mercredi 16 mars 2016

Bangkok: La ville aux mille et un sourires

Il est tard et je me dois de vous écrire un peu à propos des deux derniers jours.
Nous sommes toujours à Bangkok, comme vous le savez déjà; une ville immense pouvant offrir une multitude de possibilités.
La ville regorge de grandes beautés, de chaos pur et dur, de luxe inimaginable, d'attrapes-touristes des plus inusités, mais est aussi constituée d'un côté sombre avec tou(te)s ces prostitué(e)s, souvent trop jeunes, sifflant les passants pour quelques dollars vites faits et trop peu payés pour le risque encouru. Car la prostitution ici est un mal datant de la Guerre du Vietnam, lorsque cent mille jeunes femmes ont pris d'assaut cette ville pour servir les GI Américains dans leurs trop courtes permissions. On ne réglera donc pas le sort de ce fléau sur ce blog. Cela dit, Bangkok est beaucoup plus que cette triste réputation. Bangkok est en fait la ville des mille et un sourires.
Oui, ici, ça sourit. Beaucoup. Passionnément. À la folie. Ça le fait gratuitement. N'importe quand. Comme ça. Juste pour faire plaisir. That's it that's all. C'est rafraîchissant... si je peux utiliser le mot "rafraîchissant" dans une ville où il fait plus de 30 degrés humides à l'année. Patadoxe mais bon, on ne réglera pas non plus nos comptes avec la température sur ce blog. N'empêche que c'est le cas; c'est revigorant. En Amérique du Nord, on ne sourit plus sans intention. On a peur de l'autre. On détourne le regard, on évite de regarder autrui, on fait tout pour éviter le fameux contact humain déboussolant. On a aussi une grande (une gigantesqueeeeee) peur de l'autre depuis Septembre 2011. On fait de l'hyper-analayse, on tente de vouloir à tout prix déceler l'autre, le comprendre, le convaincre de tout et de rien, que notre idéologie est meilleure pour lui à long terme, que la servitude liée à des croyances ne devraient plus avoir de place en ce monde, qu'on doit être libre coûte que coûte...On soupçonne son voisin, on soupçonne la différence, on est xénophobe sans être raciste. 

Ici, on se sourit. Tout simplement. On se sourit et on continue notre chemin. Le sourire n'est pas forcé; il est grandiose, avec les yeux brillants et un léger hochement de tête soulignant  sa légitimité comme une ceinture une taille. Dans une ville de 14 millions d'habitants, on sourit. Gratuitement. Malgré nos cœurs parfois pleins de tristesses de toutes les sortes. Malgré qu'on ne se connait pas. C'est d'une beauté franchement désarmante, ce sentiment de candeur qui nous lie à l'autre, à cette passante, à cette vendeuse, à ce ladyboy, à ce policier. Les Thaïlandais sont joueurs et rieurs, ils sont aidants et n'ont pas peur de ne pas comprendre. Et sans cette peur de ne pas comprendre, justement, on communique vraiment. C'est mon constat numéro 1 de ce début de voyage. Je n'ai jamais autant souri qu'ici puisque c'est immanquablement contagieux.

Le constat numéro deux, c'est l'organisation des transports dans cette ville de fous. Outre les bus et le sky train, il y a deux moyens principaux qui se compétitionnent  en ville: les taxis et les tuk-tuks (ces petits véhicules se faufilant partout). Le Routard nous mentionnait cet avertissement: "Faire confiance aux taxis ayant un Taximètre". OMG  que le Routard disait vrai! Premièrement, les chauffeurs de tuk-tuks parlent assez bien l'anglais... ce qui n'est pas du tout le cas des chauffeurs de taxis. Dites-vous qu'il y a une raison pour cela: les tuk-tuks sont pour les touristes. Depuis que nous sommes ici, nous avons observé que très peu de locaux utilisent les tuk-tuks à Bangkok. Ils coûtent pas mal plus cher que le taxi, et certains chauffeurs sont des arnaqueurs de première qualité. Autre avertissement lu à quelque part: les chauffeurs de tuk-tuks vous diront que  votre hôtel a brûlé, que le temple vers lequel vous allez est fermé, que la boutique que vous cherchez n'existe plus, tout cela pour vous conduire ailleurs et prendre une cote. Attention! Pas tous les tuk tuks ! Principalement ceux se tenant près des grandes attractions, comme le Grand Palais, le Musée National ou Khao San Road. J'ai utilisé un tuk tuk une fois, car il y avait un trafic infernal à l'heure du lunch et le tuk-tuk pouvait passer entre les files de voitures. Le chauffeurs a été correct. On a payé un prix assez correct aussi, compte tenu de l'urgence de nous déplacer. Mais nous avions spotté notre voiturette loin des lieux achalandés de touristes.  Le reste du temps, si nous ne marchons pas, nous prenons un taxi AVEC TAXIMÈTRE svp. Si vous venez à Bangkok, toujours demander un taxi avec "meter" car ils sont vraiment abordables. Les tarifs négociés peuvent être 4 à 5 fois le prix. Il faut être patient et bon joueur, parce que peu de chauffeurs comprennent l'anglais, et ils ne savent pas lire notre alphabet non-plus. On doit donc être clair en nommant l'adresse, et faute de se faire comprendre, nommer un repère près de l'endroit (centre commercial, restaurant, autre hôtel plus gros, un pont, un hôpital, etc.) Dites-vous que ces chauffeurs vont avoir l'air complètement perdus et vous donneront l'impression de vous mener n'importe où. Ils utiliseront des raccourcis, des chemins perdus dans le fin fond du far west, ils vont être silencieux ou vous poseront des questions en thaï en pointant des endroits... Mais par magie, ils trouveront. Et trouveront assez rapidement pour que votre course soit plus que raisonnable sur le plan du prix. C'est une expérience agréable que de se promener en taxi dans Bangkok. Chaque course coûte environ entre 2 et 4$ avec pourboire (facultatif en Thaïlande), ce qui est plus que bon. Et comme les taxis ont l'air climatisé, pourquoi s'en passer? haha. Je veux donc rendre hommage à tous ces chauffeurs de taxi de Bangkok qui doivent dealer avec des touristes qui ne savent pas prononcer leur langue, dans une ville chaotique 24h/24 sans savoir lire notre alphabet. Ils font de petits miracles, gagnent beaucoup trop peu pour la peine, et sont aussi souriants que tous ces êtres que je décrivais plus haut.

Je ne vous dirai pas en détails tout ce que nous avons fait depuis hier. Je vais vous en parler sommairement, pour que vous vous en fassiez une mignonne petite idée. Hier nous avions une journée chargée de prévue car Éric et moi avions réservés des mois d'avance une table sur le meilleur rooftop de la ville ( au 32e étage). La table qu'on nous avait assignée était la meilleure; celle au coin, avec une vue sur un angle complet et non pas juste sur un côté. Il fallait donc revenir assez tôt à l'hôtel pour se faire beaux (hé oui!) et trouver l'endroit situé dans le quartier Sukhumvit à l'heure pour ne pas perdre la table.
 Nous sommes partis très tôt visiter les temples et le Palais royal, des sites achalandés comme c'est pas possible (agoraphobes s'abstenir), mais qui sont des incontournables de Bangkok. Nous avons passé une journée mémorable à marcher, marcher, marcher et encore marcher. Ma FitBit n'a pas arrêté de me sonner des nouveaux records et je crois que j'ai terminé la journée avec 223 minutes de cardio. Il faisait humide, mes pieds en ont pris pour leur argent (ampoules sous de la corne; c'est super!), j'ai un coup de soleil de merde juste d'un bord dans le cou (seule place où j'ai oublié ma crème solaire), Éric a commencé à bronzer en colon aussi, et je vous jure que vers 14h00, quand le soleil était à son apogée, je marchais en zombie et j'étais à veille de faire une crise de nerds. La chaleur ne m'affecte pas, mais l'humidité, mon Dieu! Mes pieds et mes mains gonflent, et me font souffrir. Il faut s'hydrater à tout bout de champ. Au Palais Royal, il ne restait plus d'eau au stand où on en vendait. J'ai donc bu un jus de Chrysanthème one shot. Oui oui, un jus à la fleur! C'est un produit pasteurisé et embouteillé en Thaïlande, c'est particulièrement frais et... très floral, vous vous en doutez bien. Pas le jus favori d'Éric, mettons, mais il a tout bu pareil. Moi ça m'a plu beaucoup! 
Malgré tout, nous avons passé une superbe journée. Les visites étaient toutes grandioses, et nous avons même eu la chance de piquer une saucette dans la piscine de notre logis... Oui oui, la piscine sous l'autoroute, là. haha. Très fraîche et propre surprenamment. Et ensuite, go pour le rooftop à 19h00.
Le rooftop s'appelle Above Eleven, pour les intéressés, situé au top du Fraser Suites pour votre info. Si jamais vous voulez venir prendre un verre dans une ambiance Lounge avec une vue à couper le souffle, ou manger, c'est votre place. Ils se spécialisent bizarrement dans la cuisine sud-américaine mais c'était très réussi et mes verres de proseco-saké-fruit de la passion ont merveilleusement terminé cette journée, avec un ceviche bien frais de crevettes et de bar. Un délice! Le tarif était  relativement correct selon les standards occidentaux. Mettons que c'est comme un souper au Bâton Rouge. Ni plus ni moins. Un truc: réservez longtemps d'avance pour avoir "the best view ever". Les guides voyages ne sont pas là pour détruire votre impression de backpacker, vous savez les amis. Parfois ils peuvent vous donner des conseils judicieux et s'il est vrai qu'on peut manger pour 1$ à Bangkok (je confirme), on peut aussi accepter de payer un peu plus une fois de temps en temps pour vivre en jet-setter un brin. Ça fait du bien de se faire beau et belle et de siroter un drink de mixologue en regardant une ville complète grouiller tout en bas.

Aujourd'hui, on avait prévu une balade sur les Klongs (les canaux de Bangkok sur lesquels vivent des gens, parfois riches parfois très pauvres, dans des maisons sur pilotis. La promenade se fait en bateau. Nous avions loué une embarcation privée, et c'était un super moyen de commencer la journée, à l'ombre de ce soleil de fou, bien installés dans le bateau long à simplement se gaver les yeux de ce style de vie, car c'est toute une vie que de choisir ce type de logement. Je vous conseille chaudement cette activité. C'est très relaxant et relativement abordable. Nous avons demandé à notre conducteur de nous laisser au Flower Market, un marché beaucoup moins touristique que certains autres, mais tellement agréable à visiter. Il est constitué de trois parties intéressantes: 1) le marché aux fruits et légumes  2) le marché des ornements floraux pour les offrandes religieuses et fleurs en vrac si on veut les confectionner soi-même 3) les échoppes de bouffe de rue à l'extérieur de la place. Dans le marché, peu de touristes. Peu de gens parlent anglais aussi, mais avec un petit guide linguistique, on réussit des miracles (surtout Éric qui est très "game". En plus des sourires (évidemment), on nous a fait goûter à certaines choses... Les vendeuses riaient de voir notre crainte de croquer dans certains petits fruits étranges et c'était un très beau contact humain. À la sortie, j'ai été intriguée par une marchande qui confectionnait de minuscules crêpes de même que des pâtisseries sur ce qui ressemblait à des coquilles à tacos miniatures. Ça sentait sucré et collant (oui le collant a une odeur. C'eat psychologique bon!), mais j'avais un doute, car l'une des grignotines contenait de la coriandre émincée. Bizz bizz. Mais en y goûtant, c'était effectivement un dessert, délicieux d'ailleurs, fait avec de la guimauve fondante maison, de la noix de coco rôtie, de la coriandre émincée, un peu de zeste d'orange, le tout sur un léger et très fin biscuit craquant (la coquille à taco!)  C'est si agréable de pouvoir goûter des trucs qui sortent de l'ordinaire, oser un peu. La bouffe de rue de Bangkok est très prisée, et pour le moment la salubrité des stands est acceptable selon mes standards. Éric est plus craintif. Il se questionne toujours plus (et c'est un excellent réflexe, d'ailleurs!). Il me ramène à l'ordre parfois. "Glace en vue, pas touche" ... 😉

Éric est celui qui profite le plus de ce voyage, il faut le dire, compte tenu qu'il en avait grandement besoin. Parfois, partir permet de faire le vide, de s'énergiser. Une dose de soleil ne fait de mal que sur un dos mal crémé, dites-vous cela.

Lunch de soupe Tom Yam aux crevettes et de jus de tamarin vite, bon et pas cher. Après-midi au musée National (trop grand pour mes petits pieds maganés d'hier), puis piscine de l'hôtel ENCORE (quelle routine plate, hein!) et rumbo à la fameuse rue des backpackers de Bangkok pour la découvrir un peu et y souper: Khao San Road. La très célèbre. 
C'est là que j'ai dégusté mon premier scorpion à vie. J'avoue que c'est une attrape-touristes digne de ce nom, bien que les gens en Asie du sud-Est mangent vraiment des bibites du genre. Mais que voulez-vous, on m'avait mis au défi d'en manger, et comme j'avais déjà mangé des insectes quand je vivais au Mexique, j'ai senti que je pouvais le relever. En fait, le scorpion frit était plutôt bon.  Ça n'a pas grand goût, premièrement, et la texture ressemble à cette d'un chip. C'est frit. Et celui que j'avais  goûtait le salé et même un peu le piquant. Je l'ai tout mangé.  CRUNCH CRUNCH. Quand je pense qu'on mange du crabe et des escargots, je ne vois pas en quoi c'est pire de bouffer un insecte. C'est des protéines, c'est pas cher, c'est nourrissant. En parlant d'escargots, il y en a des géants dans le jardin de l'hôtel.  Je les vois ramper lentement et ma salive se transforme presque en beurre à l'ail.

Ok. Revenons à nis moutons. Je suis éparpillée. Khao San Road... c'est pas mon endroit préféré de Bangkok, disons-le. Premièrement, c'est affreusement cher à comparer au quartier dans lequel je loge, les chambres sont bon marché mais le reste est dispendieux. Puis, c'est rempli à craquer de toutes sortes de touristes. Des hippies. Des backpackers en spring break, des touristes venus pour le sexes drogue et rock and roll, etc. Il n'y a rien de local! Je comprends que certains backpackers puissent aimer cette ambiance un peu exotique (ladyboys, boutiques de tatouages partout, insectes à bouffer, logements à rabais, musique forte, boutiques de vêtements d'imitation... La mafia des tuk-tuks et des taxis sans taximètres se tient dans le secteur, et fait tellement d'argent qu'il est difficile de trouver un transport correct pour le retour à l'hôtel. Plusieurs refusent même de nous prendre, en prétextant que c'est trop loin (ce qui n'est pas le cas! Mais en restant dans le secteur, ils font plus d'agent qu'en nous déposant dans un autre quartier) En marchant un peu plus loin on en trouve cependant. Est-ce que j'ai aimé mon expérience là? Oui, quand même. Est-ce que je comprends quelqu'un qui dort là? Oui, si tu as 20 ans. Mais en haut de trente ans, je trouve ça maso et même un peu triste. Bangkok et une ville si versatile, si remplie de toutes sortes d'hôtels à prix décent (entre 20 et 100 dollars, mettons) que de vouloir dormir dans un pareil mess pour sauver 5$, ça m'étonne, sauf si ta raison est de faire le party all night long. Si c'est ça ton but, c'est la place! Good for you baby.

Je crois juste que je suis rendue à un âge où je veux en avoir pour mon argent, peut importe le montant payé. Et je veux juste profiter des bonnes choses, faire des découvertes agréables, etc. Je me fous un peu de savoir que j'aurais pu payer moins cher mon hôtel à Khao San Road. Je préfère ma petite piscine sous l'autoroute que de dormir sous un Burger King ouvert 24h/24 rempli de gens saouls et je préfère aussi déambuler dans les rues en me faisant aborder par des sourires que par des vendeurs de tailleurs pour homme un peu trop insistants. J'imagine que c'est un peu ça, prendre de l'âge haha.

Demain, on passe une journée tranquille et on prend le train de nuit pour Chiang Mai. On y visitera des temples, un sanctuaire d'éléphants et on fera une excursion qui nous mènera dans les villages Karen - femmes au long cou (oui, c'est mon deuxième attrape-touristes du voyage, sauf qu'il a cet avantage de nous mener au white temple de Chiang Rai, un temple que je tenais vraiment à voir).

Voici quelques photos vous donnant un avant-goût de notre Thaïlande.

Bonne soirée.

2 commentaires:

  1. Pour avoir déjà mangé des sauterelles, je crois que j'aurais aussi tenté l'expérience du scorpion et malgré mon vertige, juste à voir la vue sur les photos, je penses que j'aurais été capable de prendre sur moi et de passer la soirée dans le vide. :) Amusez-vous les amoureux!

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  2. Woww les photos sont incroyable !!! et avec les details dans les textes , je peux visualiser vos journée en lisant

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