sophie ,,,

 Üsküdar

 Palais de Dolmabahçe

 Petite pêche d'après-midi, Üsküdar



 Les joyaux d'Instanbul: Ses mosquées et temples 

Dolmabahçe

 Thé d'après-midi devant la tour de Léandre

 Istanbul a compris comment s'approprier ses rives

 Même les canards aiment ce spot

 Et même les bateaux aiment ce spot :)



 Les amoureux sont partout. Istanbul est romantique.

 La mosquée bleue et sa fontaine de nuit.

 La rose Sainte-Sophie brille la nuit

 Typique vie stambouliote... De la mer, des simits (pains turcs) et de la vie.

 Et les vendeuses de fleur profitant du soleil d'après-midi.


Bonne soirée les amoureux!