samedi 19 mars 2016

Escale au nord

Éric et moi sommes à Chiang Mai depuis deux jours. Deux journées remplies au maximum.

En fait, nous avons eu droit à une dernière (une fausse dernière) journée à Bangkok juste avant. Nous y reviendrons dans quelques jours. Comme on n'avait plus de chambre à 11h00 du matin et que notre train était à 19h35, nous sommes allés passer une partie de la journée dans un centre commercial (MBK Bangkok) immense, un des plus gros d'Asie. Ce n'est pas une centre commercial ordinaire, là. Il contient environ 2500 boutiques... lesquelles sont pour la plupart des vendeurs de faux! Parfois, le faux est vendu à côté du vrai, tellement qu'on se demande lequel est le bon. On trouve de tout: des faux ipad, des fausses FitBit, des CD gravés, des polos de toutes les marques... tout ça en pleine face des policiers qui surveillent les lieux. Intéressante image: Un Starbucks Coffee juste à côté d'un Star Back Café, lequel est d'une qualité équivalente, d'ailleurs. Évidemment, nous avons choisi de siroter notre breuvage au Star Back. Starbucks n'est pas assez exceptionnel pour qu'on décide de ne pas essayer la chaîne locale.

Nous sommes ensuite allés à la gare un peu d'avance, avec l'idée de nous y échouer comme des baleines sur une berge pour un bout. Quand on n'a pas de chambre et qu'il fait 35 degrés humides dehors, c'est ce qui est le mieux à faire, croyez-moi. Il n'y a rien de mieux qu'une gare ou un aéroport pour étudier l'humanité, en plus. On a là de jolis échantillons de la vraie vie, on en a plein les yeux et on découvre souvent des traditions locales. Par exemple, il y avait un écran géant sur lequel était diffusée une chaîne nationale, pour que les voyageurs en attente puisse passer le temps. À 18h00, juste avant les nouvelles, tout le monde dans la gare s'est levé d'un seul coup. Éric et moi, on se demandait ce qui se passait là, avant que l'on ne réalise que c'était l'hymne national qui jouait. Bizarrement, il n'y a que la vingtaine de moines en attente de leur train ou presque sont restés assis pénards. Peut-être parce qu'à choisir entre le roi et le Bouddha, la réponse est simple?

Notre ballade en train de nuit allait durer environ 12 heures. On avait (dieu merci!) réservé des couchettes, pour pouvoir profiter d'un peu de sommeil. J'avais la partie du bas (je ne peux pas dormir dans une couchette en hauteur), et Éric avait la couchette du haut, laquelle ressemblait à un véritable cercueil, sans fenêtre. Pour votre info, on dort très bien en général dans les trains. Le ballotement nous berce et crée cette envie de fermer les yeux rapidement. Il a donc était relativement facile de s'endormir, et ce, malgré un groupe de boys espagnols turbulents installés au compartiment juste à côté de nous. Au petit matin, à notre arrivée à Chiang Mai, on a découvert qu'ici, les taxis ne savent pas où ils vont et ne savent pas utiliser un téléphone. Notre chauffeur a viraillé au moins  1 heure pour dégoter notre hôtel, pourtant situé dans une rue remplie de pensions et d'agences de voyage. Dieu merci, nous avions négocié un tarif préalable, mais disons que nous étions un peu irritables à notre arrivée au Chedi Home. Par contre, la qualité de l'hôtel nous a rapidement réconcilié avec la vie. Impeccable, relaxant, personnel délicieusement accueillant... Trois nuits dans un pareil endroit, ça fait sourire.
Cette première journée a donc été une d'errance dans les environs. Nous avons visité le Wat Chedi Luang, un des plus beaux temples de la région, nous avons été dans les marchés, de jour comme de nuit, et mangé dans ce qu'on appelle des aires de restauration des marchés en question, histoire de profiter de la multitude de stands offrant de la qualité à croquer. J'ai aussi essayé ces fameux fish Spas, ces bassins d'eau dans lesquels on plonge nos pieds dégueux pour que les petits poissons viennent par dizaines dévorer leurs peaux mortes. Ça chatouille beaucoup la première minute, et ensuite on s'habitue... sauf Éric. Lui, il a enduré les poissons pendant 30 secondes, puis, incapable de résister aux chatouillis, il a abdiqué. Puis, en pensant au côté dégueu de l'acte lui-même, il s'est lui-même dégoûté de réessayer. Je peux du moins rayer ceci de ma Bucket list, au moins. C'est fait.

Ce matin, nous avions réservé une activité au Elephant Nature Park, un centre de conservation des éléphants très réputé en Thaïlande, qui se finance via les participants comme Éric et moi qui les accompagnons dans leurs activités quotidiennes pour une journée. ENP est un endroit fantastique, terriblement respectueux de l'animal sauvage. Ils nous ont expliqué que leur mission est de sauver des animaux maltraités ou handicapés, et de leur donner un espace de vie des plus naturels possibles, le tout dans la sérénité. Les animaux ont été esclaves au travail, enchaînés, certains ont été sérieusement blessés en marchant sur des mines antipersonnelles laissées en Birmanie, qui a connu une longue guerre civile et une junte militaire. Plusieurs ont servis dans un cirque. En ce sens, il est interdit de se promener à dos d'éléphant chez eux. L'animal est maître du territoire. Si un éléphant décide de passer entre nous, c'est à nous de nous retirer pour lui laisser le territoire, et non l'inverse. Le parc compte 70 éléphants présentement.

Parenthèse importante ici. Nous, citoyens du monde, nous avons une incidence sur plusieurs maltraitances animales. Par exemple, en choisissant d'amener nos enfants au cirque, on doit oser se questionner sur l'éthique de la chose, lorsque le cirque met à l'affiche des animaux (tigres, éléphants, etc.). Pour dresser un éléphant au cirque, il y a toujours de la maltraitance. L'animal obéit de peur de représailles, et il arrive souvent que des crochets pointus soient utilisés pour les diriger, même devant le public. Un cirque sans animaux fait très bien le travail et ne cause pas tant de dommages. C'est la même chose lorsqu'on se fait poser avec un tigre "en liberté" ici. Les tigres sont enchaînés et drogués pour éviter de mettre la vie des touristes en danger de mort. On sait bien qu'un tigre adulte, c'est pas un gentil minou. C'est aussi le cas lorsqu'on décide de se promener à dos d'éléphants. Ne jamais oublier que pour "domestiquer" un éléphant, il y a de la maltraitance. Un éléphant, aussi mignon soit-il, est un animal sauvage avec du caractère. Il ressent les émotions dont la joie, l'attachement, la peur, le désespoir. Certains développement des troubles émotifs sévères lorsqu'ils sont maltraités à long terme. Le centre que l'on a choisi ne proposait donc pas de promenades à dos d'éléphant, mais nous permettait d'en apprendre plus sur la vie des pachydermes, de participer à leur alimentation quotidienne et à certains de leurs soins comme le bain dans la rivière. Nous pouvions approcher certains éléphants en particuliers, lesquels ne craignaient pas les Hommes. Nous avions des règles strictes quant à notre comportement face à l'animal. Ces règles permettent d'établir une relation de respect entre l'animal et nous. L'idée de recevoir les touristes dans un tel centre est principalement, outre la prévention aux abus, de financer l'alimentation des 70 éléphants, 250 chiens et innombrables buffles de l'endroit, de même que de permettre l'acquisition d'animaux maltraités, qui doivent malheureusement être rachetés au maître fautif, souvent une petite fortune. Pour la seule année 2015, 26 éléphants ont donc pu être recueillis.

La journée a été mémorable. Éric est tombé amoureux fou de ces énormes bêtes. Ça lui a fait un bien fou de passer tout ce temps avec les éléphants. Cette journée ne sera jamais oubliée.

Si vous venez en Thaïlande, je vous conseille ceci:
- Bien choisir son sanctuaire d'éléphants, et idéalement en choisir un qui ne permet pas les balades à dos d'élépant.
- S'assurer de la mission du centre choisi. L'idéologie de l'endroit doit être compatible avec vos valeurs en matière de protection des animaux.
- Ne pas fréquenter les sites qui offrent de prendre des photos avec des tigres adultes qui "dorment" ou sont "enchaînés". Il s'agit de pure maltraitance.

Même à la maison:
- Évitez de fréquenter les cirques mettant en vedettes des animaux dressés, pour ne pas encourager la violence animale.
- Si vous allez au Zoo, ça va, car les animaux y sont habituellement bien traités.
- Si vous achetez un chien, assurez-vous d'être capable de vous en occuper. N'achetez jamais un chien à un enfant qui en demande un sans mesurer préalablement l'impact de ce changement dans vos familles. L'abandon animal est quelque chose de trop facile, de nos jours.

Demain, nous partons très tôt faire une excursion au triangle d'or et en profiter pour visiter le temple blanc de Chiang Rai. La journée sera longue mais fabuleuse, j'en suis certaine. Je me couche donc maintenant, pour être capable de me lever demain. Éric roupille déjà comme un bébé.

Bonne nuit les cocos!

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire